Les limites et entraves du
mémoire :
Salé s'est inscrite d'abord dans celui de
« Villes sans bidonvilles ». Ses résultats sont
encourageants : 90 % des bidonvilles ont été
résorbés, reste que celui de SEHB. Ses habitants n'ont pas voulu
s'installer dans les appartements d'Al Omrane qui l'ont offert à
Salé AlJadida, sous prétexte que ceux-ci sont loinde Rabat et du
centre de Salé.
Parmi les autres limites qu'on a pu constater à travers
la recherche, c'est que les maisons non réglementaires sont beaucoup au
niveau du quartier d'AlKaria, et celui d'OnqJmel, mais bonne nouvelle on entend
une rumeur du fait que l'agence Bouregreg va l'éradiquervu que ça
rentre dans le terrain de la vallée Bouregreg.
On peut toutefois s'interroger sur la qualité finale et
la résistance au temps de ces logements d'autant qu'il n'existe pas de
gestion collective des copropriétés au Maroc. Ce qui posera
à terme un problème. Mais il constitue peut-être une
étape obligée pour améliorer les conditions de vie de
populations vivant dans une précarité absolue dans des
bidonvilles complètement insalubres, installés sur des terrains
impossible à assainir.
Le projet de réhabilitation de la médina de
Salé n'en manque pas d'inconvénients aussi, du fait que la
décision de la gentrification devrait être envisagée
très longtemps, par ce qu'il y a un déficit d'habitants dans la
médina, Se pose donc l'équation suivante : comment maintenir cet
équilibre, et par là comment retenir la population sur place ou
attirer une population porteuse d'espoir ? Je crois qu'il faut aussi repenser
les espaces communs et introduire les services urbains de proximité
manquants : hôpital, poste, etc., éléments essentiels dont
l'absence amènerait les gens à quitter la médina.
Traverser toute la médina à pied pour acheter un timbre, aller
à l'école ou se soigner... n'est plus viable. Il s'agit d'assurer
aux habitants présents et futurs un niveau d'équipement en
services urbains à la hauteur au moins des autres quartiers
résidentiels.
Toutefois, dans la médina de Salé, la pression
foncière a chassé les commerçants et artisans
traditionnels du réseau soukier il y a plusieurs décennies. On
constate aujourd'hui qu'il ne reste plus qu'un seul cordonnier dans la rue des
cordonniers, le seul, également, à continuer à fabriquer
des babouches de manière artisanale ; sinon, règnent le plastique
dans toute sa splendeur et les chaussures de sport made in China. Toute la rue
a perdu son ancienne activité, on y vend tout et n'importe quoi, comme
dans un supermarché.
En revanche, le projet du Bouregreg au niveau de la Marina, a
malheureusement tourné complètement le dos à la
médina de Salé. Et aujourd'hui, on se retrouve avec une marina
que l'on pensait extrêmement intéressante parce qu'elle arrive
à 50, 60 mètres de la muraille, on disait « cela va attirer
du monde et des activités », eh bien non, car, juste
derrière la marina, le projet est en train de construire un mur
d'hôtels et de résidences de standing (rez-de-chaussée plus
deux et trois étages) barrant la vue sur la médina depuis le
Bouregreg. Outre le fait qu'on ne pourra plus apercevoir la médina de
Salé à partir du Bouregreg ou de Rabat ou de n'importe quel autre
point de vue ; il constitue non pas une continuité au sein de
l'agglomération, mais une véritable coupure visuelle et
réelle entre les cités médiévales de Rabat, des
Oudayas et de Salé.Ce projet ne prend en compte ni les besoins de la
ville de Salé, ni ceux de la ville de Rabat ou de la conurbation. On se
retrouve avec un projet parachuté, de type hors-sol, posé sur un
site assez extraordinaire (tout l'environnement de l'embouchure)... Le
gâchis vient du fait qu'avec ce projet on avait l'occasion de recoudre
une agglomération, celle de Rabat-Salé, de refaire une liaison
entre les trois sites médiévaux de la conurbation : la
médina de Rabat, la kasbah des Oudayas et la médina de
Salé et d'en refaire une centralité. Mais rien de cela n'a
été pensé et réalisé : on se retrouve face
à quelque chose d'indéfinissable et d'incompréhensible.
Les concepteurs s'amusent à prévoir, dans une autre phase du
projet du Bouregreg, une cité qu'ils appellent « la Cité des
arts et métiers », à l'image d'une grande cité
artisanale folklorisée où ils vendront des ersatz de la
médina, où le touriste n'aura même pas besoin d'aller en
médina, il aura tout à portée de main (comme dans un
supermarché) ; et le touriste navigateur, en accostant dans la marina,
pourra y faire ses courses et repartir aussitôt.
Pour revenir à la gentrification, nous aurions attendu
de ce projet qu'il participe à l'amélioration de l'image de la
médina, en provoquant un appel d'air auprès d'une population
aisée, en l'encourageant à venir s'installer en son sein ; mais
comme nous venons de le voir, le projet propose des logements de standing
déconnectés de la médina. Ce projet au potentiel «
gentrifiant » devient ainsi concurrent.
Pour finir, nous dirons que la sauvegarde de la médina
demande non seulement la mobilisation de la société civile (ONG,
etc.) mais aussi et surtout celle de la population qui l'habite ainsi que celle
l'Administration, avec un grand A, qui semble depuis près de 36 ans ne
pas avoir fait grand-chose pour elle. Le plus inquiétant, c'est que le
temps passe et efface ainsi chaque jour une part de notre patrimoine (et de
notre âme), mémoire que nous ne pourrons même pas laisser
à nos enfants.
On trouve parmi les entraves à l'investissement
dénoncées par les investisseurs eux-mêmes, par les
autorités publiques, ainsi par le CRI de la région
Rabat-Salé est l'accès au foncier. Ce dernier demeure parmi les
entraves majeures à l'investissement en raison de la complexité
des procédures visant sa mobilisation en faveur du développement
économique. Aussi, les documents d'urbanisme constituent parfois des
entraves à l'investissement.
|