III.2. Selon l'approche multidimensionnelle
En novembre 2004, Oumar Diop DIAGNE, Ousmane FAYE et Salimata
FAYE ont étudié le noyau dur de la pauvreté pour le cas du
Sénégal. La méthodologie utilisée est le cumul des
indicateurs de pauvreté monétaire (des dépenses), de
privation relative de Townsend et celui du patrimoine. L'ACM a
été utilisée pour le calcul de ces deux derniers
indicateurs. Cette étude s'appuie essentiellement sur deux
enquêtes conduites par l'Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie (ANSD) (ESAM 1994-1995 et ESAM II 2001-2004). L'analyse du
noyau dur montre que deux ménages sur onze manquent de revenu pour faire
face à leurs besoins immédiats, éprouvent des
difficultés à accéder à la modernité et,
pire, ont des perspectives sombres en raison d'une absence de qualification et
d'avoirs pouvant les faire sortir de la précarité. Le noyau dur
représente 18% des ménages vivant au Sénégal soit
17,54% de la population. Il est plus représenté en zone urbaine
(23,9%). On note un taux 16,8% à Dakar contre 16,54% en zone rurale. Le
profil âge du noyau dur est contrasté suivant les zones.
L'incidence de noyau dur est croissante avec l'âge du chef de
ménage à Dakar. Les ménages dirigés par des jeunes
sont nettement moins pauvres que ceux dirigés par des adultes ou
personnes âgées. Les ménages dirigés par des veufs
ou divorcés sont également très exposés au cumul
des trois formes de pauvreté. Dans l'espace urbain, les taux d'incidence
sont croissants avec la taille du ménage, jusqu'au seuil de 15 membres,
au-delà, l'évolution connaît une inflexion.
En avril 2005, la même étude,
révisée par les mêmes auteurs, a montré que
contrairement aux travaux antérieurs, que la pauvreté
sévit plus chez les ménages dirigés par des femmes soit
34% contre 27% pour ceux dirigés par des hommes. Parmi ses femmes, ce
sont des divorcées (18,20%) et veuves (18,50%) qui cumulent plus de type
de pauvreté. En ce qui concerne le niveau d'éducation, les sans
niveau représentent les 85,20% de la frange la plus exposée en
pauvreté du noyau dur et sont constitués à 70%, au moins,
par des ménages ayant pour chef un non instruit. La démographie
des ménages constituant le noyau dur montre que ces derniers sont d'une
taille ordinaire pour le Sénégal avec des taux de 20,20 à
21,60%. Les vieux sont plus exposés à 15,30%. Dans le milieu
urbain, on recense le plus d'extrêmes pauvres soit 36,70% à Dakar,
45,30% dans les autres milieux urbains et 19% en zone rurale.
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