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L'artiste et la ville en Hauts-de-France. Le cas du parcours d'art contemporain d'Amiens métropole.


par Julien Cossart
Université de Picardie Jules Verne - Master 2 Culture, Patrimoine et Innovations Numériques 2020
  

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4. La ville comme matériau tactile au sein de l'oeuvre

Si les précédents projets impliquaient la participation des habitants dans la réalisation d'une oeuvre, là n'est pas la démarche de Louis Clais. Une semaine avant le Parcours d'Art Contemporain, le plasticien créera l'oeuvre in situ, c'est-à-dire qu'elle sera construite à l'entrée du Musée de Picardie et restera à l'entrée du Musée de Picardie au cours de son exposition.

Dans sa dimension matérielle, l'oeuvre consistera en une cabane en bois recouverte de peinture. L'intérieur de cette cabane en bois verra des étagères sur lesquelles seront exposées des dessins de l'artiste et certaines de ses oeuvres imprimées; « des oeuvres imprimées », nous sommes bien là dans le monde de l'art contemporain. Louis Clais m'a aussi expliqué qu'il disposera, dans cette cabane, des choses qu'il aura récupéré mais aussi de choses dont il veut se séparer dans son atelier. Mais l'oeuvre ne s'arrête pas à sa dimension matérielle; l'interaction avec le visiteur, qui devient participant, est toute aussi importante et constitue elle aussi l'oeuvre. Le visiteur est ainsi incité à prendre un élément, et même trois, de l'installation.

L'oeuvre racontée par Louis Clais

« C'est une cabane en bois qui doit faire 3 mètres sur 2 et qui est ouverte, il y a pas de toit, et elle fait 1 mètre 90; si bien que, si quelqu'un est dans la cabane et qu'il est très grand, on voit un peu le sommet de son crâne qui dépasse de l'extérieur. C'est en bois mais c'est tout un travail de peinture, enfin ... Je peux dire que c'est une installation, je peux dire que c'est une sculpture mais je peux aussi dire que c'est une peinture. C'est une manière de peindre que j'aime beaucoup; qui

204 Entretien avec Rémi Fouquet

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est de recouvrir ... Je prends plusieurs pigments, souvent un peu irisés, et plusieurs qualités de vernis, et je mets des couches et des couches, et puis après j'en remets encore. [...] Et puis, à l'intérieur, des petites étagères et plein d'objets; certaines de mes oeuvres, qui sont en format papier et qui sont imprimées, des dessins que j'ai commencé, et puis des graines, des cailloux, des trucs que j'ai récupéré, beaucoup de choses qui sont dans mon atelier dont j'ai envie de me débarrasser. Il y a tout ces objets, et une porte, ouverte, avec une affiche, qui explique très bien que tu peux entrer dans la cabane, une personne à la fois, et tu peux prendre tout ce que tu veux dedans, mais à une condition, c'est que tu dois prendre 3 choses, tu dois choisir 3 choses, tu dois pas en prendre 4, ni 2, ni 1, tu dois en prendre 3 si tu veux prendre quelque chose. »205

La participation des visiteurs vient alors dans le fait d'entrer dans la cabane en bois et d'emporter quelque chose de l'oeuvre avec eux. L'oeuvre, comme une installation composée elle-même d'éléments variés, se répartira donc dans le domicile des visiteurs. Ces éléments, comme me l'expliquait le plasticien, pourront, sans que ce ne le soit indiqué, être des textes écrits sur la ville d'Amiens, des cailloux ramassés dans la ville, des plantes ou autres références qui seront faites à Amiens.

Si le lien avec la ville n'est pas explicite dans l'oeuvre de Louis Clais, la participation requise du visiteur, si ce dernier répond positivement à cette demande d'interaction, est aussi un propre de l'art contemporain. L'installation de Louis Clais est une oeuvre qui sollicite « la participation active du spectateur, par le toucher, qui permet à celui-ci de transgresser lui-même la limite sacralisée entre l'oeuvre et le monde »206. Loin d'un rapport sacré à l'art, du musée comme un espace où le visiteur ne peut qu'admirer, ou pas, une oeuvre par le seul sens de la vue, cette dernière incite ce même visiteur à l'emporter avec lui.

Pour terminer sur cette partie, « Faire de l'art ensemble », la frontière entre le monde ordinaire et le monde de l'art se dissout sous les propositions artistiques dans lesquelles les habitants participent à la réalisation de l'oeuvre et/ou rentrent en interaction avec cette dernière, par le toucher; rendant l'oeuvre « accessible ». Car c'est bien l'accessibilité de l'art contemporain qui est voulue; de la part d'Amiens Métropole dans le cadre du Parcours d'Art Contemporain mais aussi de la part des artistes qui défendent la vision d'un art contemporain proche des populations. « Il est probable aussi que, ce faisant, les artistes contemporains tentés par la politisation de leur positionnement aspirent à renouer le lien avec ce « peuple » dont l'art contemporain s'est de plus

205 Entretien avec Louis Clais

206 Heinich, N. (2014). Le paradigme de l'art contemporain. Structures d'une révolution artistique. Gallimard, p. 94.

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en plus coupé à mesure qu'il radicalisait ses ruptures avec le sens commun. »207 écrivait Nathalie Heinich. Dans la continuité des interventions des artistes dans l'espace public, l'art en commun, ou le « faire ensemble », inclut les participants dans le processus de création; l'artiste devenant alors un acteur au service de la démocratisation culturelle.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand