2.1.1.2.2.3. Capital humain
Il a été mis en évidence par deux (02)
économistes de l'Ecole de Chicago, TheodorSchultz et Gary Becker, et est
au centre des études menées par R.E Lucas (Prix Nobel en 1995).
Le capital humain désigne l'ensemble des capacités apprises par
les individus et qui accroissent leur efficacité productive. Chaque
individu est en effet, propriétaire d'un certain nombre de
compétences, qu'il valorise en les vendant sur le marché du
travail.
Cette vision n'épuise pas l'analyse des processus de
détermination du salaire individuel sur le marché du travail,
mais elle est très puissante lorsqu'il s'agit d'analyser des processus
plus globaux et de long terme. Dans ce schéma, l'éducation, est
un investissement dont l'individu attend un certain retour. Il est alors
naturel de souligner que la tendance plus que séculaire dans les pays
occidentaux à un allongement de la durée moyenne de la
scolarité est une cause non négligeable de la croissance.
2.1.1.2.2.4. Capital public
En théorie, le capital public n'est qu'une forme de
capital physique. Il résulte des investissements opérés
par l'Etat et les collectivités locales. En mettant en avant le capital
public, cette nouvelle théorie de la croissance souligne les
imperfections du marché. Outre l'existence de situations de monopole,
ces imperfections tiennent aux problèmes de l'appropriation de
l'innovation. Du fait de l'existence d'externalités entre les firmes,
une innovation, comme il a été dit précédemment, se
diffuse d'une façon ou d'une autre dans la société. La
moindre rentabilité de l'innovation qui en résulte, dissuade
l'agent économique d'investir dans la recherche-développement.
Dans ce contexte, il pourra incomber à l'Etat de créer des
structures institutionnelles qui soutiennent la rentabilité des
investissements privés et de subventionner les activités
insuffisamment rentables pour les agents économiques et pourtant
indispensables à la société.
Par ailleurs, les auteurs ont mis en évidence plusieurs
facteurs dont la prise en compte dans les fonctions de production favorise la
croissance endogène. Ainsi, Riadh Ben Jelili (2000) a isolé
quatre (04) facteurs de la croissance endogène présentés
comme suit : (i) rendements croissants des facteurs, (ii)
investissements en recherches et développement, (iii) accumulation du
capital humain, (iv) capital public à travers l'implantation des
infrastructures.
Le modèle de Solow n'expliquait pas tous les facteurs
qui concourent à la croissance, il signalait simplement que grâce
au progrès technique, la croissance peut perdurer. Pour les tenants de
la théorie de la croissance endogène, le progrès technique
ne tombe pas du ciel. La croissance est ainsi assimilée à un
phénomène auto-entretenu par accumulation de quatre facteurs
principaux: (i) la technologie, (ii) le capital physique, (iii) le capital
humain et (iv) le capital public. Le rythme d'accumulation de ces variables
dépend de choix économiques, c'est pourquoi on parle de
théories de la croissance endogène. L'opinion considère
Paul Romer (1986) comme le chef de file d'une nouvelle vague d'auteurs qui ont
profondément renouvelé la théorie de la croissance. Dans
la file nous retrouvons des noms aussi prestigieux que Frankel, Lucas, Barro,
Howitt, Aghion, Mankiw, etc. C'est Frankel qui, avec le modèle AK, a
esquissé en 1962 l'épure de la croissance endogène mais
c'est Lucas qui l'a popularisée en 1988.
Pour sortir de l'impasse de l'exogénéité
des déterminants de la croissance, ces auteurs ont introduit de
nouvelles hypothèses et apporté de nouveaux
éléments dans l'analyse.
Ils poussent l'audace jusqu'à quitter le cadre
d'analyse néo-classique en remettant en cause de façon radicale
deux (02) de ses postulats de base : les rendements décroissants et le
marché de concurrence pure et parfaite pour leursubstituer les postulats
de rendements croissants et de concurrence monopolistique.
Les théoriciens de la croissance endogène vont
reprendre cette idée et l'élargir. Si l'on peut parler de
croissance endogène c'est parce que les facteurs qui expliquent la
croissance trouvent leurs origines dans les décisions endogènes
des agents économiques.
Ces modèles ont porté un nouvel éclairage
sur les raisons du progrès technique, mettant en avant le rôle
primordial joué par les innovations dans la croissance
économique. Ils ont également réhabilité les
politiques économiques comme facteurs influents de la croissance
économique. Les théories de la croissance endogène tentent
ainsi d'apporter une solution aux problèmes suivants : peut-on expliquer
la croissance par des éléments propres au système ?
Par conséquent, il résulte du fonctionnement
même de l'économie. C'est cette idée que Paul Romer a
développé dans les années 80-90.
Aussi, d'après Dominique Guellec, le coeur de la
croissance endogène réside dans l'hypothèse que la
productivité marginale du capital ne s'annule pas lorsque le stock de
capital devient grand.
Les modèles récents de croissance (pour
l'essentiel, les modèles dits de croissance endogène) estiment
pour la plupart qu'en dehors de la prise en compte des effets externes, l'Etat
exerce une influence directe sur l'efficacité du secteur privé:
les investissements publics concourent à la productivité
privée. Ainsi, sans routes, quelle serait la productivité d'une
entreprise de transport ? C'est dans cette optique que Barro (1990, 1991)
présente un modèle de croissance où les dépenses
publiques jouent un rôle moteur (Agenor, 2000).
|