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La communauté internationale et la crise en Syrie. Enjeux, défis et perspectives.


par Didier CHIGANGU MUNGUAKONKWA
Université officielle de Bukavu - Graduat en Relations Internationales  2015
  

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1.2. L'existence d'un nouvel acteur : l'organisation de l'État islamique

Il existait mais, La Communauté Internationale ne regardait pas dans cette direction. Il s'agit d'une organisation irakienne, qui a pris la suite d'Al-Qaïdaet s'est étendue vers la Syrie. Il apparait ainsi comme un obstacle que rencontre la Communauté Internationale. dans la gestion de cette crise Syrienne du fait qu'il a présenté des nouvelles menaces à la sécurité internationale. Ainsi la guerre en Syrie est devenue de plus en plus complexe pour la maitriser62(*).

Tout le monde la voyait mais personne ne faisait attention parce que  tous étaientconcentrés sur le fait de se débarrasser du régime de Bachar Al-Assad ou de le protéger. Entre temps cette organisation s'est autoproclamée État, califat. Alors que,son éradication dépendra de la coopération entre différents pays. Depuis quelques mois, une coalition menée par les États-Unis intervient militairement contre l'organisation de l'État islamique en Syrie et en Irak.Cette stratégie prouve dans une certaine mesure, qu'on est en train d'aider Bachar Al-Assad.

Cette intervention en Irak et en Syrie ne réussira pas suffisamment rapidement pour régler le problème, si les bombardements aériens ne font pas partie d'un véritable plan politique pour la Syrie et pour l'Irak, cela ne marchera pas.  Les bombardements à eux seuls ne peuvent pas régler le problème.

Par ailleurs, la crise syrienne est un enjeu dont devrait se préoccuper toute la communauté internationale. Ce n'est pas une intervention militaire qui viendra entacher l'image de l'Occident à l'échelle mondiale. L'Union européenne ne s'est jamais créée de politique étrangère autonome et il ne faut donc ne pas s'attendre à une implication active de sa part dans la crise syrienne. Le problème majeur, c'est que l'UE s'implique dans la résolution d'une crise uniquement si les États-Unis prennent les devants avec un plan d'action concret. L'inaction de l'Union européenne devrait être associée à sa lenteur habituelle en ce qui concerne la politique étrangère, et non pas à propos de la Syrie. Cette inaction se reflète également dans la gestion du problème des réfugiés syriens. L'Union européenne pourrait au moins soutenir des pays comme la Turquie, qui continue d'accueillir des milliers de réfugiés syriens alors que les principaux pays européens refusent de les recevoir en grand nombre.

Les États-Unis et les membres de l'Union européenne ont été plus velléitaires dans leur soutien à l'opposition. L'apparition de l'organisation dite Etat islamique en Irak et au Levant renforce la position de départ de la Russie.

La Syrie, quant à elle, se situe sur une ligne de fracture du monde musulman divisant les Sunnites et les Chiites. Le clivage est net et les camps se sont formés. Les monarchies du Golfe et la Turquie ont pris fait et cause pour les rebelles tandis que le régime syrien engrange les soutiens de l'Iran, d'une partie de l'Irak et du Hezbollah libanais. De surcroît, au fil du temps, l'opposition au pouvoir alaouite a été encombrée de groupe Djihadistes n'ayant plus grand-chose à voir avec la libération de la Syrie du joug de la dictature.

Devant cette complexité, une intervention internationale, même résolue, risquait à la fois d'attiser les soutiens des deux camps, de nourrir les prétextes de l'immixtion Djihadistes et de s'avérer très peu efficace faute de pouvoir faire table rase des forces profondes régionales. C'est pourquoi il fallut du temps pour convenir de frappes aériennes en Syrie. Elles se feront d'abord dans la foulée de l'intervention demandée à la mi-2014 par l'Irak avant de s'intensifier et de s'élargir à d'autres protagonistes à la fin de l'été 2015. Sans toutefois oublier que cette convergence n'efface pas les divergences des principaux acteurs sur le devenir d'une Syrie pacifiée.

Il eut des demandes d'intervention qui pourraient stimuler les protagonistes internationaux les plus soucieux de régler le conflit. A vrai dire, s'il y a des demandes de soutien, il y a peu d'appels à l'action tierce directe. Comme l'enfant grec de Victor Hugo, les rebelles veulent « de la poudre et des balles »63(*), du matériel militaire performant, ce que leur donnent notamment certains Etats du Golfe. Les Occidentaux sont plus circonspects sur l'opportunité de livrer du matériel susceptible de tomber dans des mains terroristes, ils se cantonneront pendant longtemps à la fourniture de matériel dit non létal et de conseils.

A la suite des soupçons d'utilisation d'armes chimiques en août 2013, les rebelles syriens étaient aussi en faveur de frappes aériennes punitives contre le régime. Mais ils ne voyaient bien sûr dans une telle action qu'une aide ponctuelle ou durable pour abattre le régime, à l'image de ce qu'ils avaient voulu précédemment, à savoir une zone d'exclusion aérienne. Intervenir en Syrie revient de facto à prendre parti, avec tous les risques et aléas décrits plus haut. Finalement, la seule demande d'intervention, en bonne et due forme, émana du régime syrien à l'adresse de la Russie en 2015. Mais Bachar al Assad avait déjà fait appel à des soutiens en Iran, en Iraq et au Liban.

Contrairement à nouveau au précédent libyen, il n'y avait pas au départ du côté des Etats-Unis et de l'UE une volonté d'intervenir. Au contraire, l'action envisagée à l'égard de la Syrie n'englobait pas la possibilité d'intervention directe, sauf à constater une sorte de nouveau radicalisme musulman, une utilisation d'armes chimiques à grande échelle contre des populations civiles. Le débat sera donc vif en août 2013 pour élucider la question de savoir si cette prétendue ligne rouge avait véritablement été franchie. Mais en tout état de cause, l'intervention aurait été aérienne, perçue comme punitive, même si présentée sous de respectables atours, et probablement ponctuelle, sauf à considérer qu'elle aurait pu être le prélude à une inversion décisive du rapport de force comme en Bosnie en 1995.

Le plus intéressant du point de vue de l'analyse politique, c'est que la possibilité qu'a réellement été envisagée, pesée et pensée à Londres, Paris et Washington, quand elle était d'avance décriée à Moscou et à bien d'autres endroits de par le monde. Washington avançait à reculant, avec des atermoiements même, jaugeant la volonté de ses partenaires sur la question et attendant un aval du Congrès. Paris semblait beaucoup moins réticente et Londres se fit tacler par la Chambre des communes.

Dix ans après l'invasion de l'Irak, tous les rôles semblaient inversés. Tapie dans son refus, la diplomatie russe sauva néanmoins la mise de chacun. En prenant au mot une simple suggestion américaine, Moscou sortit d'une chapka le lapin magique de la solution diplomatique : le démantèlement de l'arsenal chimique syrien sous contrôle international. Même si d'aucuns craignaient une manoeuvre dilatoire, le coup était merveilleusement bien joué. On pouvait atteindre par la négociation ce que des frappes aériennes elles-mêmes auraient eu du mal à obtenir. Et ce ne fut pas de la poudre aux yeux en définitive. C'est ici que la Syrie devient un cas d'école, rarement une intervention, aussi limitée soit-elle, n'avait été envisagée jusqu'à ce point avant de ne pas avoir lieu.

En fin, à nouveau, c'est Daech et ses exactions qui créeront une forme d'union des contraires pour une intervention. Certains Etats déclarent aussi intervenir parce qu'ils ressentent une menace directe, à la fois par la présence de nombre de leurs ressortissants au sein de Daech et par les actions terroristes menées directement à leur rencontre ou sur leur territoire.

Il n'y a pas de véritable scénario de sortie de crise crédible à l'oeuvre pour l'heure mais, l'évolution de la situation sur le terrain a modifié une part de l'attitude des Occidentaux sur l'avenir de la Syrie. Dans la foulée des printemps arabes, la posture de départ était celle du soutien au changement sinon de régime. Par la suite, l'Occident sembla miser sur la chute de Bachar Al Assad, Face à l'impasse et la mise au point mort des négociations inter-syriennes, l'optique est plutôt d'éviter à la fois le chaos humanitaire, le développement d'un nouveau chancre terroriste et la victoire d'un camp sur l'autre, d'où l'idée d'un cessez-le-feu et d'une négociation de compromis. C'est l'objectif du Groupe international.

Les différents facteurs testés incitent à conclure qu'une intervention internationale en Syrie, pendant longtemps, n'était guère souhaitée, ni guère souhaitable, sauf à imaginer peut-être des frappes pour forcer la dernière partie récalcitrante à déposer les armes, pour atteindre un cessez-le-feu qui ne serait que le prélude à des négociations de paix et de réconciliation64(*). L'intervention n'a lieu que parce qu'un consensus s'est finalement créé sur une hiérarchie des maux à combattre. Et au sein de cette hiérarchie, Daech et ses exactions multiples scénarisées comme un film d'horreur ont fini par occuper la première place. Mais cette convergence n'a pas éteint les divergences sur la configuration d'une Syrie post conflit. L'intervention obéit aux objectifs des différents protagonistes qui tentent vaille que vaille de ne pas se marcher sur les pieds et, parallèlement, de trouver un dénominateur commun pour entamer des négociations de paix.

En résumé, aucune de ces opinions n'est vraiment convaincante, à moins de considérer que cette inaction est tout simplement due à l'inexistence de conséquences négatives sur les intérêts des pays occidentaux.

* 62GILLES ADRINAT, op.cit, 2012

* 63TANGUY DE WILDE D'ESTEMAEL, Op. cit, 2016, p. 11.

* 64TANGUY DE WILDE D'ESTEMAEL, Op. cit, 2016, p. 17

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo