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Les agents immobiliers et le blanchiment des capitaux en afrique centrale


par Mariette POKAM MAKOUPPO TAJOUO
Université de Dschang - Master 2020
  

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Section 1 : Les difficultés de la mise en oeuvre des obligations de vigilance

Les obligations mises à la charge des assujettis même si elles sont conformes aux exigences européennes en matière de lutte, sont quelquefois difficilement mise en oeuvre parce que parfois incompatibles aux réalités Africaine.

La difficulté de mettre en oeuvre effectivement la vigilance financière peut provenir de l'inadaptabilité du cadre formel et textuel de la vigilance c'est-à-dire le déphasage par rapport à la réalité des conditions de vérification de l'identité et du cadre de la vigilance prévue par le Règlement CEMAC (Paragraphe 1), mais également, dans la pratique, de la contribution des agents immobiliers à rendre la tâche compliquée à exécuter (Paragraphe 2).

Paragraphe1 : Les obstacles à la mise en oeuvre effective de la vigilance :
une identification des clients fortement lacunaire

Les obstacles à la mise en oeuvre des obligations de vigilance peuvent être dus à l'inadaptabilité des conditions de vérification de l'identité du client (A), ou des failles contenues dans le dispositif CEMAC même (B).

A- L'inadaptation des conditions de vérification de l'identité du client

Le contexte socio-culturel et même politique de la sous-région CEMAC est un élément pouvant créer des difficultés qui se poseront lors de l'identification des clients que ce soit des personnes physiques ou morales.

En effet dans certains Etats de l'Afrique Centrale, il existe des populations surtout venant des campagnes qui n'ont pas de documents officiels d'identification. Bien plus, les agents immobiliers peuvent faire face à des clients possédant de fausses pièces d'identification. En fait, certains États Africains en proie aux désordres institutionnels dus aux guerres civiles, aux terrorismes, il est très facile pour les nationaux de déclarer avoir perdu leurs documents officiels et de se faire établir d'autres sous de faux noms, et utiliser ceux-ci pour commettre des actes répréhensibles.

Par ailleurs, en droit camerounais, le Décret n° 76/166 reconnaît un droit d'accès au domaine national non occupé ou non exploité à toute personne physique ou morales quelle que soit sa nationalité58. Elles peuvent accéder librement aux terres appartenant aux particuliers par le biais des transactions : vente ou cession à titre gratuit ou l'échange d'un immeuble. Cette ouverture à des étrangers peut être une passerelle pour le blanchiment car l'identification de ces clients peut être rendue difficile du fait du retard que connait les États de la sous-région dans l'utilisation des nouvelles technologies pour obtenir des informations sur l'identité des personnes sollicitant l'acquisition des biens et de la suivie limitée des fichiers liés à l'état civil en Afrique centrale.

Il est vrai que tous les pays membres de la CEMAC disposent des lois régissant l'état civil. Toutefois dans de nombreux pays, la législation en vigueur est dépassée et non conforme aux normes internationales recommandées.

En effet, le contexte Africain caractérisé par un non suivi des fichiers liés à l'état des personnes physiques, il est facile de falsifier l'identité d'une personne ainsi l'obligation d'identification pourra se trouver dans une impasse et l'identité que le client aura donnée sera faussée même si l'assujetti respecte toutes les mesures de vigilance, il ne pourra pas avoir la réalité des faits concernant le blanchisseur.

Une autre difficulté concerne le défaut d'adresse sur les pièces d'identités. Donc par la présentation de la carte d'identité, le client ne renseigne pas l'agent immobilier sur son adresse. Aussi la vérification du domicile du client peut poser, en pratique, des difficultés.

Pour pallier à cela la solution qui fût consacrée par la jurisprudence française concernant les banques peut être transposable en Afrique dans le contexte des agents immobiliers. Il s'agit pour les agents immobiliers d'adresser une « lettre d'accueil » au domicile du client, pour plus de fiabilité, il doit s'agir d'une lettre recommandée avec avis de

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58 Art. 4 du décret n° 76/166 fixant les modalités de gestion du domaine national.

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réception59. L'identification d'un client juste avec la photocopie de sa carte d'identité semble insuffisante.

En outre, la fragilité du système des économies des pays de la sous-région les rend vulnérable au développement d'opérations immobilières sous-jacentes au blanchiment des capitaux. Aussi, le faible taux de bancarisation des États qui se situe autour de 11% pour certains pays de la CEMAC60 affecte la traçabilité des transactions immobilières ce qui revient à dire que les opérations se font le plus souvent en monnaie judiciaire, moyen facilitant le blanchiment.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe