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Pratiques de la gestion de trésorerie par les PME au Maroc.


par SaàƒÂ¯d EL MOUSSAFIR
Faculté des Sciences de Gestion ISIAM Universiapolis Agadir - Master finance contrôle de gestion 2020
  

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Section 4 : Optimisation de la trésorerie et réduction des coûts

L'optimisation de la trésorerie est l'objectif du trésorier, dans la mesure où l'objectif prioritaire d'un service de trésorerie consiste à minimiser les frais financiers et à maximiser les produits financiers. Certaines entreprises considèrent le service de trésorerie comme un centre de profits qui doit contribuer à augmenter la rentabilité globale de l'entreprise, c'est-à-dire essentiellement la rentabilité financière. La performance de la gestion de trésorerie et par conséquent celle du trésorier reposent donc nécessairement sur une optimisation des flux. Fondamentalement, cette optimisation s'opère déjà en amont de la trésorerie, avec le souci permanent de gérer au mieux les différentes variables constitutives du besoin en fonds de roulement de l'entreprise, à savoir les stocks, les créances clients et les crédits fournisseurs. Même si certains trésoriers se posent la question de savoir à qui appartient le besoin en fonds de roulement dans la mesure où la politique des achats et des ventes, et la gestion des stocks sont réalisées par d'autres responsables dans l'entreprise, ils doivent les sensibiliser aux conséquences de leurs décisions en matière de crédits et de délais accordés, par exemple, sur la trésorerie de l'entreprise.

Néanmoins, l'optimisation doit également se réaliser en aval, dans la mesure où l'objectif idéal à atteindre en gestion de trésorerie est la trésorerie zéro (minimisation des frais financiers). L'organisation de la gestion des comptes en banque, le choix des modes de paiement, l'arbitrage entre les modes de financement et de placement doivent donc faire l'objet d'une attention particulière de la part du trésorier et constituer les moyens traditionnels de l'optimisation de la trésorerie d'une entreprise.

Nous citons les auteurs Francisco Salas-Molina, David Pla-Santamaria et Juan A. Rodriguez-Aguilar (2016), qui affirment que l'objectif principal de la gestion de la trésorerie d'une entreprise est l'optimisation des coûts des politiques de trésorerie à court terme. Dans la littérature existante, le point a été mis sur l'importance de la réduction des coûts et plusieurs chercheurs ont suggéré de nombreux modèles différents d'optimisation de la trésorerie. Toutefois, ces politiques de gestion de la trésorerie présentent souvent des risques que les gestionnaires de trésorerie doivent identifier et contrôler. Ils doivent également adopter les meilleures politiques en termes de coûts et de risques, en prenant en considération leur niveau de tolérance aux risques.

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La gestion des flux de trésorerie concerne les investissements à court terme ainsi que l'utilisation efficace de la trésorerie. Dans ce contexte, la prise de décision de la part des gestionnaires de trésorerie se concentre sur le maintien de l'équilibre entre ce que l'entreprise détient en espèces et ce qui a été placé à court terme (tels que les comptes de dépôt ou les bons du Trésor), et ceci a pour effet d'augmenter ou diminuer le niveau de trésorerie. Le problème de gestion de trésorerie d'entreprise (Corporate Cash Management Problem : CMP) traite généralement deux types d'actifs, à savoir le solde de trésorerie et les actifs à court terme, tels que les titres négociables.

Le contrôle des soldes de trésorerie implique généralement l'utilisation d'un ensemble de bornes ou de limites de contrôle qui, une fois atteintes, déclenchent une transaction (c'est-à-dire un mouvement de trésorerie) pour rétablir l'équilibre à un niveau cible préalablement fixé par l'entreprise. Ces transactions planifiées sur un horizon temporel futur donné constituent la politique de gestion de la trésorerie.

Plusieurs modèles de gestion de la trésorerie ont été proposés pour contrôler les soldes de trésorerie de manière efficace. Il existe dans la littérature une revue complète de ces modèles, des premières propositions aux contributions les plus récentes. On cite notamment Gregory (1976), Srinivasan et Kim (1986) et da Costa Moraes et al. (2015). Le CMP a d'abord été proposé par Baumol (1952) et plus tard, Miller et Orr (1966) ont affirmé que les changements de solde de trésorerie des entreprises sont totalement aléatoires.

De nombreux autres modèles ont été développés par la suite, chacun se concentrant sur une dimension précise du problème. A titre d'exemple, Girgis (1968) a travaillé sur les flux continuels nets de trésorerie, qui engendrent à la fois des coûts de transaction fixes et linéaires. Eppen et Fama (1969) quant à eux, se sont concentrés sur les flux de trésorerie avec seulement des coûts de transaction variables.

L'utilisation des prévisions dans la gestion de la trésorerie des entreprises a été introduite pour la première fois par Stone (1972) comme étant un moyen de lisser les flux de trésorerie. Plus récemment, Gormley et Meade (2007) ont souligné l'importance d'établir des prévisions de flux de trésorerie dans le cadre du problème de gestion de la trésorerie.

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Cependant, l'accent n'a été mis que sur la réduction des coûts. Etant donné que le CMP peut également être considéré comme un problème de prise de décision séquentielle prenant en compte les soldes de trésorerie et les transactions effectuées par l'entreprise, cela conduit à une approche plus dynamique de programmation, initialement proposée par Eppen et Fama (1969), Neave (1970), Penttinen (1991), Chen et Simchi-Levi (2009) et enfin Melo et Bilich (2013). Pour résoudre le CMP, d'autres stratégies de gestion de la trésorerie ont été avancées, telles que les techniques de contrôle des impulsions (impulse control techniques) de Baccarine (2009), ainsi que les modèles évolutifs élaborés par da Costa Moraes et Nagano (2014).

Notons que les caractéristiques des flux de trésorerie (soldes de trésorerie) sont une dimension importante du CMP. En ce sens, les représentations des flux de trésorerie utilisées dans la littérature vont des plus déterministes (Baumol, 1952) aux plus incertaines (Miller et Orr, 1966). La distribution gaussienne de probabilité des flux de trésorerie est la plus utilisée dans la littérature, sous la forme d'un Processus de Wiener (Baccarine 2009 ; Constantinides et Richard 1978 ; Premachandra, 2004). Cependant, Penttinen (1991) envisage une distribution exponentielle double.

D'un point de vue pratique, plusieurs problèmes se posent lorsqu'il s'agit des véritables problèmes de gestion du cash. D'abord, les données relatives aux flux de trésorerie réels peuvent ne pas correspondre à une distribution de probabilité qui est théorique. Cette situation oblige les gestionnaires de trésorerie à trouver des moyens alternatifs pour sélectionner les meilleurs politiques de gestion de la trésorerie (par exemple, en utilisant la technique de la simulation). Ensuite, l'accent est généralement mis sur un seul objectif, à savoir le coût. Mais selon Zopounidis (1999), la gestion de la trésorerie et la prise de décisions organisationnelles sont deux concepts qui ne sont pas nécessairement corrélés dans la littérature financière.

Cependant, l'analyse des risques liés aux politiques de gestion de trésorerie est nécessaire si l'entreprise veut éviter le découvert. Ce type d'analyse est largement utilisé dans la sélection de portefeuilles, lorsque les investisseurs attendent des rendements élevés avec de faibles variations (fluctuations). On cite ici Markowitz (1952), Ballestero et Romero (1998), Ballestero et Pla Santamaria (2004), Steuer et al. (2007), etc.

Le niveau de tolérance aux risques est également un élément important que les dirigeants doivent considérer. Dans ce sens, Ballestero (1998) propose plusieurs techniques pour

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maximiser l'utilité (c'est-à-dire arriver à une utilité optimale) en tenant compte du niveau de tolérance aux risques des gestionnaires. Cependant, la conception de modèles de gestion de la trésorerie qui analysent à la fois les coûts et les risques et qui prennent en considération le niveau de tolérance aux risques des gestionnaires de trésorerie, reste encore un point plutôt inexploré. Donc il est primordial d'effectuer une analyse des coûts et des risques, en minimisant ces deux contraintes à l'aide de politiques de gestion efficaces et pertinentes afin de gérer la trésorerie de façon optimale. D'où la nécessité de prendre en compte l'appétence aux risques des gestionnaires, ainsi que les différentes distributions de probabilité des flux de trésorerie.

Le principal objectif de la gestion de la trésorerie est de maintenir le montant de liquidités disponibles dans la trésorerie au niveau le plus faible possible, tout en continuant d'opérer efficacement. Les entreprises peuvent placer des liquidités inutilisées à court terme, comme le suggèrent Ross et al. (2002). Alors le problème de la gestion de la trésorerie peut être considéré comme étant un compromis entre les coûts de la détention et ceux de la transaction. Les coûts de détention correspondent généralement à des coûts d'opportunité, puisque la trésorerie inutilisée (oisive) pourrait être allouée à des investissements alternatifs. Disposer de trop de liquidités est donc inefficace, mais en détenir trop peu pourrait entraîner des coûts élevés engendrés par une trésorerie insuffisante. Pour ce qui est des coûts de transaction, ils sont associés aux mouvements de trésorerie, depuis / vers un compte de trésorerie vers / depuis tout autre actif à court terme disponible (par exemple, les bons du Trésor ou les titres négociables).

En résumé, si une entreprise veut maintenir le solde de trésorerie à un niveau trop bas, le coût de détention sera réduit mais l'insuffisance de trésorerie va la forcer à vendre les titres négociables disponibles, ce qui va augmenter les coûts de transaction. En revanche, si le solde est trop élevé, de faibles coûts de négociation seront générés en raison des flux de trésorerie imprévus, mais l'entreprise supportera des frais de détention élevés car aucun intérêt n'est perçu sur le cash. Ainsi, il existe un solde de trésorerie cible que l'entreprise doit déterminer.

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En résumé, la fonction de gestionnaire de trésorerie ou de cash manager est souvent considérée comme le centre financier névralgique de l'entreprise ou du groupe, dans la mesure où elle reçoit des flux d'information de toutes les autres fonctions de l'entreprise et qu'elle émet à son tour des flux monétaires et financiers générateurs de gains ou d'économies parfois substantiels.

Récemment, l'évolution de la fonction a été tellement importante qu'on en vient même à parler d'ingénierie de la trésorerie quand il s'agit de mettre en place des systèmes centralisés de gestion de trésorerie dans les sociétés ou les groupes de sociétés. Cette affirmation est renforcée par la nécessaire autonomie financière qu'exige un mode de développement par croissance externe.

Au terme de ce chapitre, nous avons vu que la mission essentielle du trésorier est d'assurer la liquidité à l'entreprise et aborder les aspects concernant la trésorerie et l'équilibre financier ; cela revient à dire que le trésorier doit assurer entre autres l'équilibre financier par la maîtrise des flux financiers pour garantir la solvabilité de l'entreprise.

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Hypothèses de travail

Après avoir détaillé la partie théorique de notre mémoire, nous passons à présent à l'émission de nos hypothèses de recherche, que nous allons confirmer ou réfuter sur la base des résultats des questionnaires administrés. Nos hypothèses sont au nombre de quatre, comme suit :

1. La taille :

La taille des entreprises est un indice utilisé pour déterminer le poids de ces dernières sur le marché ou le secteur d'activité. Cependant, cet indice ne peut pas être utilisé comme facteur pour juger la performance de la gestion de trésorerie, d'une entité à une autre. Celle-ci dépend de la qualité du responsable qui la gère, la manière dont il la gère ainsi que la détention d'une bonne stratégie dans le même but.

H1 : La taille des entreprises est indépendante de la gestion de trésorerie.

2. Les opportunités de croissance :

Les dirigeants d'entreprises ayant le moins d'opportunités d'investissement vont accumuler le plus de cash pour bénéficier des avantages du pouvoir discrétionnaire (T. T. Opler et al, 1999). Cela signifie que l'existence d'opportunités de croissance pousse les entreprises à faire plus d'effort pour saisir ces d'opportunités.

H2 : Les opportunités de croissance sont positivement corrélées avec la gestion de trésorerie.

3. La dette :

Le dirigeant est contraint de faire face aux remboursements réguliers et d'être plus performant. M.A. Ferreira et A. Vilela (2004) ont trouvé que la firme qui compte plus sur les prêts bancaires, en tant que source majeure de financement, subit plus des coûts d'agence et d'asymétrie d'information associés à l'utilisation de la liquidité pour le financement de ses activités. De plus, les PME évitent toujours d'effectuer des emprunts car elles ne sont pas capables de subir les coûts d'agence liés à ces derniers, et ceci rentre dans le cadre d'une bonne gestion de leur trésorerie.

H3 : La contraction des emprunts bancaires est négativement corrélée avec la gestion de trésorerie.

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4. La probabilité de détresse financière :

Selon M. Jensen (1986), la présence de probabilité de détresse financière au sein de l'entreprise réduit le coût d'agence. En effet, cette probabilité va pousser les dirigeants à être plus disciplinés et à adopter les meilleures pratiques de gestion de la trésorerie.

H4 : La probabilité de détresse financière est positivement corrélée avec la gestion de trésorerie.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery