1.2 Revue de littérature théorique
A la question de savoir si oui ou non l'agriculture doit
être libéralisée, les réponses sont plutôt
conflictuelles. En effet, concernant ce thème, deux thèses ont
été défendues durant ce XXIe Siècle. Il
s'agit de la théorie de l'internationalisation de la
libéralisation des échanges alimentaires
présentée par Pascal Lamy et celle de la
souveraineté alimentaire des pays dont Olivier De Schutter plaide
en sa faveur [(Cuq, M., Hazard, E. & Blein, R. 2013) ; (Olivier de, S.
2014)]. Cette seconde partie du travail, est réservée à la
présentation de ces deux théories.
1.2.1 Théorie de l'internationalisation de la
libéralisation des échanges alimentaires
Cette théorie prône une diminution des
barrières afin de faciliter la libre circulation des produits
agro-alimentaires. Selon ces principaux théoriciens, seule la
libéralisation totale des échanges peut engendrer l'augmentation
de la production et du revenu agricoles (Ducaste, A. & Anseeuw, W. 2011),
et résoudre le problème de la sous-alimentation dans le monde
(Emilinger, C., Jacquet, F. & Petit, M. 2006). Pour eux, l'autosuffisance
alimentaire est une illusion puisque les défis en matière
agricole auxquels les Etats de certains Pays en Voie de Développement
(PVD) et surtout ceux des pays les plus pauvres doivent faire face sont
énormes. En ce sens, ils préconisent la théorie de
l'avantage comparatif, selon laquelle tous les Etats sont gagnants en
participant à l'échange international [(Boussard, J.M.,
Gérard, F. & Piketty, M.G. 2005), (Siroën, J-M. 2007)].
Dans ces conditions, chaque pays doit se spécialiser
dans la production des biens et services pour lesquels il a un avantage par
rapport à ses concurrents. Donc, « Seuls les pays qui ont les
plus grands atouts en matière agricole devraient ainsi développer
une production agricole... » (Clotilde, J-F. & Éric, L.
2012:10). Par cette spécialisation, l'ouverture commerciale va entrainer
une répartition des risques et donner aux pays qui n'ont pas la
capacité de produire des denrées agricoles la possibilité
de nourrir leurs peuples à l'aide des surplus écoulés sur
le marché international par ceux qui se sont spécialisés
dans l'agriculture.
Ces théoriciens relatent que l'autosuffisance
alimentaire est une erreur puisque ; si un Etat doit produire pour satisfaire
d'abord la demande de consommation de sa population, il revient alors de se
questionner sur le sort des pays qui n'ont pas des atouts en matière
agricole. Donc, c'est seulement par une libéralisation commerciale
accrue que le problème de la sécurité alimentaire et
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la baisse du revenu agricole dans ces pays doit être
posé [(Chavériat, C. & Fokker, R. 2002), (Mohamed, H.B.,
Yvan, D. & Jean-Louis, G. 2003)]. Pour ce faire, l'instauration d'une
concurrence loyale en diminuant les droits de douanes et en éliminant
les barrières non tarifaires devient obligatoire. En outre, les grandes
puissances agricoles doivent éliminer les subventions à la
production et à l'exportation des denrées agricoles (Devienne,
S., Bazin, G. & Charvet, J. 2005), puisque cette dernière
pénalise le revenu agricole dans les pays pauvres (Stiglitz, J. &
Charlton, A. 2005).
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