Conclusion
L'objectif de ce travail était de voir comment les
infirmiers pourraient, en psychiatrie, améliorer leur relation avec les
patients d'origine étrangère.
C'est d'autant plus important que les infirmiers se retrouvent
souvent en première ligne dans ces relations parfois difficiles.
J'ai mis en évidence le fait que le facteur culturel
était central dans la relation que développe l'infirmier avec le
patient étranger. C'est surtout vrai en psychiatrie où la parole
échangée est centrale.
Ce facteur culturel est malheureusement trop souvent
négligé et les moyens mis en oeuvre encore insuffisants.
La différence culturelle ne doit pas être
considérée comme un obstacle à la prise en charge; elle
est, au contraire, une richesse.
Le tout est de savoir quelles compétences interculturelles
l'infirmier se doit d'acquérir pour devenir compétent. Mais
acquérir ces compétences utiles relève également
d'une certaine motivation.
Le processus du soin implique un soignant et un soigné.
L'infirmier mais aussi le patient étranger devront faire un bout de
chemin dans la compréhension de la culture de l'autre.
L'ethnocentrisme est souvent à la base d'une
incompréhension réciproque entre l'infirmier et le patient
étranger. Chacun ayant tendance à croire que ce qui va de soi
pour lui va forcément de soi pour autrui. Il faut, au minimum, en avoir
conscience et être capable de se décentrer par rapport à sa
culture. Un patient reste un patient, quelles que soient ses origines et ses
représentations. Cela n'empêche cependant pas l'infirmier de
refuser certains comportements qu'il jugerait inacceptables (la violence envers
les femmes par exemple). Gardons également à l'esprit qu'un
patient étranger est un être humain à part entière.
C'est lui qu'il convent de soigner et non sa culture.
Ce travail, je l'espère, permettra au personnel infirmier
de mieux comprendre la manière dont il élabore ses
représentations et la façon dont il fonctionne lorsqu'il entre en
relation avec un patient étranger. L'hôpital, dans son ensemble,
ne pourra qu'en sortir gagnant.
Il est à parier que, tout comme notre
société, l'hôpital de demain sera de plus en plus
multiculturel. Non seulement au niveau des patients qui y seront accueillis
mais également au niveau du personnel qui y exercera.
L'intégration des patients étrangers dans le
système des soins de santé renforcera leur insertion et leur
participation à notre société.
A nous d'accepter de relever ce défi...
Pour prolonger ce travail, on pourrait analyser ce qui se passe
dans d'autres hôpitaux (en Belgique et à l'étranger) et
voir quelles collaborations éventuelles seraient possibles (partage de
ressources); mettre en route des politiques cohérentes à
l'échelle nationale et européenne. Une autre piste à
explorer serait d'étudier la problématique du respect du droit
à l'information et au consentement éclairé des patients
étrangers.
Les compétences interculturelles pourraient
également être envisagées auprès des patients
homosexuels, des patients souffrant d'un handicap physique, etc.
Pour souligner la richesse des cultures humaines, je ne peux
clôturer ce travail sans évoquer un danger qui menace,
aujourd'hui, leur diversité. Selon Claude Lévi-Strauss, on se
dirigerait apparemment, « si nous n'y sommes pas déjà
», vers une sorte de « monoculture universelle »,
avec tous les risques que cela comporte (perte de la richesse due aux
différentes cultures humaines)33.
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33 LEVI-STRAUSS C., L'empoisonnement interne
[vidéo en ligne], 2004.
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