2. Analyse de situations vécues
La deuxième partie de ce travail consistera à
décrire le matériel et la méthode utilisée pour
cette recherche. J'évoquerai également deux situations
rencontrées lors de ma pratique.
2.1. Matériel et méthode
Une revue critique et ciblée de la littérature
scientifique m'a permis de dégager certains concepts fondamentaux
pouvant intervenir dans la relation infirmier - patient étranger. Je
vais maintenant décrire deux situations rencontrées, avec des
patients étrangers, lors de ma pratique d'infirmier en psychiatrie.
Ma recherche est de type qualitative et se focalise sur
une analyse de situations vécues.
Limites :
Pour réaliser l'entièreté de ce travail, je
ne disposais de quelques mois environ ; ce qui est peu pour ce type de
recherche. J'étais dans l'obligation de faire des choix au niveau de ma
méthodologie :
- cibler de manière utile la littérature existante
sur le sujet
- limiter la présentation des cas que j'avais pu
rencontrer au cours de ma pratique - limiter la longueur du travail
écrit à 30 pages au maximum
2.2. Description de deux situations vécues
J'ai choisi d'évoquer ces deux situations car elles me
semblaient pertinentes pour ma recherche.
2.2.1. Première situation
Lorsque je travaillais encore aux urgences psychiatriques au sein
d'un hôpital luxembourgeois, nous reçûmes, un soir,
l'entrée d'un patient d'origine africaine.
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Il avait été amené, chez nous, par la police
grand-ducale pour troubles de l'ordre public (bagarre) et propos
incohérents.
A son arrivée aux urgences, cette personne
présentait une angoisse très importante et un discours axé
sur la sorcellerie.
L'assistant en psychiatrie, de garde aux urgences, avait conclu
à des propos délirants d'ordre mystique. Il s'est
avéré, suite à une anamnèse plus approfondie, que
le patient n'était en rien délirant mystique. Il nous avait
raconté qu'il était arrivé en Europe il y a quelques mois
en provenance d'Afrique de l'Ouest. C'était un réfugié
clandestin à la recherche d'un avenir économique meilleur. C'est
un peu par hasard qu'il était finalement arrivé au Grand
Duché de Luxembourg.
Pour parvenir jusqu'en Europe et payer ses passeurs, il avait
dû emprunter, avant son départ, une somme importante auprès
de sa famille et de connaissances locales. Il était censé les
rembourser rapidement après avoir trouver un travail en Europe.
Ne trouvant pas de travail au Grand Duché de Luxembourg et
se rendant compte que l'Europe n'était pas l'eldorado
espéré, il devint de plus en plus nerveux face à
l'échéance du remboursement de sa dette. Sa famille et ses
connaissances, restées en Afrique et ne voyant pas d'argent arriver,
menacèrent de l'attaquer en sorcellerie.
Honteux de ne pouvoir honorer sa dette et convaincu d'avoir
été envoûté par un sorcier, notre patient
était devenu très instable. Cette situation délicate avait
fini par le déstabiliser et l'avait entraîné dans une
bagarre à Luxembourg ville.
Son discours ne laissait plus de doute sur le fait qu'il
était totalement convaincu d'être la victime de sorcellerie
déclenchée, depuis l'Afrique, par ses proches en terme de
représailles pour non remboursement de sa dette.
La victime de la bagarre ayant porté plainte, ce patient
devait être amené devant la justice. Comment la justice
allait-elle pouvoir juger adéquatement une personne se disant victime de
sorcellerie ? On imagine la difficulté pour l'expert psychiatre
luxembourgeois de se prononcer sur cette situation particulière.
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