2.1.2 Un marché dominé par des pays en
développement d'Asie
Dans la majeure partie des pays d'Asie, une situation de
croissance économique et de disponibilité alimentaire a
été constatée pour la période allant de 1970
à 1995. Dominée par l'agriculture qui est le principal secteur
créateur d'emploi, la hausse du Produit Intérieur Brut/ capita
(PIB/hab) au sein de ces économies est le résultat d'une
croissance exponentielle de la production de céréale d'une
façon générale et du riz en particulier (Rodolphe, de k.
2003). Les taux de croissance des rendements extraordinaires qu'ont connu les
pays asiatiques dans la riziculture les
20
ont permis de dominer le marché mondiale. Ils
produisent plus de 90%, consomment 85% environ de la quantité produite
et dominent les exportations à plus de 75% (Méndez del Villar, P.
2008).
En effet, la quasi-totalité du riz produit est
consommée sur le marché national. L'analyse des données de
la FAO concernant l'évolution de la production mondiale du riz nous
laisse observer que « la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le
Viêt-Nam et le Thaïlande » sont les cinq premiers
producteurs du riz mondiaux entre 1980 et 2015. Ces cinq pays Asiatiques
arrivent à produire entre 68% et 75% de la production totale durant
toute la période considérée. En 2015, les trois premiers
producteurs mondiaux de riz, à savoir « la Chine,
l'Inde et l'Indonésie » produisent à eux seuls
plus de la moitié (60% environ) de la totalité du riz au niveau
mondial. Cependant, ces trois premiers producteurs mondiaux du riz ne sont pas
les premiers exportateurs. Cela sous-entend que la quasi-totalité de la
production du riz au niveau de ces pays est consommée sur le
marché local. La figure 2.2 suivant nous donne une illustration de la
situation décrite ci-dessus.
Tableau 2.2 : Evolution en pourcentage (%) de la production du
riz par pays entre 1980 et 2015
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1980
|
1985
|
1990
|
1995
|
2000
|
2005
|
2010
|
|
Chine
|
36.00
|
36.59
|
36.95
|
34.23
|
31.71
|
28.71
|
28.13
|
|
Inde
|
20.24
|
20.47
|
21.50
|
21.10
|
21.29
|
21.71
|
20.53
|
|
Indonésie
|
7.47
|
8.34
|
8.71
|
9.09
|
8.67
|
8.54
|
9.48
|
|
Viêt-Nam
|
4.84
|
3.39
|
3.71
|
4.56
|
5.43
|
5.65
|
5.71
|
|
Thaïlande
4.38
4.33
3.32
4.02
4.32
Brésil
2.46
1.93
1.43
2.03
1.86
Pakistan
1.18
0.94
0.94
1.09
1.20
USA
1.67
1.31
1.37
1.44
1.45
Source : Calcul de l'auteur à partir des données de
la FAO (2018b)
2015
28.35
21.15
10.19
6.09
4.83
5.09
3.74
2.08
1.60
1.66
1.31
1.03
1.38
1.59
1.57
1.18
Autres
21.76
22.71
22.07
22.43
24.07
25.58
26.85
26.25
Total
100.00
100.00
100.00
100.00
100.00
100.00
100.00
100.00
Toujours selon les données de la FAO, la situation de la
production du riz reste inchangée
en 2016. La Chine se trouve toujours en première position
avec 29% de la production totale du riz.
Elle est suivie par quatre autres pays asiatiques à savoir
l'Inde, l'Indonésie, Viêt-Nam et la
Thaïlande avec des taux de 21%, 11%, 6% et 3% de la
production mondiale du riz de façon
consécutive. 70% de la production mondiale du riz se
concentrent au niveau de ces cinq (5)
puissances rizicoles. Les Etats-Unis arrivent jusqu'à la
huitième place avec un taux de 1% de la
production mondiale. Ils viennent tout de suite après le
Brésil et le Pakistan qui enregistrent des
taux de 2% et 1% respectivement. Cette situation peut être
élucidée par la figure 2.4 suivante.
21
Figure 2.4: Répartition par pays et en pourcentage (%) de
la production du riz en 2016
Pakistan 1%
Brésil 2%
USA 1%
Thaïlande 3%
Production du riz par pays et en
pourcentage (%) en 2016
Viêt-Nam 6%
Autres 26%
Indonésie 11%
Inde 21%
Chine 29%
Source : Calcul de l'auteur à partir des données de
la FAO (2018b)
Lançon, F. & Mendez del Villar, P. (2008) essaient
de faire la distinction entre deux grands groupes d'exportateurs asiatiques.
D'abord le groupe dit historique, présent sur le marché aux
côtés des Etats-Unis sans interruption depuis les années
1960 (Thaïlande) et 1970 (Pakistan). Ensuite celui dit occasionnel,
arrivant sur le marché avec beaucoup de puissance durant la
décennie 1990 composé par le Viêt-Nam, l'Inde et la Chine.
De même que les pays développés (USA et l'Union
Européenne), ces pays en développement appliquent des politiques
de protection de leurs rizicultures. L'Etat Thaïlandais par exemple,
applique une politique de régulation du marché et de soutien
direct à l'exportation en achetant le riz au moment de la récolte
et de le revendre à des prix très bas aux exportateurs
privés. Les dirigeants du Viêt-Nam, quant à eux, ne
subventionnent pas directement les exportations, cependant, ils interviennent
dans la régulation du marché en priorisant la consommation
interne puisqu'ils limitent ou même interdisent l'exportation du riz
à des moments précis. Cette situation engendre une hausse des
prix et des situations de pénuries pour les pays importateurs, la crise
de 2008 peut en témoigner (AgriAlerte, 2008).
Cette situation n'est pas différente pour l'Inde et le
Pakistan. La Chine quant à elle, fait preuve de poursuite de
façon permanente par les Etats-Unis devant l'OMC pour des subventions
directes accordées à la production et à l'exportation des
céréales (Riz, Blé et Maïs). Seulement sous
l'administration de Barack Obama, sur un total de 28 plaintes, 14 ont
été déposées par Washington contre Pékin.
Une situation qui est, bien sûr, paradoxale étant donné que
les Etats-Unis, eux aussi, soutiennent leurs rizicultures. De plus, Per, P-A.
(2007) relate que la majeure partie des pays
22
d'Asie ; Chine, Inde, Indonésie, Thaïlande et
le Viêt-Nam, producteurs et exportateurs du riz, ont versé
des sommes exorbitantes dans la construction des infrastructures agricoles
entre 1960 et 2000, condition nécessaire pour avoir un
développement agricole et réduire la pauvreté selon eux.
Puisque les exportations ont été réglementées par
les pouvoir publics et non pas par le marché, il paraît
évident de souligner que ces pays qui ont développés leurs
rizicultures, le font dans un contexte de la recherche de la
sécurité et de l'autosuffisance alimentaires, mais pas dans une
perspective de mondialisation.
|