4.3.3 Les contraintes de la riziculture de la Vallée
de l'Artibonite
Comme nous l'avons déjà souligné au
début de ce chapitre, la Vallée de l'Artibonite représente
la principale zone de production des denrées agricole du pays. 80% de la
production du riz et des autres céréales cultivées, plus
de la moitié des légumineuses ainsi qu'une bonne partie des
denrées vivrières se sont concentrées dans cette zone.
Pourtant, l'agriculture de la Vallée de l'Artibonite d'une façon
générale, et sa riziculture en particulier fait face à de
nombreuses contraintes. Ces dernières ont des effets néfastes sur
la production rizicole et le revenu des riziculteurs de la zone.
D'abord, il semble que la complexité de
l'administration foncière et la faiblesse administrative entraine des
conflits fonciers de façon permanente dans la Vallée de
l'Artibonite (OFPRA, 2014) et contribue à la perte de sa capacité
productive. De l'occupation américaine (19151934), période durant
laquelle des terres ont été distribuées aux agriculteurs
pour combattre les groupes révolutionnaires ; passant par la
création de l'ODVA avec l'usurpation des terres par des personnes
influentes et proches du pouvoir politique ; jusqu'au moment où «
Le leader macoute de l'Artibonite Zacharie Delva, allias Parrain, avait
fait révoqué tous les titres de propriété pour
devenir lui-même le propriétaire incontestable de la
quasi-totalité de la surface des terres cultivables de la Vallée
» (Levy, M. 2001 :2), les luttes pour la possession des terres entre
les différentes classes sociales dans la Vallée de l'Artibonite
ont entrainé de graves violences et de pertes énormes (Victor, E.
2011).
Ensuite, la riziculture haïtienne est
caractérisée par des petites exploitations familiales (MARNDR,
2009). La croissance de la population entraine une hausse de nombre de
parcelles avec pour effet, la diminution de leurs tailles. Cette
dernière, conjuguée avec la situation économique des
riziculteurs contribuent à la faiblesse de l'investissement. Selon les
résultats de notre travail, les prêts bancaires alloués
à l'agriculture sont très faibles, et des taux de remboursement
très élevés ont été appliqués.
Parallèlement, les investissements publics sont aussi faibles et
diminuent considérablement. La dégradation des infrastructures
agricoles ainsi que un faible accès aux intrants sont
considérés comme les principaux effets de cette faiblesse de
l'investissement public.
Enfin, les résultats de notre recherche soulignent
l'existence de la mauvaise gestion des ressources hydrauliques. La
Vallée de l'Artibonite est traversée par de très grands
cours-d `eaux. Cependant, les riziculteurs interviewés relatent qu'ils
ont un accès très limité à l'eau. Cela implique
qu'ils cultivent leurs terres sous les caprices de la nature et ils ont
enregistré des pertes énormes en cas de catastrophes
naturelles.
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