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Une analyse de l'impact de la libéralisation agricole sur le revenu agriculteurs. Le cas de la filière riz de la vallée de l'Artibonite.


par Ernson Augustin
HEC-Liège/ESFAM - Master en Science de gestion 2018
  

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2.2 Historicité de la politique agricole haïtienne

Après avoir présenté la situation de la riziculture mondiale, il parait nécessaire de souligner les spécificités de la République d'Haïti. Dans cette deuxième partie de ce chapitre, la politique agricole mise en oeuvre en Haïti depuis 1950 sera présentée. L'objectif est de démontrer que, sous

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la demande des Institutions Financières Internationales (IFI), sans oublier le rôle prégnant qu'ont joué les Etats-Unis dans la mise en oeuvre de cette politique néolibérale, l'économie de la République d'Haïti est la plus libéralisée parmi les pays de la CARICOM et des PMA depuis le début des années 2000.

2.2.1 Une agriculture fortement règlementée de 1950 à 1986

Sous la présidence de François Duvalier durant la période allant de 1957 à 1971, la politique commerciale haïtienne était caractérisée par des droits de douanes assez élevés sur certains produits dits « stratégiques » afin de protéger l'agriculture nationale. Les tarifs appliqués sur l'importation des denrées agricoles varient entre 40% et 50%. Des taux de 50%, 40% et 50% ont été appliqués sur l'importation des produits comme le riz, le sucre et les viandes de volailles consécutivement (MARNDR, 2010a). De plus, des subventions directes ont été accordées aux produits de consommation de bases, entrainant ainsi une baisse des prix de vente afin de permettre aux ménages les plus démunies d'avoir accès à ces denrées. Durant cette période, la production agricole parvenait à réponde à la demande de consommation des ménages haïtiens pour les produits les plus consommés, particulièrement le riz (Vivas, E. 2010). Par ailleurs, cette politique était caractérisée, entre autres, par le contrôle et la restriction de l'importation des denrées agricoles, par la limitation de la consommation de certains produits et par la fermeture de l'ensemble des ports du pays, hormis celui de la capitale, ce qui avait favorisée le contrôle de la contrebande qui était très faible à cette époque [(Victor, E. 2011) ; (Perchellet, S. 2010)].

2.2.2 L'agriculture haïtienne, l'une des plus libéralisée après 1986

Après la mort au pouvoir de François Duvalier (Papa Doc), son fils, Jean-Claude Duvalier (Baby Doc) le succéda (1971-1986). Dès le début des années 1980, des tentatives de libéralisation de l'économie ont été effectuées, dans le but de faire la révolution économique, comme l'avaient souligné les dirigeants de l'époque (Baptiste, BJ. 2005). Au milieu des années 1980, la situation politico-économique de la République d'Haïti évolue considérablement puisque l'année 1986 est marquée par un changement radical. Ce changement peut être considéré d'abord sur le plan politique avec la chute de « Duvalier fils » et les élections de décembre 1990 permettant de passer d'un régime dictatorial à un régime démocratique. Ensuite, cette période coïncide avec le début de la mise en oeuvre du courant économique néolibéral, marqué par l'application du Programme d'Ajustement Structurel (PAS). Cette nouvelle politique donne aux Institutions Financières Internationales (IFI) la mission d'assurer la stabilité financière et la croissance économique du pays,

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puisque sa situation se détériorait suite à son exclusion sur le marché international depuis le 8 octobre 1991. Sur la demande de ces Institutions, les dirigeants haïtiens ont diminué drastiquement les droits de douanes sur les denrées agricoles, particulièrement sur le riz [(PAPDA, 2011) ; (Fréguin, S. & Devienne, S. 2006)], contribuant ainsi à une hausse des importations venant principalement des Etats-Unis qui subventionnent leurs agricultures (Baptiste, BJ. 2005).

