1.2.4. La relation soignant - soigné
La relation « soignant - soigné » est
composée d'une somme d'interactions qui s'étale sur une certaine
période de temps. Elle comporte des affects et des attentes de la part
de chaque protagoniste.
À la lecture de ce qui précède, nous pouvons
comprendre que l'infirmier et le patient étranger ont des
représentations culturelles qui peuvent différer de
manière plus ou moins importante. Leurs comportements et leurs attitudes
peuvent alors être source d'incompréhension réciproque si
personne n'y prend attention. Une mauvaise interprétation, le plus
souvent liée à l'ethnocentrisme, peut rapidement devenir une
source de tension voire de conflit. L'essentiel est d'en avoir au moins
conscience afin de prévenir tout stéréotype et/ou
préjugé.
La langue parlée est également une composante
culturelle qui peut représenter un obstacle majeur à la relation.
Certains concepts, propres à une culture donnée, sont
difficilement exprimables dans une autre langue. Une simple traduction mot
à mot s'avère souvent insuffisante. Une interprétation du
contexte culturel est alors nécessaire.
Un autre problème à soulever dans la relation
soignant - soigné est que le soignant sera parfois, vu la fonction du
soignant et le contexte de l'hospitalisation, en « position de force
» par rapport au soigné. Ceci, malgré l'accent mis sur les
droits du patient. On peut donc noter un certain déséquilibre en
faveur du soignant. Cet écart sera d'autant plus grand avec un patient
étranger dont les représentations culturelles sont fortement
éloignées de celles de l'hôpital et du soignant.
Exemple de relation soignant - soigné autour des
représentations de la souffrance
Pour David Lebreton, « la douleur est sans doute
l'expérience humaine la mieux partagée, avec celle de la mort
»9. Néanmoins, selon Vincent J.D., « Il
n'est pas de perception douloureuse qui soit pure et dépourvue de
contingence historique »10.
Combien de fois n'ai-je pas entendu dire que « les Africains
ne ressentent pas la douleur de la même façon que nous. Ils
souffrent moins» ! Cette affirmation résulte d'une confusion entre
la douleur (objective) et la souffrance (subjective).
L'individu africain n'est en rien plus résistant à
la douleur que l'individu européen. Ce qui se passe, c'est que «
l'Afrique ancestrale n'a pas valorisé outre mesure la souffrance ou
ne lui a pas donné un sens excessif »11. C'est le
contraire en Europe, où notre culture chrétienne a fortement
valorisé la souffrance (voir le symbole de la croix).
Les représentations de la souffrance, ainsi que
l'expression de la douleur et des émotions, d'un patient africain
risquent bien d'être différentes de celles d'un soignant
occidental. Cette différence pourra influencer la relation entre les
deux acteurs.
9 LE BRETON D., Anthropologie de la douleur,
Paris, Ed. Métaillé, 1995, p. 23.
10 VINCENT J.D., Biologie des passions, cité par
SINGLETON M., Critique de l'ethnocentrisme, Paris, Parangon, 2004, p.
177.
11 SINGLETON M., Op. Cit., p. 181.
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