CHAPITRE IX - DISCUSSION DES RÉSULTATS
Dans l'ensemble, les résultats de nos investigations
démontrent chez les élèves interrogés, une bonne
capacité d'adaptation à leurs difficultés scolaires qui
s'exprime dans l'ensemble par des niveaux de stress scolaire relativement
modérés. De façon plus concrète, les
élèves mettent majoritairement à contribution le style
productif, suivi par le style non productif et le style référence
aux autres. Par ailleurs, le style productif et le style
référence aux autres se rapportent à un niveau de stress
scolaire faible, contrairement au style non productif qui est associé
à un niveau élevé de stress.
Ces constats rejoignent les conclusions de recherches
antérieures réalisées auprès de groupes culturels
variés, notamment sur le coping des adolescents Australiens,
Québécois, Suisses, Américains (Frydenberg & Lewis,
1994; Seiffge-Krenke & Shulman, 1990; Stark & al., 1989) qui utilisent
un large répertoire de stratégies associées au style
« productif ». Les recherches de Seiffge-Krenke (1993) portant sur le
coping ont conclu que l'utilisation de stratégies «
fonctionnelles» caractérise les groupes d'adolescents normaux,
alors que l'utilisation des stratégies « dysfonctionnelles »
prédomine dans les groupes d'adolescents cliniques.
En accord avec les résultats de notre première
hypothèse, plusieurs études confirment que les stratégies
productives sont associées au bien-être psychologique (Frydenberg
& Lewis, 2004; Pronovost & al., 2003; Compas, 1987) tandis que les
stratégies non productives sont liées à une mauvaise
adaptation psychosociale. Ebata et Moos (1991, 1994) ont montré que
l'utilisation de stratégies comme l'évitement (coping non
productif), place l'adolescent dans une situation où il risque de faire
preuve d'une faible adaptation aux stress et aux crises qui surviennent au
cours sa vie. Par ailleurs, les jeunes qui emploient l'évitement
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comme stratégie de coping semblent présenter
plus de détresse psychologique, et vivre des stress chroniques.
Dans une étude longitudinale sur les styles de coping
approche (style productif) et évitement (style non productif), en
relation avec la santé mentale des adolescents, Herman-Stahl, Stemmler,
et Petersen (1995) relèvent que ce n'est pas seulement la faible
fréquence d'utilisation du coping évitement qui est
bénéfique à une adaptation optimale, mais c'est aussi et
surtout la présence du coping approche. Ainsi, les adolescents qui
utilisent un coping approche (qu'ils privilégient ce style ou qu'ils en
usent avec un emploi réduit du style évitement) ont moins de
symptômes dépressifs. En revanche, ceux qui utilisent uniquement
un style évitement présentent plus de ces symptômes. En
outre, les sujets qui après une année sont passés d'un
style de coping évitement à un style approche ont vu leurs
symptômes dépressifs diminuer significativement, alors que
l'inverse s'est produit chez ceux qui sont passés d'un style approche
à un style évitement.
En ce qui concerne la seconde hypothèse, les
résultats sont comparables à ceux d'une étude
longitudinale effectuée par Jonhson et Pandina (1993), où le
coping utilisé par 1270 adolescents vivant différents niveaux de
stress a été examiné, mais cette fois en association avec
des problèmes de consommation d'alcool. Leurs résultats indiquent
que les adolescents très stressés qui utilisent souvent la
recherche de soutien affectif (coping référence aux autres)
disent vivre moins de problèmes reliés à la consommation
d'alcool. Par contre, les adolescents qui vivent un niveau de stress
élevé et qui utilisent des stratégies de coping
dysfonctionnelles dans le but de faire baisser la tension ou de la
réprimer connaissent le plus grand nombre de problèmes
reliés à la consommation d'alcool. Jorgensen et Dusek (1990) ont
aussi mesuré le coping et l'adaptation psychosociale de 139 adolescentes
et 192 adolescents. Les adolescents qui ont des problèmes au niveau
psychosocial, en comparaison avec ceux qui sont mieux adaptés,
utilisent
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davantage un style de coping non productif; comme la
rêverie, blâmer les autres pour leurs problèmes,
écouter de la musique, dormir, crier... pour réduire la tension.
Ils utilisent aussi des stratégies d'évitement comme consommer
des substances, rester loin de la maison aussi longtemps que possible et/ou
essayer de minimiser leurs problèmes. Toutes ces stratégies sont
non productives puisqu'elles tentent uniquement de réduire la tension
plutôt que de produire des comportements qui pourraient vaincre la
difficulté.
Les résultats portant sur la troisième
hypothèse n'ont pas permis d'établir de différence
significative entre le coping productif et le coping référence
aux autres, même si les moyennes obtenues vont dans le sens de
l'hypothèse formulée. La moyenne du stress scolaire obtenue pour
le coping référence aux autres est plus élevée que
pour celle du coping productif. Il est intéressant de noter à ce
sujet les études qui témoignent que le fait de recevoir du
soutien est une bonne gestion de stress et favorise une adaptation plus
adéquate. En effet, des recherches ont démontré que le
soutien social notamment familial (assimilable au coping
référence aux autres), favorise le bien-être psychologique
des personnes qui le reçoivent (Pronovost & al., 2003). Hess et
Copeland (2001) expliquent aussi que les élèves ayant des
activités sociales limitées et recourant rarement à des
stratégies de recherche de soutien social sont plus à risque
d'abandon scolaire. Ces chercheurs, à partir d'une étude
effectuée auprès de 92 adolescents américains ont
confirmé l'hypothèse selon laquelle l'utilisation du support
familial comme stratégie d'adaptation prédit la réussite
scolaire et l'apprentissage de stratégies d'adaptation telles que la
résolution de problèmes aide les adolescents à diminuer
leur stress. Menna et Ruck (2004) renchérissent que s'adapter
efficacement est important dans l'apprentissage des mathématiques, de la
lecture et des sciences. Il s'agit de conclusions remarquables qui soulignent
l'intérêt et l'importance de fournir un appui aux
élèves pour les aider à améliorer leurs
performances.
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Toutefois, ces recherches mesurent le coping de type social
à partir d'échelles non comparables aux trois styles
répertoriées par Frydenberg et Lewis.
En résumé de ce qui précède, nous
pouvons retenir que les adolescents qui ne savent pas comment résoudre
leurs difficultés et qui se montrent plus vulnérables au stress,
peuvent voir leur adaptation et leur réussite scolaires compromises.
L'état de stress correspond à une expérience subjective
qui est susceptible d'amoindrir les facultés intellectuelles, les
émotions, les comportements et l'organisme d'une personne. Le coping
peut être considéré comme une forme de résolution de
problèmes qui se rapporte spécifiquement aux contraintes ou
demandes de l'environnement, vécues par l'individu comme productrices de
stress. Il faut donc nécessairement prendre conscience de ces modes
habituels de réactions et d'ajustement au stress, pour parvenir à
opérer les changements nécessaires à une
amélioration des performances chez les élèves. C'est ce
qui justifie les recommandations ci-après.
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