Membre fondateur de l'OMC (ancien GATT depuis 1950) en 1995, Haïti a bénéficié de la clause de la nation la plus favorisée. Pourtant, ses droits de douanes consolidés sont extrêmement bas (21.10% en moyenne), avec des taux nuls pour bon nombre de produits. Le pire dans tout ça, les tarifs appliqués sont encore plus bas que les droits de douanes consolidés. À cela il faut ajouter la remise en question de la politique de restriction à l'importation et la fermeture de certains ports du pays appliquée sous l'administration des « Duvalier ». Comme les deux autres Institutions (FMI et BM), l'OMC plaide en faveur d'une libéralisation des échanges fondée sur le démantèlement des tarifs douaniers, le désengagement de l'Etat (MARNDR, 2010a) et la privatisation des entreprises publiques jugées « non performantes ». Sur la base de cette politique, des entreprises agricoles comme « la Minoterie » (production de farine et de pain) et « l'huilerie ENAOL » ont été privatisées (Perchellet, S. 2010). Pour les dirigeants de l'époque, cette politique peut favoriser l'intégration du pays dans le commerce internationale et ; augmenter la production, les exportations ainsi que le revenu agricole afin de diminuer les importations et de résoudre le problème de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire.

Créé en 1973, les pays de la CARICOM essaient de protéger leurs agricultures sur la base de l'application du Tarif Extérieur Commun (TEC). En effet, des droits de douane allant jusqu'à 40% ont été appliqués sur les denrées agricoles. Malgré qu'Haïti soit membre à part entière et la première puissance démographique de cette communauté depuis le 4 juillet 2003, ses dirigeants n'ont pas profité de cette opportunité pour relancer la production rizicole et améliorer la situation économique des riziculteurs par l'application du TEC. En effet, un tarif douanier de 3% seulement est fixé sur le riz (Josling, T., Chanperon, W. & Le Turioner, J. 2017).

Cependant, au lieu de protéger son agriculture, la lecture de la structure tarifaire d'Haïti ; l'un des principaux instruments utilisés pour analyser la politique commerciale d'un pays donné, nous laisse observer que l'agriculture du pays est l'une des plus libéralisées au monde. Contrairement au taux consolidé de l'OMC sur les produits agricoles qui est de 21.1%, la moyenne des droits de douanes sur les produits agricoles haïtiens était de 8% en 2011 (Bruce Huff, H. 2014).

Comme le montre la figure 2.5 qui suit, la moyenne simple des droits de douanes agricoles consolidés en Haïti (21.10%) est nettement inférieure que celle de la République Dominicaine

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(39.30%), de certains PMA (72.9%) et des pays de la CARICOM (97.8%). Parallèlement, la moyenne des droits de douanes appliqués sur les denrées agricoles en Haïti est de 8%, contre 16.1% et 18.3% pour les PMA et les pays de la CARICOM respectivement. De plus, un taux de 0% appliqués sur les denrées agricoles pour 29% droits de douanes en Haïti contrairement à ses partenaires commerciaux comme la République Dominicaine qui n'a aucune franchise douanière pour les denrées agricoles, les PMA (4.8%) et les pays de la CARICOM (18%).

Pourtant, Haïti a une très petite portion de ses droits de douanes agricoles appliqués qui sont supérieurs à 15% (11.50%). Contrairement à Haïti, les pays faisant partie de la CARICOM ont près de la moitié, soit 45.60% de leurs tarifs douaniers sur les denrées agricoles en moyenne qui sont plus élevés que 15%. Pour les PMA 54.2% de leurs droits de douanes en moyenne sont fixés à des taux plus élevés que 15%. Puisqu'en moyenne, les tarifs douaniers appliqués à l'importation des denrées agricoles en Haïti sont moins élevés que ceux de ses partenaires commerciaux ; le fait aussi qu'il est le pays qui accorde de franchise douanière sur une plus grande quantité de denrées agricoles (avec 29% droits de douanes fixés à 0%) et la plus faible portion de droits de douanes supérieure à 15%, Haïti peut être considéré comme l'un des pays les plus libéralisés.

Figure 2.5 : Comparaison des tarifs agricoles entre Haïti, République Dominicaine, certains PMA et les Pays de la CARICOM.

100.0

80.0

40.0

60.0

20.0

0.0

21.1

39.3

Consolidés Appliqués

72.9

Comparaison des tarifs agricoles entre Haïti, la République Dominicaine, les PMA et les Pays de la CARICOM

97.8

Moyenne simple

Consolidés Appliqués

Haïti République Dominicaine Moyenne PMA Moyenne CARICOM

8.0

16.1

18.3

29.2

17.2 0.5 0.8

% de franchise de droits

4.8

18.0

65.6

98.9

Consolidés Appliqués

96.0

98.6

Droits > 15%

11.5

45.6

54.2

Source : Calculs réalisés par l'auteur à partir des données de Bruce Huff, H. (2014 : 22).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon