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L'artiste et la ville en Hauts-de-France. Le cas du parcours d'art contemporain d'Amiens métropole.


par Julien Cossart
Université de Picardie Jules Verne - Master 2 Culture, Patrimoine et Innovations Numériques 2020
  

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2. La ville pour questionner l'identité

Si je parle des interventions des artistes au cours du Parcours d'Art Contemporain, n'oublions pas que ce sont les oeuvres présentées qui doivent avoir une démarche participative, en incluant les habitants dans la réalisation d'un projet artistique, ou porter un propos sur la ville, un rapport avec le territoire.

Le projet de Violette Mortier s'inscrit dans la démarche participative dans la mesure où ce dernier commence avec des rencontres entre la photographe et des habitants de la ville d'Amiens. Avant même le moment de la rencontre, Violette Mortier laisse l'habitant choisir le lieu de l'entretien, pour qu'il puisse se sentir à l'aise mais aussi pour saisir un lieu qui peut être important pour la personne (« La dernière fois c'était au parc Saint-Pierre, parce qu'il vient ici lire tout les jours, ou alors il vient écrire. Et ça devient hyper intéressant de s'investir et de s'inscrire dans un lieu qui leur est cher, qui est pas forcément celui où ils se sentent chez eux mais c'est un premier pas. »197). Elle photographie alors ces lieux, là où se déroulent les entretiens, pour, potentiellement, les utiliser comme support, comme trame pour une oeuvre. A cette trame, se superposerait des éléments de la vie de l'habitant; des éléments relevant de la vie quotidienne, d'une habitude. Ces éléments de vie deviendront alors une partie de l'oeuvre de Violette Mortier (« L'idée ce serait de récolter aussi, dans leur discours, leur récit de vie, des formes plus concrètes auxquelles on donnera le statut de reliques. Mais, vraiment, moi j'ai un côté où ... J'ai un souvenir où ma mère, à

196 Entretien avec Violette Mortier

197 Ibid.

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chaque fois qu'elle est au téléphone, elle gribouille la même chose; et, en fait, je me suis rendue compte que ça traduit aussi d'une histoire, même si elle se rend pas compte, ça traduit d'une mémoire qui est ancrée et qui ressort dans des petits moments comme ça où l'esprit rentre pas forcément en compte. Et, du coup, c'est de récupérer ces bribes de vie un petit peu, même une liste de courses tu vois. Des fois tu vas avoir un gribouillage, où t'écriras toujours la même chose, et quand tu lui donnes le statut de ... Tu l'agrandis, ça change d'état quoi; c'est hyper intéressant. »198). L'oeuvre sera donc une composition de textes, de dessins, d'images, de photographies; une composition réalisée à partir de ces rencontres avec les habitants. Elle sera exposée au Centre Culturel Léo Lagrange ainsi que dans la salle Picasso à Longueau; anciennement Espace Culturel Picasso qui s'est uni avec l'Espace Culturel Antoine de Saint-Exupéry de Glisy pour devenir Le Trait d'Union, une scène culturelle.

Le questionnement, ici, porte sur l'identité et le territoire dans la mesure où, à travers sa rencontre avec des habitants, Violette Mortier les renvoie à leur manière de se créer un chez-soi, leur manière de s'ancrer quelque part. « C'est vraiment l'idée que ton identité dépend du territoire où tu es et où tu t'ancres. Et la quête d'un chez-soi c'est une question qui est hyper présente quand, par exemple, t'as été déraciné ou quand t'es issu, que ça soit de troisième génération, d'une colonisation plus ou moins lointaine, sans forcément m'arrêter sur des questions de personnes racisées ou pas, vraiment, ça peut être très lointain ou, même, pas l'être. »199 Cette quête d'un chez-soi s'inscrit donc dans un espace, un « territoire » qui serait le socle de l'identité; le chez-soi, définie par l'artiste, serait là où on se sent bien. La mémoire est aussi un terme qui est revenu de cet entretien; notamment la mémoire liée à l'histoire de l'individu, l'histoire de sa famille. Le chez-soi est-il uniquement le territoire sur lequel nous nous inscrivons ?

Cette recherche, cette thématique, est à recontextualiser avec l'histoire personnelle de la photographe. Violette Mortier me confiait que, à partir de la pratique de la photographie, c'est son propre chez-elle qu'elle questionnait; l'endroit où elle se sent bien. Cette quête passe aussi par la question de la provenance et Violette Mortier me parlait de sa grand-mère qui est arrivée du Vietnam, ou de l'Indochine française à ce moment là, quand elle avait 10 ans. L'artiste a alors un sentiment d'apatride et ne se définit pas par rapport à sa nationalité (« C'est très difficile pour moi de me définir en fonction de mon territoire; c'est pour ça aussi que je questionne ça. C'est parce que, à travers leur récit de vie, c'est aussi une introspection identitaire pour moi. »200). Si l'identité peut reposer sur le territoire sur lequel nous nous inscrivons, ce dernier peut aussi ne pas nous

198 Entretien avec Violette Mortier

199 Ibid.

200 Ibid.

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définir en tant qu'individu; la quête d'un chez-soi n'est pas tant notre inscription dans un espace donné qu'un lien que nous créons avec ce territoire.

Partant d'éléments donnés par les habitants d'Amiens pour réaliser une oeuvre et questionnant l'articulation entre l'identité et le territoire, le projet artistique de Violette Mortier s'inscrit bien dans la thématique du Parcours d'Art Contemporain; mais il n'est pas le seul à se construire sur le vécu des habitants.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo