Cette théorie est étroitement liée
à la théorie d'agence de Jensen et Meckling (1976), qui a
été incorporée à la théorie
financière émise par Modigliani et Miller. Toute entreprise est
selon Jensen et Meckling, une multitude d'agents qui ont des buts divergents
(parfois même conflictuels) avec un niveau d'information qui
diffère d'un agent à un autre. La relation d'agence est
définie par les deux chercheurs comme étant un contrat qui
implique la délégation dans la prise de décisions. Ces
dernières ne sont pas observables par les actionnaires de l'entreprise,
qui ne disposent que d'informations partielles sur les agissements des
dirigeants.
Nous citons principalement les décisions de
sous-investissement et de substitution, qui sont à la base de
l'engagement contractuel entre différents agents. La théorie
d'agence suppose que tout individu a tendance à tout faire pour
maximiser son propre intérêt, avant l'intérêt
général. Les actionnaires responsabilisent les dirigeants quant
à la maximisation de la richesse, la valeur
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et la performance de l'entreprise. Mais les dirigeants peuvent
prendre des décisions sans en informer les actionnaires (pour maximiser
leur propre utilité), et c'est le principe même de
l'asymétrie d'informations.
D'après la théorie du Free Cash-Flow, les
actifs liquides qui constituent la trésorerie peuvent être
utilisés par les dirigeants, sans que les actionnaires ne soient au
courant. Donc ils peuvent facilement accumuler des réserves de
trésorerie, pour renforcer leur pouvoir discrétionnaire au sein
de l'organisation.
La recherche des déterminants de la détention
de liquidité corporative a fait l'objet de plusieurs études et
travaux, et ce sur différents marchés mondiaux notamment dans les
pays développés qui se distinguent par une gouvernance
d'entreprise plus marquée :
· Marché américain (C. Kim et al. 1998 ;
T. T. Opler et al. 1999 ; T.W. Bates et al. 2009 ; R. D'Mello et al. 2007 ; J.
Harford et al., 2008)
· Marché turc (A. Uyar and C. Kuzey, 2014)
· Marché singapourien (Y. Kusnadi, 2005)
· Marché espagnol (P.J. Teruel-Garcia et P.
Martinez-Solano, 2008)
· Marché pakistanais (T. Afza et Sh.M. Adnan,
2007)
· Marché suisse (W. Drobetz et M.C. Gruninger,
2007 ; E. Jani et al., 2004)
· Marché belge (M. Deloof, 2001)
· Marché italien (M. Bigelli et J. Sanchez-Vidal,
2012)
· Marché japonais (L. Pinkowitz et R. Williamson,
2001 ; J. Kim et al., 2011)
· Marché britannique (A. Ozkan et N. Ozkan, 2004
; B. Al-Najjar and Y. Belghitar, 2011)
Bien que la question sur les déterminants de cette
détention de liquidités a fait l'objet de plusieurs études
dans les pays développés, rares sont les études qui ont
été menées dans les pays en voie de développement.
Contrairement aux pays développés, les pays en voie de
développement sont caractérisés par un environnement peu
transparent et une faible gouvernance d'entreprise.