Communication participative dans le champ école paysans pour l'amélioration des systèmes de cultures pluviales dans le département de Diffapar Mikaillou Souley issa Université de Zinder - Master en Communication Pour le Développement 2021 |
Chapitre 1 : Approche théoriqueCe chapitre est consacré aux différentes approches théoriques de cette étude. Cette approche théorique sert à la justification du choix du sujet, à la définition des mots clés, à la revue littéraire et à la définition de la problématique de l'étude. Ce sujet traite d'une étude de l'usage de Champ Ecole Paysan (CEP) comme approche de la communication participative dans la vulgarisation agricole intégrée dans le champ de la communication pour le développement. 1.1. Définition du sujetPour les institutions de recherche et de vulgarisation, le renforcement des capacités des communautés rurales a toujours été un mécanisme de transfert de technologie aux agriculteurs. Cette approche, cependant, s'est avérée inopérante, car les packages technologiques, livrés dans une dynamique descendante, ont souvent été trop complexe, coûteux ou mal adaptés aux besoins des populations selon (Godrick Simiyu, James Okoth et Erin O'brien)6. L'approche CEP, à la différence de la plupart des approches classiques de vulgarisation, c'est une approche participative de vulgarisation agricole basée sur le principe de l'éducation non formelle des adultes. Elle accroit la participation des producteurs dans le processus de développement de technologie et améliore l'accès à l'information et à 6 Godrick Simiyu, James Okoth et Erin O'brien. (2004). Champs Ecoles Paysans, pratiques clés pour les praticiens de la RRC, éd. Bureau régional de la FAO australe, p.11. 6 la connaissance d'après le bulletin de la recherche agronomique du Benin7. De ce fait, cette étude est cadrée par les théories de la vulgarisation agricole selon l'image du télégraphe et la théorie de participation. A travers ce sujet, nous allons étudier et analyser l'approche participative champ école paysan de la Chambre Régionale d'Agriculture de Diffa et vérifier en quoi la communication participative à travers le champ école paysan peut-elle contribuer à l'efficacité et la réussite de la vulgarisation agricole pour l'amélioration des systèmes de cultures pluviales dans le département de Diffa. 1.2. Justification du sujetDans ce point, nous allons justifier le choix de notre sujet d'étude. 1.2.1. Raison personnelle D'abord, au-delà du fait que l'élaboration d'un mémoire de master soit une exigence académique, il n'en demeure pas moins qu'elle permet le passage de la théorie à la pratique. Cette étape est fondamentale en ce sens, que le terrain est un moyen pour nous d'appliquer les cours théoriques et de les approfondir. De plus, depuis mon enfance, la caractérisation du Niger se fait toujours avec des mots tels que la sécheresse, la désertification et la famine ; de ce fait, c'est une opportunité pour moi d'analyser et de comprendre la vulgarisation agricole à travers le champ école paysan, qui est une nouvelle approche plus efficace pour la lutte contre l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. Enfin, Cela nous permettra d'avoir une expérience de terrain. 1.2.2. Raison académique Concernant la justification académique, certes des recherches ont été faites sur le champ école paysan au Niger sous l'angle agronomique mais très peu sous l'angle de la communication pour le développement. Plus précisément des études sur la vulgarisation agricole avec comme objet d'étude le champ école paysan pour l'amélioration des systèmes de cultures pluviales dans le département de Diffa. C'est 7. Djinadou, Coulibaly, & Adegbidi. (2008). champ école paysan et diffusion des technologies améliorées du niébé au Benin, Cotonou. Bulletin de la recherche agronomique du Benin, N°59, p.24. 7 pourquoi, nous avons choisi ce sujet d'étude pour apporter notre contribution dans le secteur de l'agriculture en général et de la vulgarisation agricole en particulier. 1.2.3. Raison sociale Ce travail d'étude permet d'examiner le rôle du champ école paysan dans le cadre de la vulgarisation agricole dans le département de Diffa. En effet, l'usage de l'approche champ école paysan dans la vulgarisation agricole permettra de résoudre certains problèmes agricoles que rencontrent nos producteurs. En d'autres termes, le choix de ce sujet peut se justifier grâce à la contribution qu'il apporte dans le processus de l'amélioration des conditions de vie des producteurs, c'est-à-dire en renforçant les capacités des paysans en termes de connaissances et pratiques agricoles on augmenterait le rendement agricole et c'est ainsi qu'on garantirait la sécurité alimentaire. Le CEP s'est couronné de succès à tel enseigne qu'il a été rapidement étendu à d'autre pays d'Asie, d'Afrique ,d'Amérique latine du Moyen Orient et d'Europe centrale et orientale dans plus de quatre-vingt-dix (90) pays en 2016(FAO,2017)8. 13. Définition des mots clés Le sujet d'étude comporte des mots clés et concepts notamment la communication participative, vulgarisation agricole et champ école paysan. La définition de ces concepts nous permettra de mieux comprendre le sujet. 1.3.1. Communication participative Pour Guy Bessette(2004)9, l'expression « communication participative » réfère à cet usage. Nous pouvons la définir ainsi : la participation est la clé de voûte du développement humain. En effet, elle permet de renforcer les potentialités et les capacités locales, ainsi que l'engagement des acteurs en faveur des objectifs fixés, d'accroître leur sens de responsabilités, de jeter les bases d'une acceptation sociale à long terme, d'augmenter l'autosuffisance. 8 FAO. (2017). Champs-écoles de producteurs documents d'orientation, Rome, éd. Archives de documents de la FAO, p.19. 9 Bessette G. (2004). Communication et participation communautaire : Guide d'orientation, Laval, Les presses de l'Université de Laval, p.9. 8 Ainsi, selon le centre de recherche et le développement international (2007)10,l'accent n'est pas mis sur la transmission d'information par des experts à des utilisateurs potentiels, mais sur les processus de communication horizontaux qui permettent aux communautés locales de définir leurs besoins en matière de développement, ainsi que des actions concrètes qui pourraient y répondre. Pour ce faire, il faut établir et nourrir un dialogue avec toutes les parties prenantes : membres des communautés, agents de vulgarisation, agent de développement, chercheurs, décideurs. Ce type de communication vise principalement à s'assurer que les participants réunissent suffisamment d'information et de connaissances tant traditionnelles que modernes pour entreprendre leurs propres initiatives de développement, évaluer leurs actions et en apprécier les résultats. Autrement dit, s'attaquer aux problèmes de développement, explorer et expérimenter des solutions appropriées ne peuvent être fait seulement par les chercheurs, les vulgarisateurs et les praticiens du développement. Il est essentiel d'impliquer les acteurs ruraux et les membres de la communauté locale comme partenaires actifs dans le diagnostic, la discussion et processus de résolution de problèmes. L'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture FAO estime que les connaissances et l'information sont indispensables aux populations pour répondre avec succès aux opportunités et aux défis résultant des changements sociaux, économiques et technologiques, notamment ceux qui aident à améliorer la productivité agricole, la sécurité alimentaire et les moyens d'existence ruraux. La communication est un élément clé de l'agriculture et du développement rural. L'utilisation systématique des méthodes et des outils de la communication participative peut appuyer l'agriculture et la sécurité alimentaire en : faisant entendre la voix des populations rurales ; en encourageant la participation à la formulation des politiques ; en améliorant le partage des connaissances au service de l'innovation agricole ; en améliorant la gestion des ressources naturelles par la communauté et la capacité d'adaptations des populations au changement climatique (FAO, 2010)11. 10 Bessette, G. (2010). Communication participative pour le développement et la gestion des ressources naturelles, Laval, Les presses de l'Université de Laval, p.14. 11FAO. (2010). La communication pour le développement, accroître l'efficacité des Nations Unies, Rome, éd. Archives de documents de la FAO, p.5. 9 La communication participative permet aux chercheurs et aux praticiens de devenir des facilitateurs au cours d'un processus auquel participent les communautés locales et d'autres parties prenantes, afin de résoudre un problème ou un but commun. 1.3.2. Champ école paysan Le terme champ école paysan ou champ école des producteurs (CEP), Farmers Field School (FFS) en anglais, vient du mot indonésien Sekolah Lapangan qui signifie école champ (Ngalamulune, 2010)12. A ses origines, l'approche champ école paysan a été conçue et mise en oeuvre par les fonctionnaires de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Les premiers champs écoles ont été établis en 1989 dans le Java Central en Indonésie, durant la phase pilote du Programme National de gestion intégrée des déprédateurs (FAO, 2006)13. Le nom de champ école a été choisi pour refléter le caractère éducatif de cette approche qui comporte un programme de formation centré sur l'observation et l'analyse des problèmes du champ. Le champ école peut-être défini en ces termes : Le champ école paysan est un processus d'apprentissage en groupe dans lequel les agriculteurs et les agricultrices pratiquent des activités d'apprentissage par l'expérience qui les aide à comprendre l'écologie de leurs champs et à améliorer leurs pratiques culturales. Il s'agit d'un cadre de formation animé par un facilitateur, qui regroupe de façon hebdomadaire environ vingt-cinq producteurs. Ces derniers se retrouvent dans un champ commun au cours de tout un cycle d'une culture donnée, afin d'étudier et d'échanger des informations sur l'ensemble des techniques agronomiques mais également sur les connaissances des insectes, la fertilité du sol et sur tous les aspects liés au développement et à l'écologie de la plante (Sissoko, 2011)14. 12 Ngalamulume.G. (2010). L'approche champ école paysan : une méthode de recherche-action impliquant davantage les producteurs ruraux dans la maîtrise et l'amélioration de leur système de production. Montpellier, ISDA, P.3. 13 FAO. (2006). Programme sous régional de formation participative en gestion intégrée de la production et des déprédateurs des cultures à travers les champs-écoles des producteurs (GIPD/CEP) pour le Bénin, Burkina Faso, Mali et le Sénégal, Rome, éd. Archives de documents de la FAO, p.13. 14 Sissoko, F. (2011).Actes du séminaire, Bobo-Dioulasso, p.18. 10 Autrement dit, le champ école paysan est une approche participative basée sur le principe de l'éducation non formelle des adultes. Ainsi cette approche accroît la participation des producteurs dans le processus de développement de la technologie et améliore l'accès à l'information et aux connaissances. L'approche a été adoptée par beaucoup de programmes de développement pour pallier aux insuffisances des techniques de vulgarisation non participatives (distribution verticale et à sens unique de l'information) (Tossou, 2003)15. 1.3.3. Vulgarisation agricole La vulgarisation est l'une des plus anciennes activités humaines en ce qu'elle procède du souci constant de l'homme de vouloir rendre compte chaque étape de ses investigations, conduites pour manifester sa volonté de domestiquer la nature. Cette volonté de maîtriser la nature devant permettre au plus grand nombre d'en tirer profit. Son emploi s'est progressivement accru, pour devenir un des plus usités au XXI siècle (Kinaya, 2005)16. Ainsi, la vulgarisation est le processus par lequel une découverte, une technique, un savoir ou une information importante est mise à la disposition d'un public spécifique, ou étendu par différents procédés. La vulgarisation est, selon l'encyclopédie Larousse : « action de mettre à la portée du grand nombre, des non-spécialistes des connaissances techniques et scientifiques. »17. C'est une forme de diffusion pédagogique des connaissances qui cherche à mettre l'innovation à la portée d'un public non expert. Autrement dit, c'est l'ensemble des actions permettant au public d'accéder à la culture, et en particulier aux cultures scientifiques, techniques, industrielles ou environnementales, c'est-à-dire aux savoirs, savoir-faire et savoir-être de ces disciplines. Selon (Michael Hailu, 2012) 18 « la vulgarisation agricole consiste à partager les résultats de la recherche et les savoir-faire avec les agriculteurs, mais aussi à les aider à exploiter une plus large part de la chaîne des valeurs. ». En ce sens la vulgarisation agricole signifie l'amélioration des flux d'informations et de conseils 15 Tossou, R C. (2003) .La décentralisation et l'intervention pour le développement au Benin : atouts, inquiétudes et perspectives, Cotonou, Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi. P.8. 16 Kinaya J .F. (2006). L'information stratégique agricole en Afrique l'échec de vulgarisation, Paris, L»Harmattan, p.14. 17Encyclopédie L. (2020) wiki vulgarisation. Repéré à URL http : fr.m.wikipidia.org/wiki/Vulgarisation. 18 Hailu, M. (2012). Vulgarisation agricole le temps du changement, Amsterdam, CAT, p.5. 11 élargis et complexes dans l'ensemble du secteur agroalimentaire pour contribuer à l'amélioration de la rentabilité, de la durabilité, et de l'équité de la petite agriculture. En effet, il est important pour nous de rappeler que le terme « vulgarisation agricole » évoque des images du passé et suggère des hypothèses erronées sur la signification de la réforme de la vulgarisation. Dans ce travail, nous évoquons le terme « vulgarisation » en tant que terme général neutre pour parler de toutes les activités qui fournissent des services d'informations et de conseil nécessaires et demandés par les agriculteurs et par d'autres acteurs des systèmes agroalimentaires et du développement rural. Le terme vulgarisation, tel qu'il est utilisé dans ce travail, représente le synonyme de service de conseil agricole et rural. Le mot « vulgarisation » est considéré par certains comme terme démodé indiquant le transfert de technologie à sens unique. Malgré ces connotations, le mot vulgarisation est utilisé intentionnellement dans ce travail pour mettre en lumière l'importance de la rupture avec ces hypothèses du passé et pour transmettre la nouvelle signification du concept de la vulgarisation qui est désormais une approche participative. L'on parle déjà de la vulgarisation participative. |
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