B-Un milieu disciplinaire :
Même en prenant pour acquis que la base
d'intérêts communs est beaucoup plus grande que les
matières à divergence, il demeure néanmoins que
l'organisation est un milieu disciplinaire. Certes, on conviendra que le
fonctionnement de toute organisation requiert un minimum de règles et de
procédures à respecter. Sans ce minimum, l'anarchie est totale.
Ceci dit la présence de ces règles et de l'autorité
disciplinaire pour les faire respecter ne peut que donner naissance, à
l'occasion, à des situations conflictuelles. Le bien-fondé
organisationnel d'une règle peut, en effet, aller à l'encontre
des intérêts, du bien-être voire même du caprice d'un
individu ou d'un exemple d'employés.
C-Une composante biologique :
Au-delà de ces perspectives, certains
prétendent que le conflit est inscrit dans les règles
biologiques ; Selon les tenants de cette pensée, il existerait dans
la nature humaine en certain déterminisme à rechercher la
domination dans les situationssociales. Il va sans dire qu'en fonction de cette
théorie, l'entreprise est l'endroit tout désigné pour
reproduire ces comportements de domination où,selon les lois de Darwin,
les plus aptes survivent et gagnent. Le conflit ne peut donc qu'être
présent ici aussi.
D-Des ressources limitées dans un nouvel
état de l'économie:
Que l'on croit ou non à la théorie
précédente, force est de constater que les ressources
limitées ou rares dans le monde économique et donc dans les
entreprises créent des conditions favorables au conflit. Même si
le conflit n'était pas inscrit dans le code génétique, le
fait qu'il y a que des ressources limitées à partager ne peut
qu'en occasionner. En ce sens, on est porté à croire que les
nouvelles données de l'économie mondiale avec une concurrence
plus vive et davantage mondialisée créent un terrain encore plus
propice à leur éclosion.
En effet, les situations sociales sont toujours des situations
d'échange. Les individus qui y sont impliqués y apportent une
contribution et en attendent une rétribution en des termes quelconques :
matériels, satisfaction, statut ou autre.
De plus, quand dans les entreprises, dans un climat
économique différent et plus favorable, l'on pouvait assez
généralement considérer qu'il y en avait un peu pour tout
le monde ou du moins, quand on avait l'impression qu'il y en avait pour tous,
les raisons de conflits étaient apparemment moins vivaces. A
l'apparition de tout évènement perturbateur, l'on pouvait plus
facilement acheter la paix sociale dans l'entreprise. Chacun pouvait partir
avec une petite concession. Les entreprises se permettaient davantage de
supporter le « bois mort ». Il y avait moins lieu de se battre pour
des ressources abondantes ou moins limitées. Mais il n'en va plus ainsi.
Les règles ont changé. Pensons simplement et d'une façon
symbolique aux budgets. Voilà dans les entreprises de belles occasions
de conflit !
Et pensons encore, comme conséquence de ces nouvelles
conditions économiques aux trop nombreuses mises à pied et vagues
de licenciements. Quand, tant dans le secteur gouvernemental maintenant que
dans les entreprises privées, on licencie des milliers et des milliers
de travailleurs, on ne le fait pas sans créer deconflits majeurs.
L'ouvrier, le col blanc ou la professionnelle ont beau comprendre enprincipe le
bien-fondé des gestes posés, il n'en demeure pas moins que, sauf
exception,leurs intérêts immédiats et vitaux sont
frustrés. Et que dire aussi de ceux qui restent ? Le mot d'ordre est
lancé aux survivants :
En faire plus avec moins. Dans ce climat, le niveau de tension
générale augmente et les germes de conflits apparaissent encore
plus nombreux. Quand, la charge de travail devient plus lourde, quand les
ressources matérielles se raréfient, quand de surcroît,
comme c'est souvent le cas, les employés se sentent en
compétition les uns avec les autres pour les postes restants, on peut
comprendre qu'il y ait beaucoup plus de conflits latents ou ouverts.
|