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L'artiste et la ville en Hauts-de-France. Le cas du parcours d'art contemporain d'Amiens métropole.


par Julien Cossart
Université de Picardie Jules Verne - Master 2 Culture, Patrimoine et Innovations Numériques 2020
  

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3. La ville comme espace de mobilité

En effet, le projet artistique D'ici on voit... de Rémi Fouquet commence aussi, en partie, avec les habitants d'une ville. D'ici on voit... est un projet qui a été pensé par le plasticien en 2018 et qui n'est pas exclusif à la ville d'Amiens; ainsi, si l'oeuvre se nommera D'ici on voit Amiens dans le cadre du Parcours d'Art Contemporain, le concept peut s'appliquer dans d'autres villes.

La démarche de Rémi Fouquet est la suivante. L'artiste s'intéresse à une ville, à son histoire, à ses quartiers et à leurs particularités. Il rencontre ensuite des habitants de la ville en question et, au cours d'entretiens, leur demande de se présenter, de présenter leur lieu d'habitation, les lieux qu'ils empruntent quotidiennement, les lieux qu'ils aiment et qu'ils détestent ou encore les lieux importants pour eux. A partir de ces données, Rémi Fouquet va établir un parcours qui prendra en compte les espaces de la ville dans lesquels les habitants passent souvent, un parcours dans lequel peuvent se reconnaître les personnes rencontrées. L'oeuvre, une installation, sera alors constituée d'une structure métallique, formant le parcours, sur laquelle des écrans montreront des vidéos prises sur ce même parcours et des empreintes reproduites en céramique.

D'ici on voit... raconté par Rémi Fouquet

« L'idée c'est de rencontrer les habitants d'un territoire et d'essayer de faire une cartographie, justement, de ce territoire; d'essayer de s'intéresser aux habitants, leur manière de vivre une ville. Est-ce qu'ils vivent uniquement dans leur quartier ? Quelles sont leurs habitudes ? Leurs déplacements ? A partir de ces récits, eux, ils vont me raconter leurs déplacements, ils vont me raconter des lieux et ils vont me raconter aussi pourquoi ils y vont; donc il y a une part d'intime, forcément, dans ces récits. Et moi, ce que je vais faire, c'est compiler toutes les cartes que je vais avoir, tout les déplacements, pour faire un seul parcours; un parcours, finalement, de rassemblement, le parcours où on peut retrouver un maximum de personnes interrogées. Donc, sur

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ce parcours, ensuite, moi, je vais le parcourir et je vais porter un regard à ce qu'il y a dans ce parcours. Alors, moi, je ne le connais pas à l'avance, ça fait partie du projet; c'est que là, aujourd'hui, j'ai pas de carte prédéfinie. Ensuite, c'est eux qui me donnent le parcours et, ensuite, j'essaie de réfléchir un petit peu et de penser à ce qui m'a été dit en amont, les récits de vie, les récits intimes, les éléments auxquels les personnes sont très sensibles. Moi, en fait, je vais les prendre en compte et je vais essayer, justement, de regarder ça aussi dans ce parcours et essayer d'y faire référence. Alors, ça va être soit en vidéo, parce que je vais faire des espèces de courtes vidéos, de petits films, un peu comme des petits chapitres sur différents lieux du parcours; et en même temps je vais faire aussi des empreintes. Alors, les empreintes, ça peut être du mobilier urbain, ça peut être l'écorce d'un arbre, ça peut être selon ce qui m'aura été dit dans les récits avec les habitants; et c'est aussi ce qui, moi aussi, m'intéresse et ce que je peux trouver intéressant dans le parcours. Donc, au final, ça aura la forme d'une installation où il y aura une structure métallique qui reprendra la forme du parcours; et, cette structure métallique, elle va être aussi le socle pour les empreintes de mobilier, etc, que j'aurai reproduit en céramique, et il y aura aussi des écrans sur la structure métallique. »201

C'est à travers l'intermédiaire de la presse, le Courrier Picard et le JDA pour être précis, et du Safran, qui a mis l'artiste en contact avec des associations, que le plasticien avait rencontré une quarantaine d'habitants au moment de notre entretien; des habitants de divers quartiers d'Amiens, car c'est bien la diversité qui revient dans sa recherche (« C'est aussi ça qui est intéressant. C'est de rencontrer des gens de quartiers différents, de milieux différents, d'origines différentes. J'ai vraiment essayé de trouver une diversité. »202). Des entretiens à la volonté de construire une cartographie de la ville à partir des déplacements de ces habitants, Rémi Fouquet porte un projet artistique qui pourrait relever des sciences sociales; cependant, l'artiste me confiait n'avoir aucune prétention à généraliser et que son travail, dépendant des personnes rencontrées, n'était en rien une vérité absolue. Pourtant, en créant une installation à partir de leurs déplacements, Rémi Fouquet questionne la mobilité des habitants dans leur ville, la mobilité géographique; d'autant que, en attribuant, comme il me l'avait expliqué, des particularités à des quartiers, la ville est conçue à travers un découpage, « une mosaïque d'espaces singuliers »203 pour reprendre un terme de Marion Ségaud.

201 Entretien avec Rémi Fouquet

202 Ibid.

203 Ségaud, M. (2010). Anthropologie de l'espace. Habiter, fonder, distribuer, transformer. Armand Colin, p. 158.

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Comme dans le cas de Violette Mortier, D'ici on voit... relève de l'art en commun dans la mesure où les habitants sont inclus dans le processus de création et, s'ils ne font pas l'oeuvre eux-mêmes, ils participent à sa réalisation et sont représentés de cette manière par l'oeuvre, l'oeuvre dépend d'eux et pas que du plasticien (« La participation elle vient à la fois sur la création du parcours et elle vient aussi, en partie, sur ce que je vais montrer; pas totalement mais en partie. C'est eux, c'est les habitants, qui sont la voix du projet et de ce que je vais montrer. Sans les habitants, je peux rien faire. »204). Dans la continuité de cette participation des habitants de la ville d'Amiens, la structure métallique qui composera l'installation sera réalisée par une classe de métallerie du lycée de l'Acheuléen. L'installation D'ici on voit Amiens sera exposée au Safran.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault