I.4. L'approche subjective
Toutes les approches citées ci-dessus sont d'ordre
objectif. L'objectivité peut être expliquée du fait que de
toutes les questions constituant un questionnaire, aucune d'elles ne renferme
le vocable pauvre, mais pour le statisticien ces questions sont d'ordre
à renseigner sur la pauvreté. En quelque sorte, le
répondant est aveuglé. Parallèlement à cette
méthodologie de l'objectivité, il existe une autre
méthodologie, celle de la subjectivité. Comme son nom l'indique,
ça émane du sujet. Le sujet comprend nettement que les questions
qui lui sont posées sont d'ordre à ressortir de ce qu'il pense de
son niveau de vie ou de ses conditions de vie.
La subjectivité de la pauvreté réside sur
la façon dont les sujets perçoivent eux-mêmes leur
bien-être. En effet, elle se nourrit de réponses relativement aux
questions de perceptions des ménages sur les principales causes de la
pauvreté, sur la nature des difficultés liées à
leurs conditions de vie, sur les stratégies adoptées pour joindre
les deux bouts, sur leurs besoins et priorités par rapport à la
formulation de la politique gouvernementale, et éventuellement par
rapport à d'autres thématiques considérées comme
plus importantes que celles jugées prioritaires par les autorités
nationales. En réalité, c'est un procédé d'opinions
sur différents domaines de la vie des populations (satisfaction des
besoins matériels et immatériels, participation,
appréciation de l'environnement politique et
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social, système de valeurs, etc.) reconnaissant que les
seuils de pauvreté sont le fruit de jugements fondamentalement
subjectifs de ce que constitue un niveau de vie minimum acceptable par la
population d'une société donnée. Ainsi un chef du
ménage sera le mieux placé pour indiquer le jugement
nécessaire de niveau de vie de son ménage pour ne pas être
pauvre. On retrouve des questions comme [Selon vous, quel est le niveau du
revenu mensuel au-dessous duquel vous ne pourriez pas joindre les deux bouts
?]. Pradhan et Ravallion et (Van Praag et al, 1994) ont écrit sur ce
type de pauvreté.
En définitif, toutes ces approches favorisent une
meilleure prise en charge des problèmes de la pauvreté dans le
monde. Elles nous permettent de mieux comprendre ce phénomène et
de définir des stratégies et des politiques économiques
efficaces visant la satisfaction des besoins de base, générateur
de capacité d'atteindre certains fonctionnements afin d'avoir un
bien-être économique plus élevé.
II. DÉFINITION DES CONCEPTS ET
DIFFÉRENTES MESURS DE LA PAUVRETÉ Les
développements ci-dessus montrent que la pauvreté est
considérée comme un phénomène économique et
mérite d'être abordée sous plusieurs angles. À ce
titre, une seule définition ne suffirait pas à cerner de tels
enjeux. Nous présenterons plusieurs acceptions de la pauvreté,
mais nous n'étudierons en détails que l'acception
monétaire.
II.1. Définition des concepts II.1.1.
Pauvreté monétaire
La pauvreté monétaire est une pauvreté
mesurée par les revenus ou les dépenses de consommation des
sujets. La plupart des pays utilise le niveau des dépenses de
consommation pour calculer la pauvreté monétaire. En effet, il
est si difficile qu'un ménage, lors d'une enquête, fasse un
état de ce qu'il gagne effectivement à moins de lui proposer des
tranches de revenus à forte dispersion. Ce procédé biaise
les résultats. Il est préférable de suivre la
fréquence des dépenses en consommation des ménages afin
d'évaluer en terme réel leur niveau de vie.
II.1.2. La pauvreté non monétaire
La pauvreté non monétaire est une
pauvreté qui ne repose pas sur les critères monétaires. La
conséquence de cette dernière est l'exclusion de certaines
pratiques sociales, de certaines normes de consommation, de certaines
privations dont souffre une partie de la population prise en compte par la
pauvreté non monétaire. Les éléments abordés
par ce type de pauvreté sont nombreux, surtout dans les pays
développés. Par exemple, on tient compte des fréquences
des découverts bancaires, du niveau d'épargne, les retards de
paiements inhérents aux loyers et à l'impôt,
l'incapacité de maintenir le logement à bonne température
et de pouvoir faire des repas de qualité, absence des toilettes, etc.
Les
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approches multidimensionnelles, de conditions de vie, du
patrimoine font partie de cette optique à caractère non
monétaire.
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