2. Vérification des Hypothèses
Suite à l'analyse et à l'interprétation
des données, il convient de vérifier les hypothèses
émises avant de proposer des approches de solutions et des conditions de
mise en oeuvre.
2.1 Vérification de l'Hypothèse N°1
:
L'hypothèse n°1 est libellée comme suit :
« Les conflits post électoraux en Afrique de l'ouest sont
fonction des délibérations des MOE. »
Suite aux résultats des enquêtes, il ressort
clairement que 70 % d'enquêtés portent un regard
critique sur les missions d'observation(Tableau N°4). Ils
attribuent les difficultés et conflits générés par
les élections aux manipulations à la dernière minute des
déclarations préliminaires produites par les observateurs. Car de
plus en plus certains observateurs électoraux tiennent des discours de
fermeté pour le respect des normes admises. Ils décrivent
distinctement les irrégularités constatées qui pourraient
même entacher la régularité du scrutin.
Ces déclarations sont souvent jugées trop
sévères par le dispositif institutionnel de décision qui
prend le risque de les reformuler ou de les refroidir. Il convient de
mentionner que concernant le verdict global de la mission, il est souvent
rappelé aux observateurs d'être prudents dans l'utilisation des
termes « libres et équitables » qui ont trait à une
série de conditions idéales qu'aucune élection ne pourra
vraisemblablement remplir dans leur intégralité. En d'autres
termes, l'organe faitière des missions d'observation électorale
s'attèle à mettre des gardes - fous aux observateurs. In fine les
déclarations finales sont en déphasage avec les
irrégularités observées le jour du scrutin. D'où la
naissance des contentieux. Pour 25% des sondés, les dés sont
pipés à l'avance. Le langage et les formules à utiliser
dans les déclarations sont préalablement définis avant le
vote.
Certains acteurs du scrutin qui se sentent floués et
volés demandent l'annulation du vote et reprochent aux observateurs de
la CEDEAO leur manque de sincérité pour avoir fait basculer les
résultats en faveur d'un candidat.
La partie gagnante n'entend pas céder aux
revendications du camp adverse. Elle cite la présence des institutions
sous régionales (la CEDEAO) et de la communauté internationale le
jour du scrutin et qui constituent le gage de validité du vote. Elle
fonde sa victoire sur les délibérations des observateurs qui
n'ont pas pu discréditer le scrutin et ont confirmé la
légitimité.
Dès lors, la position de la CEDEAO est jugée
partiale et parfois les différents communiqués produits par ses
services de communication donnent la nette impression qu'elle prend partie
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
Christiane Page 22
L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
pour un camp. La fracture entre les camps en
compétition s'accentue. Le bras de fer s'engage et génère
des contentieux et plus tard des conflits post- électoraux. La
problématique des MOE par rapport aux souhaits des populations est ainsi
cernée.
Par ailleurs, la reconnaissance par la CEDEAO des scrutins
présidentiels dans certains Etats comme correspondant aux normes
universelles malgré les graves irrégularités et les
tripatouillages de la liste électorale (cas du Togo en 2005) a tôt
fait de convaincre les incrédules sur le fait que les décisions
prises par la CEDEAO ne sont souvent pas des solutions pour la stabilité
de la sous - région. D'où l'hypothèse 1 est
confirmée.
A cela s'ajoute la qualité et la compétence des
observateurs qui sont souvent contestées. Certains observateurs sont
sélectionnés sur la base des affinités et du
népotisme. Quant à leur impartialité, elle n'est pas une
évidence. Rien ne garantit que ces observateurs soient
sélectionnés sur des critères objectifs. Sont-ils
qualifiés pour produire des rapports sincères ?
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