SECTION 3 : ETAT DES LIEUX DES REGROUPEMENTS POLITIQUES
EN RDC DE 1960-2018
Le jeu d'alliances et de coalisions est réellement une
constituante de l'histoire politique de la RDC du fait du multipartisme,
même si pendant des longues périodes, le pays a vécu sous
la coupe d'un régime monolithique, qui avait freiné l'élan
démocratique dans le pays. Car, à chaque fois que les
circonstances ont permis l'organisation des scrutins, les alliances entre
partis politiques se sont avérées indispensables voire
indépassables. Et il est devenu un lieu commun dans le contexte
politique congolais qu'aucune formation politique, quelle que soit sa taille ou
ses ressources ne pourrait envisager de se présenter seule ou de faire
cavalier seul, lors des échéances électorales ;
c'est-à-dire, de briguer en solitaire la conquête du pouvoir.
La scène politique congolaise est tellement mouvante
que la mobilité des acteurs politiques fait souvent bouger les lignes.
Les partis politiques congolais seraient confrontés à un mal de
croissance qui les prive de compétitivité d'une part, et de
l'autre, le défaut de culture politique et surtout de programmes
politiques affaiblit les arguments de compétitivité et
adhésion. On assiste en RDC à une recomposition politique
permanente et continue ; on va de mouvance en mouvance, à gauche comme
à droite. Depuis 1960, tous les gouvernements qui se sont
succédé de façon démocratique ou non ont
été et restent des gouvernements des regroupements politiques
c'est-à-dire des alliances ou de coalitions, répartis en six
périodes principales.
3.1. ALLIANCES ET COALITIONS POLITIQUE DE 1960-196549
Le jeune Etat congolais est né dans un contexte
politique polarisé mettant aux prises les « séparatistes
constitués fondamentalement des fédéralistes » et des
« unionistes qui étaient essentiellement unitaristes ». Les
50 P. BIYOYA MAKUTU et Rossy MUKENDI TSHIMANGA,
Alliances et coalitions politiques en RDC : causes et conséquences,
Kinshasa, Ed. Journal of african eletions, 2011, P.6-7
33
alliances entre partis politiques tournaient essentiellement
autour de la nature de l'Etat congolais (unitaire ou fédéral)
doublé d'un sentiment ethnique.
Les élections de mai 1960 ont donné lieu
à des alliances étonnantes ; au Katanga, la Balubakat
(association des Balubas du Katanga) s'était d'abord allié
à la Convention Nationale du Katanga (Conakat), puis à
l'idée d'un Congo uni à cause de l'exclusivité ethnique et
des accointances européennes de cette dernière. Au Kasaï,
l'Union Nationale Congolaise, parti des Lulua, fut dans une alliance avec le
Mouvement National Congolais/Lumumba (MNC/L) une protection contre la dominance
du Mouvement National Congolais/Kalonji MNC/K) et son caractère tribal
luba. A Léopoldville, c'est la rivalité du Parti Solidaire
Africain (PSA) et de l'Alliance des Bakongo (ABAKO) qui détermina en
grande partie l'attitude des deux partis, et c'est notamment le fait que le PSA
soupçonnait l'Abako d'intentions séparatistes qui l'amena
à se rallier aux partis appuyant l'idée d'un Congo unitaire.
L'unitarisme ayant pris de l'ascendant sur le
fédéralisme aux élections de 1960, cette tendance
politique a pris des dimensions affectives se rapportant sur des leaders
politiques. Et c'est autour des personnalités que se nouaient
désormais les alliances et coalitions. C'est à la suite
d'ailleurs de la confusion et d'épreuves ouvertes entre, d'un
côté, la majorité parlementaire de la Convention des
nationalistes congolais (CONACO) favorable au premier ministre sortant
Moïse Tshombe et, de l'autre côté, l'opposition
composée de députés du Front démocratique congolais
et supportant Evariste Kimba, nouveau premier ministre nommé par le
Président Kasa-Vubu en 1965 que, le Général
Joseph-Désiré Mobutu fera son coup d'état et va justifier
celui-ci par la menace d'une guerre civile nourrie par les ambitions
personnelles et mal gérées des politiciens.
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