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Pratiques de la gestion de trésorerie par les PME au Maroc.


par SaàƒÂ¯d EL MOUSSAFIR
Faculté des Sciences de Gestion ISIAM Universiapolis Agadir - Master finance contrôle de gestion 2020
  

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2. Rôle du BFR dans l'analyse de l'équilibre financier :

Le choix d'une politique d'équilibrage financier correspond à celui d'un niveau de risque envisagé par l'entreprise. Une situation de trésorerie ne se subit pas forcément : l'entreprise peut faire des choix de politique financière qui influenceront le risque de liquidité pris. L'entreprise cherchera à clôturer son exercice au moment où son BFR conjoncturel est au plus bas afin de présenter aux tiers une situation bilancielle favorable au regard du BFR à financer.

Pour ce faire trois scénarios sont possibles. Chaque scénario correspond à une politique financière qui passe par le choix d'une fixation du FR en fonction du BFR conjoncturel à financer. Cette politique implique une plus ou moins grande prise de risque financier de liquidité :

· Première politique : Fixer le FR au niveau du BFR maximum

Cette politique reflète une aversion relativement forte pour le risque de liquidité : le solde de trésorerie est supposé n'être jamais négatif. Il ne peut au minimum, qu'être nul (cas dans lequel le fonds de roulement devient égal au BFR maximum). Les financements de court terme s'avèrent donc inutiles. L'entreprise présente une forte autonomie financière de court terme et donc une faible dépendance quotidienne vis- à-vis de ses banques.

Par contre, une bonne gestion de trésorerie passera par des recours à des placements financiers (blocages de trésorerie) à court terme, afin d'investir au meilleur taux, les excédents de trésorerie qui résulteraient de l'adoption d'une telle politique.

Néanmoins, les coûts d'une telle politique sont loin d'être négligeables en termes de besoins en capitaux permanents nécessaires pour alimenter le fonds de roulement important qu'impose ce choix. Par conséquent, les ressources ainsi mobilisées et même placées pourraient être utilisées à des emplois plus rentables, notamment dans des investissements.

Cette politique peut être choisie par des entreprises qui ont un accès privilégié en termes de coût et de volume aux capitaux permanents : ceci est souvent le cas des grandes entreprises cotées ou encore les holdings. Ces derniers optant généralement pour un mode de croissance externe passant par des prises de participation et des rachats de sociétés, ont spécialement

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besoin d'une forte autonomie financière vis-à-vis des banques pour mener à bien leur stratégie de développement. Cependant, des tensions quotidiennes de trésorerie entraveraient probablement leurs décisions stratégiques.

Cette politique est également particulièrement rentable lorsque le coût de mobilisation des capitaux permanents est inférieur à celui des concours bancaires à court terme.

· Deuxième politique : Fixer le fonds de roulement au niveau du BFR minimum

Cette politique est à l'opposé de la précédente. Elle représente le choix, souvent contraint, de nombreuses sociétés pour lesquelles on constate une insuffisance de capitaux à long terme, telles que certaines PME, ou des entreprises en création ou encore en phase de lancement sur le marché, qui ont un mode de croissance très rapide, de mobiliser des besoins de financement importants à la fois dans les investissements et dans le BFR généré par une activité en hausse permanente.

Si l'exigence en capitaux permanents est ici moins importante que dans le cas précédent, le niveau de risque financier de liquidité généré est lui par contre, très important, puisque le bouclage du bilan se fait généralement par recours systématique aux concours bancaires à court terme (exemple : découvert bancaire, escompte, affacturage, etc. En effet, dans ce cas, le BFR conjoncturel excède toujours le fonds de roulement mobilisé, à l'exception de la période de clôture de l'exercice.

L'entreprise n'a aucune autonomie financière à court terme. Son équilibre financier ultime est assuré par les concours quotidiens de ses banquiers. Dès lors, sa pérennité est totalement liée au bon vouloir de ses banquiers qui peuvent à tout moment lui retirer leur confiance étant donné la forte exigibilité des fonds prêtés.

Les fonds apportés permettant l'équilibrage financier vont provenir des :

- Crédits accordés en contrepartie d'existence à l'actif de créances d'exploitation (ex : escompte...) ;

- Crédits accordés à l'entreprise sans contrepartie à l'actif, de créances d'exploitation (ex : découvert, crédit spot...).

Il peut être rentable de choisir une telle politique lorsque le coût des dettes financières à court terme est inférieur à celui des capitaux à long terme.

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Troisième politique : Fixer le fonds de roulement au niveau d'un BFR moyen, type BFR moyen

Cette politique pourrait être présentée comme la solution optimale recommandée. On retient ici une solution intermédiaire. A certaines périodes de l'année, compte tenu de la saisonnalité de l'activité ; l'entreprise utilise des crédits de trésorerie pour assurer l'équilibre financier du bilan ; son fonds de roulement devient alors inférieur à son BFR conjoncturel. A d'autres périodes, l'entreprise dégagera des excédents de trésorerie qui pourront faire l'objet de placements financiers ; son fonds de roulement devenant alors supérieur à son BFR conjoncturel.

Le coût d'une telle politique est plus modéré que celui de la première politique présentée car les capitaux permanents les plus onéreux ne sont pas systématiquement utilisés. Alors que le risque de liquidité est également plus faible que dans la deuxième politique et la dépendance de l'entreprise à l'égard de ses banquiers n'est plus permanente.

L'entreprise gagne donc en autonomie financière à court terme ce qui accroît éventuellement son pouvoir de négociation en matière de conditions bancaires. De plus, l'entreprise pourra alterner des périodes d'excédents de trésorerie dont le placement assurera des produits financiers, avec des périodes de déficits de trésorerie dont le financement générera des charges financières en partie compensées par les produits financiers antérieurs.

Finalement, quel que soit le cas retenu, les moyens d'action pour restaurer l'équilibre financier menacé d'une entreprise, sont au nombre de deux, chacun n'étant pas exempt de risques. Parmi les actions adoptées dans cette politique on trouve :

Actions de haut de bilan visant à augmenter le fonds de roulement :

- Augmentation de capital avec un risque lié à la stabilité de l'actionnariat actuel.

- Augmentation de l'autofinancement avec le risque de devoir diminuer les versements de dividendes et donc de générer le mécontentement des actionnaires surtout les plus financiers d'entre eux.

- Augmentation des emprunts à moyen et long terme, avec cette fois le risque d'augmenter les charges financières de l'entreprise et de diminuer son autonomie financière.

- Diminution de l'actif immobilisé pouvant entraîner un vieillissement voire un appauvrissement de l'appareil de production.

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Actions de bas de bilan visant à diminuer le besoin en fonds de roulement :

- Diminution des volumes de stocks par une gestion en flux tendus ou « juste à temps ».

Cette politique est souvent dangereuse en cas de rupture d'approvisionnement.

- Diminution du crédit clients au risque de mécontenter ces derniers.

- Augmentation du délai fournisseurs au risque également de générer leur mécontentement (hausse des prix, baisse de la qualité, rupture de contrat...).

Pour conclure cette partie on peut dire qu'aucune politique d'équilibre financier n'est considérée comme étant une théorie optimale. Chaque cas nécessite donc une analyse détaillée des cycles d'investissements et d'activité de l'entreprise étudiée et gérée. De plus, le choix ultime de l'entreprise lorsque celui-ci n'est pas subi à défaut de pouvoir être anticipé, se fait souvent sous contrainte de pouvoir mobiliser les ressources suffisantes pour mettre en oeuvre la politique financière choisie.

Le facteur de risque essentiel à nos yeux reste l'insolvabilité potentielle d'une entreprise incapable de gérer son BFR conjoncturel et qui à terme, serait contrainte de déposer son bilan voire de cesser son activité alors que celle-ci est globalement rentable en matière de marges industrielle et commerciale.

Les approches que nous venons de voir ont l'inconvénient majeur de reposer sur l'analyse statique du bilan patrimonial et comptable de l'entreprise. Or, ce document annuel a donc une périodicité réduite, nuisible à une analyse pertinente d'une trésorerie qui se génère et se dégénère quotidiennement.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"