WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La théorie face à  la pratique des règles de décisions d'investissement (RDI) dans le secteur bancaire d'Haïti.


par Venel Geneus
Université Catholique de Louvain (UCL) - Master en Sciences de Gestion 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2 Revue de littérature

Les règles de décisions d'investissement (RDI) sont parmi l'un des sujets les plus étudiés par les « chercheurs-sondeurs », c'est-à-dire utilisant les sondages en finance pour appuyer leurs recherches (Baker, Singleton, et al., 2011). Baker et al (2011) font mention de plus d'une centaine de recherches sur le sujet. De son côté, Lazaridis (2004) souligne que les RDI peuvent affecter la compétitivité de l'entreprise, dans la mesure où, le bon choix des RDI peut lui donner un avantage sur ce plan.

Les projets d'investissement doivent par essence aider à maximiser la valeur de l'entreprise pour ses actionnaires ou ses propriétaires, car du point de vue Welch, il s'agit de l'un de ses objectifs majeurs (1980). A cet effet, des règles ou techniques conduisant au bon choix des projets d'investissement ne peuvent être que très importantes pour l'entreprise.

La pratique et la préférence pour certaines RDI varient selon le pays dans lequel l'entreprise se trouve. Des auteurs tels que Graham et Harvey (2001), Hermès, Smid et Yao (2007) soutiennent que les RDI sont influencées par « l'effet-pays6 »; en témoigne la disparité dans la pratique des RDI, à travers les différentes recherches menées au cours des deux dernières décennies. Par exemple, les entreprises américaines et canadiennes préfèrent en général, la VAN et le TIR (Bennouna et al., 2010; Chadwell-Hatfield, Goitein, Horvath, & Webster, 1997; Cooper, Morgan, Redman, & Smith, 2002; Graham & Harvey, 2001; Ryan & Ryan, 2002). Dans la littérature pour les entreprises françaises, une forte préférence est observée pour le DRS et le TIR (Brounen et al., 2004). Celle-ci est plus ou moins la même pour bon nombre d'autres pays européens tels que l'Italie, la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie (Andor, Mohanty, & Toth, 2015; Rossi, 2014). L'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède ont, quant à eux une forte préférence pour le DRS et la VAN (Brounen et al., 2004; Daunfeldt & Hartwig, 2014). A l'exception de quelques pays d'Europe de l'est (Bulgarie, Romanie), la pratique en Europe du taux de rendement comptable (TRC) est quasiment inexistante (Andor et al., 2015). Les pays asiatiques tels que la Chine et la Malaisie pratiquent quant à eux fortement la VAN et le DRS (Hermes et al., 2007; Kester et al., 1999). D'autres pays asiatiques comme Hong Kong, Singapour et les Philippines préfèrent davantage le TIR et le DRS (Kester

6 Se dit des facteurs spécifiques à un pays tels que : les politiques économiques, le type de taxation, les principes comptables, le climat socio-comportemental, la culture, la technologie, le type de gouvernement, la situation politique et les infrastructures (Kengatharan, 2016).

12

et al., 1999). Au Japon, on observe beaucoup plus l'utilisation du DRS et de la VAN (Shinoda, 2010). Le TIR est, également, très populaire en Inde (Babu & Sharma, 1996; Singh et al., 2012; Verma, Gupta, & Batra, 2009). En Afrique, la majorité des entreprises sud-africaines jonglent entre la VAN et le TIR (Correia & Cramer, 2008; Maroyi & van der Poll, 2012). En Amérique du sud, ils ont opté, le plus souvent, pour les RDI telles que la VAN, le TIR et le DRS (Maquieira, Preve, & Sarria-Allende, 2012; Mendes-Da-Silva & Saito, 2014). D'autres pays tels que le Nigéria, Chypre et la Jordanie ont une certaine préférence pour le DRS (Elumilade et al., 2006; Khamees, Al-Fayoumi, & Al-Thuneibat, 2010; Lazaridis, 2004). Selon Elumilade et al (2006), le taux de rentabilité comptable (TRC) est aussi très pratiqué au Nigéria, et Khamees et al (2010) soulignent que l'indice de profitabilité (IP) est la méthode la plus populaire chez les entreprises jordaniennes. Au Pakistan, il existe une certaine popularité pour la VAN et le DRS auprès des petites entreprises et pour le TIR, chez les grandes entreprises (Zubairi, 2008). Au Népal, après un sondage auprès de 50 fermes de café, on a observé une certaine popularité pour la méthode ratio bénéfice-coût, la VAN , le TIR et le DRS (Poudel et al., 2009).

Jusqu'à nos jours, les recherches réalisées sur la pratique des RDI dans divers pays ont montré qu'il existe une certaine divergence entre la théorie et la pratique. Néanmoins, d'ordre général, on peut observer qu'il y a un certain penchant pour les règles de flux de trésorerie actualisé. De plus, on constate que dans la littérature, davantage de sondages sont réalisés dans les pays développés au détriment des pays en voie de développement. D'ailleurs, Kengatharan (2016) s'en plaint et invite d'autres chercheurs à en faire plus, pour vérifier l'influence de l'effet-pays sur les RDI.

Toutefois, le peu de recherches disponibles sur la pratique des RDI dans les pays en voie de développement, a confirmé une forte utilisation de la règle du délai de récupération simple (DRS), allant à l'encontre de la recommandation de la théorie. Holmen (2009) souligne que des facteurs comme l'imperfection du marché, l'instabilité ou la crise politique influencent le choix des RDI dans les pays en voie de développement. En effet, en situation de crise politique, les chefs d'entreprises utilisent beaucoup plus de techniques simples comme le DRS plutôt la VAN. Aussi, il explique qu'en situation de marché imparfait, il est très complexe pour une entreprise d'estimer les effets des risques politiques dans le calcul de la VAN. (Holmen & Pramborg, 2009; Kengatharan, 2016).

Kengatharan (2016) a regroupé les différents facteurs influençant le choix des RDI évoqués dans la littérature au cours des deux dernières décennies, et parmi ceux-ci, on retrouve l'éducation financière des chefs d'entreprise. D'après lui, presque tous les auteurs s'entendent que les chefs d'entreprise qui ont un bon niveau d'éducation financière ont moins de difficulté à saisir les méthodes de RDI dites sophistiquées, et de ce fait, devraient être en mesure de les appliquer. Par exemple Hermes et al (2007), Graham et Harvey (2001) ont observé qu'il existe aux États-Unis une corrélation positive entre les chefs des grandes entreprises qui ont un MBA7 et l'utilisation de la VAN. Inversement, les petites entreprises dont leurs chefs n'ont pas de MBA, sont plus portés à utiliser le DRS. A l'exception de l'Angleterre, cette tendance a, aussi, été observée en France, aux Pays-Bas et en Allemagne, où les chefs d'entreprises ayant un niveau MBA utilisent des méthodes comme le TIR et la VAN (Brounen et al., 2004). Selon Pike (1996) et Sangster(1993), la disponibilité des mécanismes complexes de computation et de softwares informatiques, surtout dans les pays développés, a facilité l'expansion et la popularité des méthodes de flux de trésorerie actualisé. Cependant, selon Kengatharan (2016), aucun sondage auprès des pays en voie de développement n'a été fait pour vérifier l'existence ou non, d'une corrélation entre un niveau d'éducation en MBA et l'utilisation des méthodes de flux de trésorerie. Ce dernier et d'autres auteurs tels que Léon et al (2008) soulignent que les décisions en matière de finance, par extension les RDI, sont influencées par les «illusions cognitives8» des décideurs ou chefs d'entreprise. Ils ont donc démontré l'importance de la finance comportementale dans la compréhension des choix de RDI. Selon eux, les chefs d'entreprises ne font pas toujours montre de rationalité, comme le préconisent les théories traditionnelles de la finance. De ce fait, des facteurs comme l'influence culturelle des entreprises peuvent jouer un grand rôle dans le choix des RDI. En ce qui concerne les pays en voie de développement, Kengatharan (2016) déplore l'inexistence de recherches sur les RDI, en matière de finance comportementale.

13

7 Master in Business Administration.

8 Se dit des biais cognitifs.

14

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci