1.2.2 Théorie de la souveraineté ou de
l'autosuffisance alimentaires des pays
Selon les tenants de cette théorie, même si la
libéralisation commerciale cherche à augmenter la production et
le revenu agricoles, elle n'a pas la capacité pour éradiquer la
faim dans le monde et répartir équitablement les denrées
cultivées [(Stiglitz, J.E. 2002), (Delcourt, L. 2014)]. D'ailleurs,
force est de constater que le phénomène de
l'insécurité alimentaire frappe surtout les pays les plus pauvres
(Azoulay, G. 2012) et les branches de la population les plus
vulnérables, comme les ruraux [(Chavériat, C. & Fokker, R.
2002) ; (Campbell, B. & Losch, B. 2002)].
Cependant, il faut souligner le fait que certains pays riches
comme la France (Keske, C. & al. 2016) et des Pays en Développement
n'ont pas échappés aux problèmes de
l'insécurité alimentaire. Le cas de l'Inde est un bon exemple.
Aussi paradoxale que cela puisse apparaître, il est
considéré comme la quatrième puissance mondiale en
matière de production agricole et « plus de 200 millions
d'Indiens souffrent de sous-nutrition » (Bazin. D & Kheraief. N,
2016: 6). A cela, il faut mentionner le fait que certains pays où
l'insécurité alimentaire fait rage sont très
libéralisés (Fréguin, S. & Devienne S. 2006). Dans ces
conditions, les Etats devraient produire d'abord pour satisfaire la demande de
consommation de leurs populations que de se spécialiser dans la
production des denrées d'exportations. Ils devraient consacrer le peu de
ressources disponibles dans la production des denrées vivrières
contrairement à ce que préconise le système commercial
international (Rastoin, J-L. & al. 2016).
La spécialisation dans la production des denrées
d'exportations, comme le recommande le principe de l'avantage comparatif de
David Ricardo, rend certains Etats pauvres et importateurs nets de
denrées agricoles de plus en plus dépendants de l'agriculture des
pays exportateurs et des marchés internationaux (Hrabanski, M. 2011).
Dans de pareilles conditions, lorsque le prix de certaines denrées
agro-alimentaires augmente, des pays exportateurs peuvent interdire
l'exportation de certains produits comme c'était le cas en 2008. Cela
implique que des pays importateurs nets, qui sont majoritairement pauvres se
trouvent dans une situation de pénurie alimentaire puisque leurs
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importations seront diminuées (Moseley, W.G. 2014).
Inversement, au cas d'une baisse des prix sur le marché international,
l'importation va augmenter. Avec la politique de subvention accordée par
certains pays considérés comme de grandes puissances agricoles,
le prix des denrées importées sont nettement inférieurs
que les produits nationaux (Baptiste, BJ. 2005) ce qui pénalise
l'agriculture locale, le revenu agricole et creuse le trou de
l'insécurité alimentaire (Vil, A. 2017).
Pour ces théoriciens, la famine n'est pas seulement le
résultat d'une offre insuffisante, mais aussi et surtout, d'une mauvaise
répartition des denrées alimentaires [(Janin, P. 2009), (Dupraz,
C.L. & Postolle, A. 2010), (Thivet, D. 2012)], d'où la
nécessité d'avoir une forte intervention de l'Etat afin de
résoudre le problème de la dépendance vis-à-vis du
marché international, de permettre à chacun d'avoir un
accès égal aux denrées agro-alimentaires et
d'améliorer la situation économique des agriculteurs (Alahyane,
S. 2017).
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