Marketing territorial et études de cas de la ville de Salé.par Lamiae Kabbaj Université Mohammed V Rabat - Licence fondamentale en Management 2020 |
4. De Salé l'oubliée vers Salé qui aspire le réaménagement et la prospérité :Salé a longtemps été le symbole d'une civilisation urbaine, discrète et raffinée. La ville vivait jadis repliée sur elle-même, au point, dit la légende que ses portes étaient fermées en milieu d'après-midi à la prière d'Al Asr. Ironie de l'histoire, la ville allait s'ouvrir dans les années 70 à un flux incontrôlé de l'exode rural, et subir une expansion urbaine anarchique. La capitale Rabat, avec les moyens considérables dont elle dispose, aurait pu atténuer les conséquences fâcheuses, présentes et à venir, de cette urbanisation débridée. Une répartition plus judicieuse des ressources que possède Rabat aurait évité la paupérisation d'une grande partie de l'agglomération. A l'époque, des Slawis ont présenté une requête influents en vue d'étendre le statut de capitale à la ville de Salé, afin que cette ville bénéficie des avantages de Rabat, n'a pas eu de suite, au nom de prétendues hostilités historiques entre Salé et Rabat.Par conséquent, le déséquilibre entre les deux grandes parties de l'agglomération de Rabat-Salé ne pourra donc que s'aggraver. Le dénuement de certaines municipalités, comme celle de Laayayda, comptait essentiellement un habitat non-réglementaire, montre d'une part, l'ampleur des problèmes de l'éclatement urbain de Salé et d'autre part, la difficulté de la gestion de cet espace fragmenté. Cette évolution illustre également la rupture brutale entre le noyau ancien de la ville et ses périphéries abandonnées à la dérive. La pauvreté, la montée de la violence, l'insécurité quiengendre sans précédent de criminalité, le développement important de la vente de la drogue douce et dure et l'implantation de réseaux d'influence sont les conséquences logiques et majeures d'une urbanisation. Mais ce n'est pas seulement ça, d'après l'article publié dans le journal Aujourd'hui Le Maroc en décembre 200343(*), les principaux facteurs de l'insécurité à Salé, c'est clairement à cause des autorités qui n'arrivent pas à stabiliser l'ordre et la sécurité. Pour les habitants de la ville, l'insécurité s'explique par le manque de compétence des autorités et par d'autres facteurs à caractère socio-économique. Il y'a aussi la division territoriale entre les services de l'ordre qui a créé un vrai désordre pour le maintien de l'ordre et de la sécurité : la Sûreté nationale contre la Gendarmerie Royale. S'il n'y a pas de doute sur la collaboration constante entre les deux services, cette limite territoriale est, en revanche, bel et bien, le plus grand problème de l'insécurité.L'autre facteur qui participe amplement à l'insécurité de la ville de Salé et qui n'est pas des moindres est celui du pénitencier qui accueille des détenus des quatre coins du pays. A chaque fois que desprisonniers issus d'une autre ville sont libérés, ils commettent leurs premiers délits aux alentours de la maison d'arrêt. Pour rejoindre leurs villes d'habitation, ils doivent tout d'abord se procurer l'argent nécessaire au voyage ; quant aux SDF, ils cherchent à s'y installer pour reprendre leurs forfaits. Toutefois, on remarquait le manque des infrastructures sportives, les lieux de divertissements et culturaux au niveau de la ville(la plupart étant concentrées à Rabat), où les jeunes peuvent se donner l'énergie et occuper leur temps libre,ce qui fait les jeunes étaient préoccupés qu'avec la consommation des drogues de tous types ! A Salé, la drogue (hashish et psychotropes) se vend en plein jour comme au quartier Rostal où des garages ou appartements se sont transformés en des points noirs de commercialisation et ce, face au manque de moyens humains et matériels des services de police qui n'arrivent pas à couvrir l'ensemble des quartiers.Sans réelle alternative, ces jeunes sombrent dans les ténèbres de la drogue et de la criminalité.Les jeunes, premières victimes de ce fléau. Figure n° 6 : La proportion de détenus sur 100 personnes en 2017 251659264 Source : Dessin Mohamed Elkho-Le360 L'étude de la criminalité dans les grandes villes du pays se base sur le critère des arrestations par rapport au nombre d'habitants, selon les chiffres fournis par Haut-commissariat au plan suite au recensement de 2014. Marrakech est la ville qui a connu le plus grand taux de criminalité (3,33%), soit plus 3 délits et crimes pour chaque 100 habitants. 31.000 individus ont été arrêtés dans la ville Ocre entre mai 2016 et mai 2017. La région de Rabat-Salé-Skhirat-Témara occupe la deuxième place dans ce triste hit-parade avec une moyenne de 3,23%.Pas moins de 57.000 arrestations ont été opérées, selon les chiffres avancés par le préfet de police de Rabat, Mustapha Moufid lors de la célébration du 62e anniversaire de la création de la DGSN.44(*) 4.1. Les pratiques Marketing territorial réalisés à Salé :Depuis 2004, la ville de Salé comme d'autres villes du Maroc, a vécu au rythme de projets ambitieux structurants de développement, qui contribuent à l'amélioration de son attractivité et au renforcement de sa vocation touristique ainsi qu'au développement urbain de la ville, les conditions de vie des habitants et à faire de la ville l'un des plus grands pôles urbains du Royaume, parmi lesquels on peut citer: - Programme d'aménagement de la vallée du Bou Regreg,annoncé le 12 mai 2004 et qui s'étant une surfaceapproximative de 6000 ha situé entre les deux villes deRabat et Salé doté d'un montant global de 11 milliards dh. - Programme national de Villes sans Bidonvilles que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, a donné le coup d'envoi ets'étalesur 7 années 2004-2010, dans le but de l'éradication des Bidonvilles de la cité, parafé à Salé en date du 22/07/2004.Le financement du programme « Villes sans bidonvilles » est un défi auquel répondent des modalités originales de financement. Le financement repose sur 3 piliers ; les efforts des ménages, le financement direct par l'Etat (30 milliards de dirhams sur 10 ans), et la mise en place de crédits bancaires appropriés et garantis. La part de l'Etat a été abondée par la création d'une taxe nouvelle sur les sacs de ciments utilisés par les habitants pour les constructions légales et informelles ; cette taxe a permis de décupler le budget du Ministère. - Programme de l'Initiative Nationale de Développement Humain annoncé le 18/05/2005 visant la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. - Programme de mise à niveau urbain de la ville (2014-2016) dont le lancement a été donné le 12/02/2014 avec un budget d'environ 1,038 milliards. - Programme national de collecte et traitement des ordures ménagères bénéficiant d'un budget de 161 millions de dh pour l'ensemble urbain de Rabat-Salé - Programme national d'assainissement liquide et traitement des rejets. - Programme de développement communal porté par les différentes instances élues. - Programme de développement régional porté par le conseil de la région Rabat-Salé-Kenitra. - Programme Technopolis lancé en 2005 qui appuie la vision stratégique Maroc électronique. - Programme des tissus urbains traditionnels qui vise la réhabilitation de la médina de Salé et des hôtels, la restauration des monuments historiques, la réhabilitation des habitations menaçant ruine, l'aménagement de la corniche et de la route côtière, la mise à niveau des entrées Nord de la ville et des établissements sportifs, ainsi que la mise à niveau des quartiers sous-équipés, dans le cadre de la première convention de partenariat en avril 2007 avec un budget de 54 millions de dh et la deuxième en mai de lamême année avec un budget de 36 millions de dh. - Convention cadre du programme de mise à niveau et dedéveloppement de la médina de Salé 2019-2023. Ces projets ont nécessités des sommes colossales pour l'Etat, mais l'accélération de la cadence s'impose et le développement territorial est une nécessité.Cet objectif répond à de multiples enjeux : il s'agit, non seulement d'attirer des entreprises, des hommes et des capitaux extérieurs, mais aussi de redynamiser l'existant en valorisant les acteurs locaux. Les programmes cités avant ont été conçus dans leur quasi-totalité, c'est à direquelque 'uns sont toujours cours; notamment celui de l'aménagement de la vallée Bouregreg, jusqu'aujourd'hui les projets au niveau de l'espace de la rive est un chantier vaste de projets et cela a durévingt ans, une période plus ou moins longue d'immobilisme et de léthargie, une période qui a connu une amplification d'un certain nombre de phénomènes anarchiques dans pratiquement l'ensemble des aspects de la vie des citoyens: habitat, transports, services publics... La Marina, la Tour Mohammed VI (projet de BMCE) ou encore le Palais des congrès sont les projets phares qu'abrite ou abritera la ville de Salé et plus précisément sa rive du Bouregreg, dite l'Oulja. Donnant sur Rabat, la rive connaît ainsi une métamorphose, depuis le lancement du projet d'aménagement de la vallée de Bouregreg en 2004. Le Roi avait donné le coup d'envoi officiel des travaux de la Tour Mohammed VI le 1er novembre 2018. Cette Tour symbolise l'émergence et le rayonnement des deux villes jumelles Rabat et Salé, dans le cadre du programme « Rabat ville lumière, capitale marocaine de la culture », dont l'Agence Bouregreg constitue un des principaux partenaires. Pour assurer la bonne circulation entre les deux rives, les chantiers de construction de ponts se sont succédé. Les derniers ont été ceux du pont Moulay Youssef inauguré en 2014 et de celui de Ribat Al Fath en 2018, permettant d'assurer une grande fluidité du trafic.En ce qui concerne la ville un programme de mise à niveau urbaine intégrée a été lancé en 2014 avec un budget de 1 milliard de dirhams. Ce programme prévu sur 2 ans devait préserver le patrimoine historique de Salé, améliorer le cadre de vie de ses habitants et redynamiser sa base socio-économique.Selon Fikri Benabdellah45(*), président de l'Association Rabat-Salé mémoire, ce programme a permis de nombreuses réalisations. Assez en tout cas selon lui pour ne pas s'attarder sur ses manquements. La ville devrait, d'ailleurs, profiter d'un programme complémentaire de réhabilitation de sa médina, dans le cadre d'un programme lancé par le roi en octobre 2018, pour la réhabilitation des médinas de 4 villes, en l'occurrence Salé, Meknès, Tétouan et Essaouira. Ainsi, dans le cadre de ce projet, Salé s'est vu allouer une enveloppe 900 millions de dirhams.Benabdellah a souligné que depuis 2018, se rajoutent 4 milliards de dirhams pour la mise à niveau du reste de la ville. Il est ainsi question de l'élargissement de voies, de l'intégration d'équipements dans différents secteurs de la vie, de la rénovation de l'habitat insalubre, équipements culturels, etc., soit des chantiers à l'image de ceux initiés à Rabat. Par conséquent ce nouveau programme est censé aidé à briser la monotonie de longues années de cette cité, considérée comme une "ville-dortoir" et pallier le manque d'équipement dont elle a beaucoup souffert.Benabdellah explique d'ailleurs que Salé, tout autant que Témara, a historiquement constitué un déversoir pour l'exode rural, ce qui a épargné Rabat. «La ville de Salé a beaucoup souffert de cette situation mais il faut tout de même avouer que ce sont les promoteurs et les propriétaires terriens Slawis qui ont mené leurs projets à tambour battant qui n'en ont pas fait une véritable ville».De même, l'ancien ministre des Finances et ancien maire de Rabat, Fathalah Oualalou, déplore cette conception de la ville. Souligne qu'hormis l'ancienne Médina, «le reste a été conçu pour accueillir ceux qui travaillent à Rabat», ce qui confirme le statut de ville-dortoir. En effet, Salé abrite beaucoup de gens qui travaillent à Rabat, les gens choisissent souvent Salé comme destination de logement du fait de sa proximité de la ville administrative, capitale du pays, où la plupart des unités économiques et administrations publiques se trouvent. Il y a aussi les écoles supérieures qu'ils soient publiques ou privées au niveau de Rabat et Salé comme on les a déjà cité précédemment et qui attirentdes étudiants à l'échelle nationale. Dans le cadre de l'aménagement de la Vallée Bouregreg, il y Il y a eu récemment une très belle initiative de la part de l'agence de Bouregreg avec des projets très intéressants ! L'AAVB (Agence pour l'Aménagement de la Vallée du Bouregreg) et la FUNCI ont signé un accord en 2014 afin de créer «l'école de jardinage Med O Med - Bouregreg» dans la ville de Salé, un projet de formation et d'insertion professionnelle à caractère social, culturel et environnemental. Il a pour objectif de renforcer les capacités des personnes menacées d'exclusion sociale en les dotant des qualifications nécessaires pour devenir des jardiniers capables de créer et d'entretenir les espaces verts dans les règles de l'art, notamment l'art des jardins arabo-andalous. 120 bénéficiaires sont formés en jardinage et 90 % d'entre eux sont accompagnés pour être placés dans un emploi stable. 9 formateurs marocains sont formés au cursus de formation développé et enseigné par l'Université de Séville.46(*)En fait, les apprentis ont déjà planté une grande partie du jardin, qui compte 120 espèces botaniques différentes. Le reste de l'espace sera transformé en crèche durant l'année scolaire 2020-2021. Parallèlement, et dans le but d'assurer la pérennité économique du projet, cet espace deviendra un parc culturel attractif ouvert au public, avec une boutique de vente de plantes et de produits issus de l'agriculture biologique, et un restaurant, en plus d'offrir toutes sortes d'ateliers et d'activités culturels et de sensibilisation.47(*) Le recrutement et la formation, constitue l'âme de ce projet social, destiné aux groupes à risque d'exclusion sociale, est mené par le professeur de l'Université de Séville Alberto Juan y Seva, grâce à un accord signé par la FUNCI avec cette université. Le diplôme de cette école de formation non formelle sera reconnu par le ministère marocain de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Cette école est en passe de devenir non seulement une référence sociale pour le Maroc, mais aussi un exemple environnemental et touristique. Figure n°7 : L'école de jardinage de MED O MED à Bouregreg, Salé Source : la page Facebook @EcoledeJardinageBouregregMedomed · Formation 251653120 Figure n°8 : La promotion 2018 des étudiants de l'école de Jardinage à Salé 251658240 Source : Photographies sur le site medomed.org/gardening-school-project-sale 251656192 Avec la même agence, dans le cadre de l'aménagement et de développement des deux rives du fleuve Bouregreg, s'est jointe à Al Mâabar d'Abou Dhabi, afin de créer une cité de 35 hectares comprenant des résidences, hôtels, commerces et musées, en plus d'une cité des arts et métiers : Bab Al-Bahr. Elle doit accueillir le 1er hôtel Rotana du Maroc, hôtel 5 étoiles de deux cent cinquante chambres avec salle de sports, piscine, restaurants et espaces « business. Il est prévu aussi la construction d'une tour de quatorze étages appelée « Sport Eco City ». On peut aussi voir au niveau du Bouregreg actuellement deux beaux terrains dédiés au basket-ball, aussi bien d'autres terrains de différents sport, et une piscine. Cela estaprès avoir démolitun immeuble en 2018, car non conforme sur instructions royales. Ces deux aires de jeu ont été construites grâce à la même agence« l'Agence d'aménagement de la vallée du Bouregreg ». Les jeunes pourront donc s'adonner, sous le pont du Bouregreg, à plusieurs sports, merci Majesté ! On ne peut pas également ignorer un projet de grande envergure qui sera officiellement inaugurés ; L'institut Supérieur de laMagisture (ISM) établi dans la zone Technopolis de Rabat-Salé.Mohamed Aujjar, ministre de la Justice,a déclaré à le360 que l'Institut "assurera la formation dans tous les métiers de la magistrature, notamment ceux des greffiers et des notaires".48(*) L'ISM aura une capacité d'accueil et d'hébergement de 1.000 personnes. Il s'agit d'un établissement public à caractère administratif relevant du ministère de la Justice. L'Institut est doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière et son budget est rattaché, pour ordre, au budget général de l'Etat. Le Maroc s'est inscrit ces dernières années dans une perspective accordant une importance incontournable à la logistique, la considérant comme un défi majeur des politiques publiques en vue de rendre le territoire bien aménagé et bien équipé et donc attractif. C'est dans ce cadre que la « régionalisation avancée » et les politiques de développement visant à lutter contre les inégalités régionales et à faire bénéficier les régions des avantages concurrentiels issus d'une logistique performante et un meilleur assainissement des territoires afin de réaliser un développement durable. Salé est desservie par le tramway qui assure une mobilité écologique reliant Salé et Rabat et donc traversant le Bouregreg permettant d'assurer le transport des citoyens mais également de réduire le nombre de bus traversant le pont principale source de l'embouteillage. D'ailleurs, il est prévu l'extension du réseau tramway pour arriver à la ville Salé Al Jadida, ce qui facilitera de plus en plus le déplacement dans toute la commune de Salé. L'aéroport international de Rabat-Salé dessert cette dernière, permettant ainsi l'accueil des touristes. Tout de même, le LGV maintenant assure le déplacement de Salé-Rabat vers Tanger en une heure seulement ! Cela fait déjà un avantage pour les deux villes. D'après Wikipédia, une gare TGV est prévue en périphérie près de Technopolis. Ça serait un projet très intéressant et innovant en faveur de Salé et précisément Salé Al Jadida la petite ville dortoir qui se trouve juste à côté du Technopolis. * 43Aujourd'hui le Maroc « Les principaux facteurs de l'insécurité à Salé »2003 ; https://aujourdhui.ma/societe/les-principaux-facteurs-de-linsecurite-a-sale-3991 * 44Article19.ma : Éclairage - Drogue et chômage, les viviers de la criminalité à Salé (2018) ; http://article19.ma/accueil/archives/86890 * 45Economie-entreprises: Salé, l'oubliée ? (2019) * 46 https://drosos.org/fr/projekte/med-o-med-ecole-de-jardinage-bouregreg/ (2020) * 47 https://medomed.org/featured_item/gardening-school-project-sale/ * 48LE360- AU COEUR DU NOUVEAU SIÈGE DE L'INSTITUT SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE (2017). |
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