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Les déterminants de la pauvreté monétaire. Cas du Sénégal.


par Zeynil El Abdine NDONGO
Universite Cheickh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Master 2 Economie et finance quantitatives 2018
  

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CHAPITRE I : CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DU SENEGAL

Le Sénégal est un pays de l'Afrique subsaharienne avec une façade maritime de 700km sur l'océan atlantique qui le limite à l'ouest. Il entoure la Gambie et partage ses frontières avec la Guinée, le Mali et la Mauritanie. C'est l'un des pays les plus stables d'Afrique avec deux alternances démocratiques (d'Abdou Diouf à Abdoulaye Wade et d'Abdoulaye Wade à Macky Sall) et plusieurs échéances électorales dans le calme et la sérénité. La dernière en date est celle de février 2019 qui a consacré la réélection du président Macky Sall au premier tour pour la continuité du Plan Sénégal Émergent (PSE). Sa superficie est de 196 712 km2 et sa population est estimée à 16 209 125 habitants en 2019 (source ANSD). Cette population est composée de 51,2% de femmes et 49,8% d'Hommes, avec une densité de 82 habitants/km2. La plus grande partie de cette population se concentre dans les milieux urbains, notamment dans la région de Dakar.

Malgré la mise e place de mesures allant dans le sens de limiter les naissances, la population sénégalaise ne cesse d'augmenter depuis 1960 jusqu'à aujourd'hui comme l'illustre la figure ci-dessous.

Figure 1 : Sénégal, population totale

Source : Banque Mondiale, perspective monde, 2019.

I. LA SITUATION ECONOMIQUE

L'économie sénégalaise est marquée par plusieurs phases que nous allons mettre en évidence par deux intervalles de temps pour mieux comprendre l'évolution de la dynamique économique du pays : un premier intervalle de temps allant de 1960 à 2012 et un deuxième intervalle de temps allant de 2012 à 2019. L'indicateur utilisé le plus souvent pour mesurer le niveau de l'activité économique est la croissance annuelle du PIB en % qui représente la variation relative du volume de PIB en dollar constant entre deux années. Elle reflète l'augmentation (ou la baisse dans le cas d'une croissance négative) du niveau d'activité économique. Les statistiques avancées dans cette partie proviennent de la Banque Mondiale.

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- La période de 1960 à 2012 :

Cet indicateur montre que tout au long du demi-siècle (1960 à 2012), l'économie sénégalaise n'a jamais été une économie de forte croissance avec une évolution contrastée. À partir de la fin des années 70, le pays fait face à la stagnation de la production nationale, la dégradation des équilibres financiers internes et la montée de l'endettement extérieur, ce qui entrainera une dégradation de la situation économique du pays. Cette phase difficile sera suivie par une phase un peu plus favorable mais de courte durée. La figure ci-dessous montre l'évolution de la croissance économique du Sénégal.

Figure 2 : Sénégal, croissance annuelle du PIB (%)

Source : Banque Mondiale, perspective monde, 2019.

Passé de 2,2% par an dans la période 1960-1969 à 3% entre 1970-1979, le taux de croissance est tombé à 1,8% entre 1980-1984. Les difficultés rencontrées par les pays ouest-africains, notamment le Sénégal, dans les années 80 ont conduit à la dévaluation du FCFA de 1994 qui a permis la relance de la croissance qui, pour la première fois depuis l'accession du pays à l'indépendance, s'est maintenue pendant sept années consécutives. En dehors de 1994 (2,9%), la croissance a toujours dépassé le niveau de 5%. Sur la période 1996-2000, le pays a enregistré des taux de croissance du PIB de 5,6% en moyenne. En effet, ce taux a atteint les 4,9% de 1994 à 2000 et de 6% entre 2001 et 2003. En 2006 avec la préparation des élections présidentielles, la croissance économique a fait une chute libre passant de 5,62% en 2005 à 2,46%. Comme le dit la théorie des cycles politico-économiques de Kalecki et de Nordhausen : « Pendant les élections, les arguments politiques dominent les arguments économiques, la rationalité économique ne revient qu'au lendemain des élections ». Après l'élection présidentielle, la croissance s'est redressée pour atteindre environ 4% en 2007 et en 2008. C'est à partir de cette année que le cadre macroéconomique a commencé à se détériorer avec une implantation progressive d'un système patrimonial qui se caractérise par un gonflement du budget de la présidence, un gigantisme ministériel à partir d'une fragmentation des

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champs de compétences, un accroissement des agences etc. Une des caractéristiques les plus intéressantes de l'économie sénégalaise est le faible taux de l'épargne extérieure qui était de 13,3% du P11B en 1997 au moment où la zone UEMOA enregistrait un taux moyen de 16,2% (BCEAO 2000). Ce bas niveau de l'épargne explique le recours constant de l'État aux ressources extérieures pour financer l'investissement. Ainsi, le Sénégal fait partie des pays d'Afrique subsaharienne qui ont reçu le plus d'aide par habitant : sur la période 1975-1997, le volume d'aide par habitant attribué au gouvernement du Sénégal est évalué à 1500 dollars US.

- La période de 2012 à 2019

Après quelques années de ralentissement, la croissance économique est passée de 1,46% en 2011 à 5,12% en 2012 avec la mise en oeuvre du plan « yoonu yokute ». Mais cette croissance n'est pas soutenue, ce qui a entrainé sa chute l'année suivante pour s'établir à 2,82%. En 2014, après des décennies de croissance très modeste, le Sénégal a adopté un nouveau plan de développement : le Plan Sénégal Émergent (PSE) visant à faire sortir le pays de ce cycle de croissance faible et de progrès insuffisants en matière de réduction de la pauvreté. Depuis cette année (2014), les tendances demeurent favorables : 5 années de croissance maintenue sur un rythme de plus de 6%. Globalement, pour le Sénégal le taux de croissance de l'activité économique est de 6,8% en 2018 contre 7,2% en 2017 soit un ralentissement de 0,4 point de pourcentage imputable en partie au sous-secteur de l'agriculture avec la rareté des pluies qui impacte négativement la production agricole qui devrait afficher une augmentation de 9,4% contre 16,8% en 2017. Avec l'achèvement de la première phase du plan Sénégal émergent qui est le document de référence de l'ensemble des actions de l'Etat, le Sénégal a enregistré des résultats satisfaisants en matière de croissance économique soit 6,61% en 2014, 6,4% en 2015, 6,2% en 2016, 7,2% en 2017 et 6,8% en 2018. Et le taux de croissance attendu en 2019 est de 6,9% soit relativement une hausse de 0,1 % comparativement à 2018 qui coïncide avec le lancement de la deuxième phase du PSE. Ce résultat tient en partie à la mise en oeuvre du plan de développement national, qui a dopé l'investissement public et stimulé l'activité du secteur privé, ainsi qu'à un cadre macroéconomique propice à la croissance et à des conditions exogènes favorables (bonnes conditions météorologiques et cours du pétrole relativement bas). L'inflation reste faible et maîtrisée, et ce malgré le taux de croissance élevé. Avec un taux de croissance supérieur à 7 % (tiré principalement par l'agriculture), le secteur primaire est le plus dynamique, mais le secteur secondaire se développe et devrait passer en tête d'ici quelques années. Du côté de la demande, ce sont les exportations et les investissements qui ont connu la progression la plus rapide. Si le cadre macroéconomique du Sénégal reste solide, certaines fissures apparaissent, avec notamment la hausse des niveaux d'endettement et le manque de liquidités. Ainsi, malgré une baisse du déficit budgétaire, qui s'élève en 2017 à 3,7 % du produit intérieur brut (P11B), contre 4,2 % en 2016, plusieurs facteurs pèsent sur l'équilibre des finances

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publiques : le vaste programme d'investissement de l'État, le renchérissement des prix de l'énergie (qui induisent une hausse du montant des subventions énergétiques et une réduction des recettes en raison du gel des prix de l'essence) et les opérations du Trésor ayant financé le déficit d'autres entités publiques. Par conséquent, le Sénégal a retardé les paiements dus à certains fournisseurs en 2017. Par ailleurs, la dette publique a continué d'augmenter, bien qu'à un rythme plus faible, et a atteint 60,8 % du PIB en 2017. Quant au service de la dette, il est passé de 24 à 30 % des recettes publiques entre 2014 et 2017. Pour autant, le risque de surendettement reste faible selon la dernière analyse de soutenabilité de la dette du FMI et de la Banque Mondiale, cette évaluation pourrait toutefois être revue en cas d'aggravation des indicateurs concernés. La dette extérieure aurait atteint 62 % du PIB en 2017 selon les estimations, tandis que le déficit de la balance courante s'est creusé, passant de 5,4 % du PIB en 2016 à 7,9 % en 2017, en raison d'une hausse des importations de pétrole et de biens d'équipement plus rapide que celle des exportations.

Le gouvernement poursuit la mise en oeuvre du PSE et des réformes qui l'accompagnent. Ces mesures, qui visent à maintenir une croissance soutenue, concernent des projets d'investissement dans l'énergie, les infrastructures de transport et l'agriculture, ainsi que des changements en profondeur destinés à attirer davantage d'investisseurs privés.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld