CHAPITRE IV : Analyse des Résultats et
Vérification des Hypothèses
1-Analyse des données
Cette partie est consacrée à l'analyse de
données issues des tableaux et ensuite à la vérification
des hypothèses.
La majeure partie des enquêtés (60 %)
définissent convenablement le concept de la mission d'observation
électorale, les thèmes similaires et les postures dans lesquelles
elles évoluent (Tableau N°1). Il faut rappeler que
le questionnaire s'est adressé à la cible qui pratiquent les
observations électorales ou s'intéressent aux missions
d'observation de façon générale. L'observation
électorale conduite par la CEDEAO apparaît indéniablement
comme une approche capable de parfaire l'organisation des élections
nonobstant les insuffisances qui lui sont inhérentes et que l'adoption
d'un mécanisme approprié pourrait permettre de corriger. Les
ambigüités relevées sont affichées dans les (Tableaux
N°02 et N°3.) Sur le vif, la plupart des
enquêtés (75%) ont une mauvaise impression des
MOE de la CEDEAO (figuration, complicité et conspiration).
Idéalement, l'observation d'une élection doit couvrir
tous les aspects pertinents de l'organisation et de la conduite
(découpage électoral, recensement, établissement des
cartes d'électeurs, le vote, le dépouillement et la proclamation
des résultats) mais dans la pratique tel n'est pas toujours le cas. Au
cours des échanges, les enquêtés sont convaincus que les
MOE peuvent constituer une « stratégie régionale
» capable derelever les défis démocratiques. Ils
sont convaincus du rôle important que peut jouer la CEDEAO à
travers l'impartialité des dirigeants dans la promotion de la bonne
gouvernance électorale. Pour les sondés, les MOE peuvent
constituer le gage de la reconnaissance de gouvernement démocratique.
Ils suggèrent que la CEDEAO affine la volonté politique qui
placera le choix des électeurs et des peuples au coeur des
élections en Afrique de l'Ouest. Car de plus en plus les rapports
d'observation électorale sont contestés parce qu'ils sont
très vagues et politiques (Tableau N°4) et
provoquent des polémiques au sein des communautés et des partis
politiques.
Pour y remédier, les réponses du Tableau
N°7 affichent le voeu et les souhaits des enquêtés.
Pour ces derniers, une MOE autonome et crédible à l'image de
celle de l'Union Européenne (UE) permettra d'avoir des résultats
acceptés par tous les acteurs.
C'est pourquoi les cibles interrogées souhaitent une
rupture catégorique avec les anciennes pratiques des MOE pour qu'elles
s'impliquent davantage dans le processus électoral depuis sa
genèse (découpage électoral et recensement) jusqu'à
la proclamation des résultats et ne plus se contenter de scruter les
élections le jour des élections.
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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L'OBJECTIVITE DES MISSIONS D'OBSERVATION ELECTORALE EN AFRIQUE
: CAS DE LA CEDEAO FRANCOPHONE
Si l'observation des élections au début de
l'expérience en 2001 semble contraire à la rigidité du
principe sacro-saint de non-ingérence dans les affaires
intérieures, pour les enquêtés et beaucoup de juristes,
l'ingérence en matière électorale est devenue de nos jours
une pratique internationalement admise et se fonde sur le désordre
électoral qui s'organise de plus en plus et remet en cause la
quiétude des Etats africains. Comme l'a affirmé le Professeur
MELEDJE, « Aujourd'hui, l'élection est devenue, dans les pays
en transition démocratique ou tout simplement en crise, une affaire
internationale, ne serait-ce qu'à travers les opérations de
supervision et d'observation des processus électoraux ; elle n'est plus
la seule affaire de l'État. Les actions qui sont menées dans ce
cadre par les acteurs internationaux visent à améliorer
l'organisation des scrutins, soit par l'allocation de ressources
nécessaires à la bonne organisation pratique de l'élection
ou à l'indication des principes directeurs du suffrage, soit par la
dénonciation des irrégularités, soit enfin par leur
implication dans le règlement des contentieux
».19
L'élaboration de normes ou de principes clairs et forts
et un code de bonne conduite pour l'observation impartiale des élections
constitue aussi des voeux suggérés par les enquêtés.
Ils souhaitent que des critères importants pour la conscience de soi et
la reconnaissance des vérités issues des urnes soient
édictés.
Certains enquêtés ont donné l'information
selon laquelle certains observateurs de la CEDEAO produisent des
déclarations préliminaires très virulentes qui font
ressortir les dysfonctionnements et irrégularités
constatés sur le terrain mais elles sont finalement reformulées
par les pouvoirs de décisions. Ce qui confirme les idées de
Georges BURDEAU qui affirme : « Ce ne sont pas les
articles d'une constitution qui font une bonne démocratie » C'est
l'homme qui organise les bonnes élections.
Pour les résultats issus du guide de l'entretien avec
les fonctionnaires de la division électorale de la CEDEAO, les Etats
africains souhaitent avoir des observateurs pour leur processus
électoral. Les populations de plus en plus se confient aux observateurs
le jour du scrutin.
La présence de la CEDEAO permet de réduire les
craintes et les suspicions des électeurs. Ce qui balise de plus en plus
la voie aux observateurs. Les leçons tirées s'expliquent par le
fait que les MOE peuvent constituer un outil très important pour la
bonne organisation des élections si elles sont bien conduites.
19MELEDJE (D.),« Le contentieux électoral
en Afrique », Pouvoirs 2009/2, N° 129, p.8
Présenté par PADONOU Sonagnon Edwige
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