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Les déterminants de la pauvreté monétaire. Cas du Sénégal.


par Zeynil El Abdine NDONGO
Universite Cheickh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 Economie et finance quantitatives 2018
  

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II. LA SITUATION SOCIALE

La structure de l'économie sénégalaise est inadéquate à une meilleure réduction de la pauvreté1. Cependant, on peut noter qu'il existe un déséquilibre considérable entre la structure actuelle de l'économie sénégalaise et celle qui permettrait à la croissance d'avoir un meilleur impact sur la réduction de la pauvreté. En effet, l'incidence de la pauvreté est de 80,7% dans le secteur primaire qui englobe plus de 81% des pauvres du Sénégal, il ne contribue qu'à hauteur de 19% à la création de la richesse. C'est également le secteur où le taux de croissance du PIB/tête est le plus bas (2,18%). Le secteur tertiaire, englobant 14,3% des pauvres, contribue à fournir à lui seul plus de la moitié (51%) de la richesse créée. Il en est de même pour le secteur secondaire qui ne renferme que 4% des pauvres avec cependant une contribution de 18% au PIB.

Les performances économiques, sur la période allant de 1995 à 2001, n'ont pas suffi à garantir une réduction significative de la pauvreté. La faiblesse de l'investissement, l'atonie de l'agriculture et de l'industrie expliquent le contenu modeste en emploi de la croissance économique et sa faible propagation vers les populations les plus pauvres. Sur la base d'une ligne de pauvreté correspondant à une consommation de 2400 calories par personne et par jour, la première enquête budget consommation (ESAM-I) a permis d'évaluer la proportion des ménages en dessous du seuil de pauvreté à 57,9% en 1994. Les premiers résultats du questionnaire unifié des indicateurs de

1 Jean Bosco KI, (2005). Croissance économique, Pauvreté et Inégalité au Sénégal. Institut de Recherche pour le Développement Economique et Social (IRDES), Institut Nord-sud, mai

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développement (QUID) évaluent cette proportion à 53,9% en 2001. Malgré tous les efforts déployés pour améliorer l'accès aux services sociaux de base, la structure des dépenses publiques montre que le Sénégal est encore loin des objectifs de l'initiative 20/20 auxquels il a souscrit ainsi que des OMD.

Les fruits de la croissance sont faibles et de surcroit inégalement répartis entre le milieu rural et le milieu urbain, entre le secteur public et le secteur privé, entre les femmes et les hommes, entre les générations, entre les différents quartiers des villes, entre les secteurs productifs et ceux non productifs. Il faudrait revoir les circuits de production, de distribution des richesses et passer en revue les politiques sociales du Sénégal. Il semble que les choix opérés jusqu'à présent en matière de politique sociale n'ont pas permis d'améliorer significativement l'accès aux services sociaux de base.

La répartition des revenus est marquée par de fortes inégalités. En effet, le Sénégal se place parmi les pays où les différences dans les conditions de vie sont les plus marquées (World Développement Indicateurs, 1998). Le coefficient de Gini qui mesure le degré d'inégalité dans la répartition des revenus a une valeur de 0,51 en 1992 (Diagne 1997). Ainsi, 40% des ménages les plus pauvres reçoivent à peine 17% des revenus tandis que les 10% les plus riches en reçoivent 44%. Un autre indicateur qui témoigne des fortes inégalités sociales est l'accès des différents groupes de ménages au service de l'éducation. Diagne et al (1999) ont montré, à partir des données de l'Enquête Sur les Priorités (ESP), qu'en 1992 les taux de scolarisation sont d'autant plus faibles que les ménages sont pauvres. C'est ainsi qu'on passe d'un taux de scolarisation primaire de 26% pour les ménages les plus défavorisés (quintile 1) à 101% pour les ménages les plus riches (quintile 5). Les mêmes calculs effectués pour les données de l'ESAM I en 1995 font apparaître des taux bruts de scolarisation de 40% pour le quintile le plus pauvre et de 99% pour le quintile le plus riche, ce qui traduit une amélioration. L'écart entre les ménages riches et les ménages défavorisés se creuse au fur et à mesure que le niveau d'enseignement s'élève.

La forte inégalité dans la répartition du revenu s'est accompagnée d'une paupérisation croissante de la population. L'incidence de la pauvreté mesure la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté tel que celui-ci a été défini. Ce seuil de pauvreté a été évalué par l'ESP à 111 F CFA par jour et par équivalent adulte en 1992, et par l'ESAM à 392 F CFA en 1995. Alors que selon le seuil de pauvreté défini par l'ESP, le Sénégal comptait 33% de ménages pauvres en 1992, selon celui défini par l'ESAM, la pauvreté touchait 58% des ménages en 1995. Ce dernier taux signifie que sur les quelques 778 000 ménages que comptait le Sénégal en 1995, 450 000 vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Entre les deux enquêtes, la pauvreté s'est amplifiée. La situation alarmante de l'économie sénégalaise à fin 2007 a entrainé un profond malaise social qui s'est emparé de toutes les couches populaires au premier rang desquelles la jeunesse. Le triptyque

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chômage, précarité et pauvreté s'est approfondi. Près de deux ménages sur trois (64%) ne sont ni chômeurs, ni précaires mais pauvres (des adultes sans revenu). La situation de cette catégorie s'est aggravée au cours des cinq dernières années du régime de Wade. Le cout de la vie a atteint des niveaux inacceptables et les inégalités se sont creusées durant cette période : moins de 10% contrôlent plus de 80% de la richesse nationale. La pauvreté, bien que toujours élevée, semble avoir reculé ces dernières années. La dernière enquête, qui remonte à 2011, évaluait à 47 % le taux de pauvreté (source Banque Mondiale). Les bonnes performances de croissance auraient permis de réduire ce chiffre de 4 à 7 %. Le Sénégal occupait la 162ème place (sur 188 pays) dans le classement de l'indice de développement humain 2017 (qui repose sur des données de 2015). Toutefois, avec 30 % (Banque Mondiale) des ménages les plus pauvres couverts, le système de filets sociaux du Sénégal est l'un des meilleurs d'Afrique. Le pays a progressé en matière de santé infantile, principalement en s'attaquant au paludisme et à la malnutrition chronique (retard de croissance) qui s'élève désormais à 17 % (BM), soit le plus faible taux en Afrique subsaharienne continentale. Les progrès ont été moins importants en ce qui concerne la santé maternelle, néonatale, reproductive et adolescente. Cela tient en partie au coût élevé des soins de santé, surtout pour les habitants les plus pauvres. En 2013, le Sénégal a lancé son programme d'assurance santé universelle pour améliorer l'égalité d'accès aux soins, en particulier pour les ménages les plus pauvres, qui travaillent dans le secteur informel ou vivent dans des zones rurales. En 2019, d'importants projets sont inscrits dans les actions prioritaires de l'Etat en vue de réduire la pauvreté, la vulnérabilité et l'exclusion. Dans ces projets d'ordre social figure le programme de construction de 100 000 logements, le renforcement des capacités de la Délégation à l'Entrepreneuriat Rapide (DER) pour financer les jeunes et les femmes, le programme Sénégal zéro déchet etc. Donc La mise en oeuvre de ces projets peut réduire fortement la pauvreté d'ici quelques années.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci