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Une analyse de l'impact de la libéralisation agricole sur le revenu agriculteurs. Le cas de la filière riz de la vallée de l'Artibonite.


par Ernson Augustin
HEC-Liège/ESFAM - Master en Science de gestion 2018
  

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2.1.3 Une riziculture libéralisée dans les PMA

La quasi-totalité des Pays les Moins Avancés (PMA) font face à des problèmes d'insécurité alimentaire malgré la prédominance du secteur agricole dans leurs économies. L'agriculture familiale représente le centre d'activité économique de ces pays de par sa contribution à des taux allant jusqu'à 33%, 52% et 60% dans la formation du Produit Intérieur Brut (PIB), la participation au commerce extérieur (exportations) et à la création d'emploi consécutivement en 1995. De plus, elle est considérée comme la principale source de revenu pour les ruraux, branche de la population la plus pauvre et la plus marginalisée (Per, P-A. 2007).

Néanmoins, contrairement aux pays développés et les pays en développement d'Asie, dans le cadre de l'application du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) recommandé par les Institutions Financières Internationales (IFI) au début des années 1980 ; les PMA ont procédé à la libéralisation de leurs agricultures. Cette libéralisation va être poursuivie au milieu des années 1990, plus précisément en 1996, avec la mise en oeuvre de l'accord sur l'agriculture de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Malgré l'existence de grandes potentialités agricoles dans ces pays, cette libéralisation contribue à une augmentation de l'importation des denrées agro-alimentaires à plus de 400% en Afrique de l'Ouest entre 1980 et 2005 (Abiassi, E. H. & Eclou, S. D. 2006) et une diminution des exportations de ces denrées passant de 32.3% à 29.5% en entre 1975 et 2004 (Per, P-A. 2007).

Une situation analogue a été constatée au niveau des pays en développement de l'Amérique Latine, comme c'est le cas du Pérou, où la libéralisation agricole a entrainé la spécialisation des agriculteurs dans la production des denrées d'exportations au détriment de celle dites vivrières. Cette spécialisation a été effectuée dans l'objectif d'exploiter des niches, pourtant, elle augmente la vulnérabilité des planteurs face à une variation du prix sur le marché mondial (Chaleard, J-L. & Mesclier, E. 2004).

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Par ailleurs, l'agriculture des Pays les Moins Avancés (PMA) a la particularité d'être une agriculture de petites exploitations familiales à faible productivité. Vivant dans des situations économiques émaillées de difficultés, les agriculteurs de ces pays n'ont pas l'accès aux services financiers (Dossouhouif, F.V. & al. 2017). À cela il faut additionner l'utilisation des outils archaïques et des intrants agricoles de qualités réduites. De plus, la baisse des droits de douanes sur l'importation, le désengagement de l'Etat et le mauvais état des infrastructures agricoles (réseaux hydrauliques), sans oublier la politique de dumping pratiquée par les grandes puissances agricoles ; instaurant ainsi une concurrence déloyale comme étant des faits qui ont pénalisé la production du riz et le revenu des riziculteurs dans les pays pauvres (AgriAlerte, 2008).

Paradoxalement, la population de ces pays ne cesse d'augmenter malgré la baisse continue de la production agricole. Selon les prévisions statistiques de 2050 de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), les croissances démographiques les plus fortes devraient être observées aux seins des Pays en Développements Importateurs Nets de Produits Agricoles (PDINPA) (85%), des PMA (103%) et des pays de l'Afrique subsaharienne (123%) (CNUCED, 2012). Cette poussée démographique entraine un recours à l'extension des surfaces cultivées malgré les graves conséquences environnementales que cela puisse entrainer. Elle contribue aussi à la hausse de l'importation pour répondre aux besoins alimentaires de la population et éviter des situations de famine et d'insécurité alimentaires.

Par conséquent, après avoir libéralisé complètement leurs agricultures, certains PMA font partie des premiers importateurs de produits agricoles. Concernant le cas du riz, dès le début des années 2000, le Nigéria (Abiassi, E. H. & Eclou, S.D. 2006) et la Cote d'Ivoire (Diagne, A. & al. 2004), font partie des cinq (5) premiers importateurs mondial du riz. D'autres pays qui étaient soit autosuffisants comme Haïti soit exportateurs du riz comme le Madagascar au début des années 1960, deviennent importateurs nets avec cette libéralisation agricole (Dabat, M-H. & Olivier, J-T. 2010). Dépendant totalement ou partiellement du marché mondial, les ménages les plus pauvres, assez souvent des agriculteurs dans les PMA, sont les premières victimes de la variation des prix. Cette dernière les a mis soit dans une situation de pénurie alimentaire, en cas de la hausse des prix, soit dans une situation de la diminution de leur revenu, dans le cas contraire (Per, P-A. 1985).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand