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Une analyse de l'impact de la libéralisation agricole sur le revenu agriculteurs. Le cas de la filière riz de la vallée de l'Artibonite.


par Ernson Augustin
HEC-Liège/ESFAM - Master en Science de gestion 2018
  

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4.2.2 Objectif

L'objectif de la réalisation de ces entretiens est de pouvoir compléter les données préexistantes au niveau du MARNDR et de ses partenaires sur la riziculture dans la Vallée de l'Artibonite. Une série de questions standards ont été formulées aux répondants afin d'avoir une perspective détaillée et profonde de la réalité. Des informations concernant le revenu des riziculteurs Artibonitiens suite à la baisse des droits de douanes en faveur du riz importé ont été recueillies. Ces données supplémentaires nous permettent d'établir la relation entre la théorie exposée et ce qui se passe réellement sur le terrain afin de vérifier la validité des hypothèses posées.

4.2.3 Présentation des résultats

Les discutions effectuées lors de la réalisation des entretiens ont été portées sur les thèmes qui se trouvent dans nos question et hypothèses de recherches. Pour avoir l'opinion des interviewés sur les thèmes qui ont été insérés dans le guide d'entretiens, huit (8) questions principales ont été formulées. Néanmoins, il faut souligner que, selon la réponse du répondant, d'autres questions secondaires lui ont été adressé afin qu'il puisse donner son avis sur la totalité des thèmes. Nous allons, dans les lignes qui suivent, présenter le contenu des entretiens réalisés.

Entrevue # 1 Réalisé avec un Economiste agricole en date du 22 décembre 2017

Selon cet interviewé, la libéralisation de la riziculture haïtienne commence à partir de 1991. Elle préconise le désengagement des pouvoirs publics dans les échanges des denrées agro-alimentaires. Il relate que cette libéralisation repose sur la baisse des tarifs douaniers, l'élimination des barrières non douanières et la non subvention étatique. Il pense qu'elle fragilise la situation économique des riziculteurs de la Vallée de l'Artibonite puisqu'elle contribue à la diminution de leurs productions. Selon lui, les producteurs de riz de la Vallée de l'Artibonite sont dans l'impossibilité d'écouler leurs productions, malgré une baisse continue de ces dernières. Toujours selon l'interviewé, cette situation peut être expliquée par la non compétitivité des riziculteurs haïtiens. Les véritables bénéficiaires de cette politiques sont les importateurs et, dans une moindre proportion les consommateurs. Aux côtés de la libéralisation de la filière riz, l'insécurité foncière, parcellisation des terres et la faible existence des infrastructures agricoles participent aussi à la baisse du revenu des riziculteurs au niveau de la Vallée de l'Artibonite.

Entrevue # 2 Réalisé avec un Professeur de marketing agricole Le 28 janvier 2018

Pour cet interviewé, la libéralisation agricole intervient après l'application du Programme d'Ajustement Structurel au milieu des années 1980. Elle est caractérisée par le désengagement de

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l'Etat et la diminution des tarifs douaniers, passant de 50% en en 1980 à 3% en 1996. Elle favorise l'importation du riz étranger au détriment de la production locale. Selon lui, les ménages haïtiens font leurs choix de consommations en fonction du prix. Il juge que le revenu des riziculteurs, dont la principale source est la vente de leurs productions, diminue au fil du temps. Il pense que l'Etat haïtien doit réviser sa politique commerciale afin de contribuer à la hausse du revenu des riziculteurs par une hausse de la quantité produite.

Entrevue # 3 Réalisé avec un Consultant indépendant du MCI le 12 février 2018

Ce cadre du Ministère du Commerce et de l'Industrie (MCI) souligne que la libéralisation agricole est liée d'une part à l'inexistence de façon formelle de la politique agricole du pays et d'autre part, au contexte de la globalisation. Selon lui, elle a un effet néfaste sur le revenu des riziculteurs de la Vallée de l'Artibonite. Toutefois, il stipule que cette baisse du revenu n'est pas liée seulement à la libéralisation du commerce. Il faut prendre en compte le comportement des importateurs haïtiens et la politique extérieure des partenaires commerciaux dans le cadre de l'analyse de l'évolution du revenu des riziculteurs haïtiens. Il pense que des « droits compensateurs » doivent être utilisés afin de contrebalancer les effets de la libéralisation sur le revenu de ces riziculteurs. Cependant, il faut tenir compte des règles de l'OMC en vigueur et de la capacité des riziculteurs haïtiens à répondre à la demande de consommation de la population.

Entrevue # 4 Réalisé avec un Riziculteur de l'Estere le 19 février 2018

Ce riziculteur considère la libéralisation de l'agriculture haïtienne comme un « poison violant » ; elle tue la production et entraine une baisse de son revenu. Une situation qui l'a découragé. Il souligne le désengagement de l'Etat, le mauvais état des canaux d'irrigations et la prédominance du secteur privé dans la commercialisation de l'engrais, comme les causes de l'augmentation de son coût d'exploitation. Pour lui, l'amélioration du revenu des riziculteurs nécessite une intervention de l'Etat dans les infrastructures hydro-agricoles afin de faciliter leurs accès à l'eau et l'amélioration de l'accès aux intrants agricoles à coût réduit.

Entrevue # 5 Réalisé avec une rizicultrice de Desdurnes le 20 février 2018

Cette agricultrice relate que son coût d'exploitation augmente avec la baisse des droits de douanes sur le riz importé. Cette hausse du coût résulte, selon lui, de l'augmentation des prix du sac d'engrais, de la main-d'oeuvre et du transport. Elle n'a pas accès aux services financiers, dit-elle, condition nécessaire pour investir et améliorer la productivité des parcelles cultivées. Pour elle, les

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coopératives créées pour financer la production du riz de la Vallée de l'Artibonite favorisent les grands planteurs, au détriment des petits. Parallèlement, les recettes agricoles diminuent avec la baisse de la production, souligne-t-elle. Elle relate que le caractère irrégulier de l'entretien des infrastructures agricoles, contrairement aux années 1980 durant lesquelles les pouvoirs publics les entretiennent au moins deux fois par année, et l'accès limité aux intrants agricoles à prix réduit sont, entre autres, les causes de la baisse de leurs productions et de leurs revenus.

Entrevue # 6 Réalisé avec un Riziculteur de Petite Rivière le 21 février 2018

Pour lui, la situation économique des riziculteurs de la Vallée est très critique. Ils ne peuvent pas écouler leurs productions malgré la faible quantité produite. Cette situation est liée à un taux de taxation trop faible appliqué sur le riz importé, ce qui est selon lui, la pire des choses qui puisse arriver à l'agriculture haïtienne. Il pense que l'Etat doit encadrer les riziculteurs afin de leurs faciliter l'accès à l'eau et aux intrants agricoles. Par ailleurs, il souligne qu'une prise de conscience et la mise en place d'une volonté commune est nécessaire pour améliorer les conditions économiques de cette tranche sociale.

Entrevue # 7 Réalisé avec un cadre de l'ODVA le 2 mars 2018

Ce cadre de l'ODVA pense que la libéralisation de l'agriculture haïtienne, marquée surtout par la baisse des droits de douanes, contribue à la paupérisation des riziculteurs. Elle entraine une baisse de leurs revenus et les découragent. Il souligne que certains agriculteurs se sont obligés de laisser la culture de la terre puisqu'ils ne peuvent pas répondre aux besoins de leurs familles. Une réforme foncière et l'investissement de l'Etat dans les infrastructures hydro-agricoles par la mise en place d'un plan de développement agricole inclusif sont nécessaires à l'augmentation du revenu des riziculteurs selon lui.

Entrevue # 8 Réalisé avec un cadre de l'IICA le 4 mars 2018

Selon ce cadre de l'Institut Interaméricain de Coopération pour l'Agriculture (l'IICA), la libéralisation marque la fin de monopole. Au milieu des années 1980, les dirigeants haïtiens ont baissé de façon drastique les droits de douanes sur l'importation du riz. Ils ont procédés parallèlement à la réouverture des ports des villes de provinces qui ont été fermés durant les années 1950. Cette situation a entrainé une hausse de l'importation et de la contrebande, toujours selon l'interviewé. Il pense que cette libéralisation accompagnée avec d'autres faits comme les conflits terriens pénalisent le revenu des riziculteurs de la Vallée de l'Artibonite. Contrairement à ses

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derniers, les importateurs haïtiens ainsi que les planteurs des pays exportateurs sont les principaux bénéficiaires de cette politique.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius