4.2 Limites et recommandations
Il existe pas mal de limites au travail que nous venons de
mener. Nous inviterons donc à la prudence quant à la
généralisation des conclusions faites par rapport au
système bancaire dans le cadre de ce travail. Nos données ont
été recueillies seulement auprès de quatre banques du
système bancaire, alors qu'il en existe huit au total (excluant la BRH).
En dépit du fait que les quatre banques étudiées sont les
plus importantes dans le secteur bancaire haïtien, cependant, il serait
sans doute pertinent de comprendre également la pratique des quatre
autres banques que nous n'avons pas réussi à inclure dans notre
analyse.
Un autre fait important est que le système financier
haïtien est composé aussi des institutions non-bancaires comme les
coopératives d'épargne et de crédit et les institutions de
microfinance (loi du 20 Juillet 2012). Ces institutions non-bancaires
appliquent aussi les règles de décisions d'investissement. Il
aurait été judicieux de les inclure dans notre travail, ce qui
aurait donné une dimension plus équilibrée à nos
analyses et conclusions sur la pratique des RDI en Haïti.
La majorité des études voulant cerner la
pratique des RDI dans un pays donné a opté pour une analyse
incluant généralement tous les secteurs d'activités
(bancaires et non-bancaires). Les auteurs procèdent
généralement par la collecte des données auprès
d'un maximum d'entreprises de tout secteur confondu existant dans le pays en
question (Baker, Singleton, et al., 2011). De ce fait, une des limites de notre
travail est d'avoir choisi de
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circonscrire cette recherche au secteur bancaire. Alors que
dans la pratique, la majorité des entreprises en Haïti font partie
du secteur de l'économie informelle (Aspilaire, 2014). En outre, il
serait, aussi, pertinent d'analyser la pratique des RDI dans le secteur
informel haïtien.
Pour collecter les données, en raison de la
difficulté de se rendre en Haïti, nous avons décidé
d'opter pour le format des questionnaires en ligne. En tenant compte des
différents biais de cette méthode, il nous aurait paru judicieux
d'essayer d'interviewer quelques responsables de banques. Ceci nous aurait
permis de mieux comprendre pourquoi nos hypothèses de départ
n'ont pas été confirmées. Par exemple, nous aurions pu
aussi savoir directement pourquoi les responsables des Banques haïtiennes
préfèrent une RDI par rapport à une autre. Plus
concrètement, les interviews auraient permis de savoir si les
responsables des banques estiment que leurs choix de RDI sont influencés
par la pratique en vigueur dans les pays où ils ont fait leurs
études, ou si cette pratique aurait été imposée par
la Banque centrale, en l'occurrence par la BRH.
Par ce travail, nous avons également essayé de
voir si la pratique des RDI dans le système bancaire haïtien est
influencée par celle de la France, vu qu'Haïti, pays à
faible revenu, est d'influence française de par son histoire et son
système éducatif. Plus précisément, nous avons
voulu voir si Haïti, tout comme la France, aurait une plus grande
préférence pour le TRI. Nous aurions pu aborder cette
hypothèse en adoptant une méthode comparative entre la pratique
des RDI dans d'autres pays à faible revenu qui sont influencés
aussi par la France, afin de voir s'il existe une convergence ou non dans la
pratique du TRI entre la France et ces autre pays (ex ; le Burkina Faso, le
Niger...). En outre, nous recommanderons de nouvelles études
orientées dans ce sens.
Il aurait été aussi pertinent de comparer la
pratique des RDI dans le système bancaire haïtien à celui
d'un autre pays à faible revenu ayant plus ou moins les mêmes
caractéristiques qu'Haïti. Cela aurait permis de vérifier
davantage le degré d'importance de l'effet pays par rapport aux
RDI.
Enfin, dans la littérature, d'autres études sur
la pratique des RDI se sont intéressées également sur la
façon dont les pays à faible revenu calculent les flux de
trésorerie (Mbabazize & Daniel, 2014), notamment en se demandant
s'ils tiennent compte de l'inflation ou encore du type de taux utilisé
dans l'actualisation des flux. Au regard de la situation instable d'Haïti
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de la difficulté à trouver des données
fiables, il serait pertinent que d'autres études explorent la
mécanique des taux utilisés dans la pratique des RDI en
Haïti.
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