Introduction
« Janvier 1954 -- Cité des Coquelicots,
Neuilly sur Marne- Un bébé, logé avec ses parents " en
dépannage " dans une vieille carcasse d'autobus, meurt d'hypothermie :
Il n'a pas résisté au froid rigoureux de cet hiver. » A la
suite de cet évènement tragique, l'Abbé Pierre
écrivit une lettre au ministre de la reconstruction pour provoquer une
réaction des pouvoirs publics et débloquer des crédits. Ce
fut alors le début d'une campagne médiatique en faveur des
sans-abri et des mal-logés. Campagne qui continue de nos
jours.
La notion d'habitat a évolué ces
dernières décennies et a pris une place de plus en plus
importante dans notre société. Habiter c'est bien plus que se
loger. Ce n'est pas seulement disposer d'un toit ou d'un logement. L'habitat
met l'habitant au coeur de la cité des hommes
et lui permet de s'intégrer. Habiter c'est
également investir un lieu, pouvoir vivre pleinement dans un plein
épanouissement et un réel bien-être.
La notion de santé a également atteint
cette nouvelle dimension grâce à une prise en compte globale de la
santé et au progrès de la médecine. Selon l'Organisation
Mondiale de la Santé : « la santé est un état de
bien-être complet à la fois physique, mental et social, et ne
consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».
Bien se porter ne suffit plus. On ne se préoccupe désormais plus
seulement des malades. On s'intéresse également aux biens
portants qui pourraient devenir malades. « On veut légitimement
pouvoir mieux vivre, et même si l'on ose dire, mourir guéri »
comme l'annonce Georges Cavallier, Président de la
Fédération des Programmes d'Action Contre les Taudis. Le concept
de santé a donc largement dépassé les modes de vie sains
pour viser le bien-être de tous.
L'évolution de ces deux notions résulte
d'une même volonté universelle de consacrer les droits de tout
homme à des conditions de vie satisfaisantes et dignes. Depuis plusieurs
années, on tend de plus en plus à reconnaître les liens
qu'ils existent entre ces deux notions. Il est en effet certain que le logement
permet à chacun de se fixer des repères. Repères qui
structurent tout individu et lui permettent de se protéger des
agressions extérieures et de préserver son intimité. Il
permet également de lutter contre l'exclusion sociale.
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Cependant, certaines conditions de logement sont
à l'évidence pathogènes. Ces conditions ne sont pas
toujours faciles à apprécier et à évaluer. Elles
sont aujourd'hui pour la plupart maîtrisables, même si de nouveaux
champs d'investigations sont apparus depuis l'hygiénisme du
siècle passé.
Ainsi, il est clairement reconnu qu'un logement doit
intégrer plusieurs dimensions afin de garantir le bien-être et
l'épanouissement de ses occupants :
- Il doit être accessible physiquement en
permanence et en toute sécurité
- Il doit promouvoir la stabilité et
l'équilibre psychique de ses occupants en garantissant l'intimité
et la vie privée de chacun, être imperméable aux
intrusions, au bruit et au regard des autres...
- Et il doit présenter des
caractéristiques qui lui sont propres afin d'éviter toutes
nuisances éventuelles (bâti stable et durable, chauffage,
isolation...)
L'habitat indigne est une notion politique et de
communication correspondant à des situations où un ou plusieurs
de ces critères ne seraient pas respectés. Il couvre une
pluralité de situations (logement surpeuplé, logement
menaçant ruine, logement avec plomb...) qui ont pour point commun de
nuire à des degrés variables à la santé des
occupants.
Ces diverses situations seront étudiées
dans ce rapport et plus précisément celle de
l'insalubrité. Un logement est déclaré insalubre à
partir du moment où son état de dégradation peut avoir des
conséquences sur la santé de ses occupants et / ou du voisinage.
L'insalubrité est une notion technique. Elle peut se mesurer grâce
à une liste de critères identifiables (murs fissurés,
absence d'eau potable, d'électricité, de chauffage, pollution de
l'air intérieur...) et pondérés en fonction des risques
engendrés.
Ces différents critères
d'insalubrité seront abordés par le truchement de l'analyse d'un
territoire: le parc de logement dégradé roubaisien.
- Quelles sont les conséquences de
l'insalubrité d'un logement sur la santé des occupants
?
- Et enfin, un traitement purement « technique » de
l'insalubrité est-il suffisant pour
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remédier aux difficultés rencontrées ?
En tentant de répondre à ces questions, nous
allons mettre en évidence les diverses caractéristiques de
l'insalubrité et leurs conséquences sanitaires pour ensuite
décrire le traitement technique et social qui permet d'y
remédier.
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