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Le rôle de la société civile et de la barza intercommunautaire du sud-kivu dans la transformation des conflicts intercommunautaires : cas des conflicts entre les babembe et les banyamulenge à fizi


par Bonheur Kyalangalilwa
Université Catholique de Bukavu  - Licence/ bac +5 2020
  

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Chapitre I : Cadre théorique

Chapitre II : Matériels et méthodes

Chapitre III : Présentation des résultats

Chapitre IV : Discussion des résultats

CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE

I.1. REVUE DE LA LITTERATURE

La question au tour des conflits intercommunautaires dans la partie Sud-Est de la province du Sud-Kivu a été abordée différemment, mais de manière un peu complémentaire par les théoriciens et les experts dans le domaine d'étude de paix et des conflits, la plupart d'entre eux dans leurs analyses reviennent sur les facteurs (les causes) les plus profonds de ces conflits (Nicaise MUZINGA LOLA ;International Alert ; APARECO ; International Crisis Group ; ADEPAE, Arche d'alliance et Life and Peace Institute ; Inter-cluster Régional et OCHA; Saerch For Common Ground ; Bosco Muchukiwa; etc.), d'autres sur le mécanismes ayant été développés par les structures de la société civile pour en faire face (LabanaLasay'abar ; KAYSER ; Flaubert DJATANG;International Alert ;KAKULE PILIPILI Didier; etc.) et d'autres encore sur leur histoire

1. L'histoire des confits intercommunautaires à Fizi

Les auteurs (Life and Peaceet Al., Bosco Muchukiwa, Search For Common Ground, Pool Institute, etc.) sont ici presque unanime que les conflits intercommunautaires entre autochtones et allochtones à l'Est de la RDC et plus particulièrement dans les territoires de Fizi et d'Uvira remontent des mouvements migratoires des populations hutus et tutsi des pays voisins de l'Est de la RDC(le Rwanda et le Burundi) vers les territoires voisins de ces deux pays dans le Kivu ;ils soutiennent en plus que ces conflits ont été amplifiés par les guerres internes, le génocide Rwandais, et les guerres civiles et politiques au Burundi avec les poursuites de ces guerres sur les terres congolaises ; ils montrent en fin que ces conflits se radicalisent historiquement à travers les différentes décisions et actes administratifs sur la nationalité, l'accès à la terre et la gestion des entités administratives par les peuples dit allochtones.

2. Les facteurs ou causes des conflits

Les travaux identifiés précédemment soulignent un lien de causalité entre les causes des conflits intercommunautaires tel que vécu dans différentes provinces de la RDC et dans différents pays de la sous-région des grands lacs. International Alert (2010)24(*), revenant sur les sources de la récurrence des conflits intercommunautaires et communautaires opposant les Banyamulenge et les autres communautés dans la région de Fizi et de la plaine de la Ruzizi, montre d'emblée que les principaux facteurs de conflits dans cette région sont : l'identité, le foncier et le pouvoir coutumier prenant de l'ampleur depuis la rébellion du RCD de 1998.Complétant cette étudeLife and Peace Institute et Al. (2011)25(*), trouvent qu'au-delà du foncier, de l'identité et du pouvoir coutumier, les conflits intercommunautaires à Minembwe et dans la collectivité chefferie de la plaine de la Ruzizi opposant : pour le premier les Banyamulenge aux Babembe et pour le second les Bavira, Bafuliru aux Barundi, ont comme racines la gestion de la transhumance et la question d'érection de Minembwe en territoire.Surencherant les idées des études précédentes, International Crisis Group (2013)26(*), affirme pour sa part que la conflictualité dans la région Est de la RDC s'inscrit dans une compétition foncière et économique locale entre différentes communautés de cette région ;

Revenant sur les causes des conflits intercommunautaires entre autochtones et allochtones, Search For Common Ground (2014)27(*), trouve dans son rapport réalisé dans les hauts plateaux d'Itombwe et dans la plaine de la Ruzizi que les causes de ces conflits paraissent interconnectées et tournent au tour de la mobilisation de l'identité ethnique, l'accès aux ressources économiques, le foncier, le pouvoir et la transhumance.

L'APARECO(2019)28(*), montre pour sa part qu'il est impossible de comprendre la dynamique au tour des conflits entre les Banyamulenge et les autres communautés particulièrement les Babembe à Minembwe sans pour autant mettre en cause la vision impérialiste de Paul Kagame dans les conflits à l'Est de la RDC, ainsi qu'une analyse approfondie sur la question de la manipulation de l'identité des Banyamulenge. Par contre, Inter-cluster Régional et l'OCHA (2019)29(*), se focalisant sur l'aspect interactionnel des conflits intercommunautaires entre allochtones et autochtones, trouvent que la cohabitation entre ces communautés est marquée par des luttes de positionnement basées sur les faits passés des enjeux politiques et économiques, se manifestant par des cycles de violence atroces, trouvant leur base dans les oppositions individuelles et la gestion de la transhumance. D'autres facteurs comme : la lutte pour le contrôle des ressources économiques, les alliances avec les groupes armés étranger, la faible présence de l'autorité de l'Etat, l'enclavement de cette région, ainsi que le découpage élevant Minembwe en statut de commune rurale, sont vus comme déclencheurs de ces conflits.

En plus, l'étude d'Interpeace (2013)30(*) dans leur rapport sur la manipulation des identités et stéréotypes dans l'alimentation des conflits intercommunautaires dans la région des grands lacs, confirme la non exclusivité de la dimension ethnique dans les conflits intercommunautaires dans les grands lacs, tout en se focalisant sur le rôle de l'identité comme moteur des conflits dans les grands lacs, Interpeace trouve en accord avec les études précédentes que les conflits intercommunautaires sont due à des manipulations des identités telles que : les identités ``allochtones'' versus ``autochtones'' et les identités linguistiques au Nord-Kivu, à cela s'ajoute les identités professionnelles entre agriculteurs et éleveurs au Sud-Kivu ; les identités liées à la double nationalité et identités ethniques au Rwanda et finalement les identités d'appartenance politique et les identités ethniques au Burundi.

Complétant cette étude, Bosco MUCHUKIWA et Marcellin KASAGWE (2019)31(*)montrent que les conflits intercommunautaires au tour des questions identitaires, divisent dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira les ethnies Bembe, Bavira, Bafuliru, Banyindu, Banyamulenge et Batwa se mobilisant au tour du pouvoir coutumier et connaissant la participation des coalitions de groupes armés nationaux et extérieurs de la sous-région, ils notent que la notion des conflits intercommunautaires est un fourre-tout et désigne à la fois les antagonismes entre ethnies qui se battent au sujet de leur identité culturelle, de pâturages, de la reproduction des activités économiques, du contrôle des facteurs de production et de gestion des entités modernes crées par l'administration coloniale. Revenant sur les types et enjeux des conflits dans leur milieu d'étude, Muchukiwa et Kasagwe soutiennent à la lumière de ces précédents auteurs, que les enjeux des conflits intercommunautaires dans ces espaces gravitent autour des pâturages, du pouvoir, du territoire, de l'argent et de l'aide au développement, cela étant, la monopolisation de ces enjeux par une ethnie provoque les conflits intercommunautaires.

C'est dans la suite de ces analyses que Justine Brabant et Jean Louis K. Nzweve (2013)32(*) dans leur article: « la houe, la vache et le fusil ;conflits liés à la transhumance en territoires de Fiziet Uvira (Sud-Kivu, RDC) : Etat des lieux et leçons tirées de l'expérience de LPI » partant du cas où durant les saisons sèches un déplacement fréquent des vaches et des taureaux guidés par leurs bergers est constaté dans les hauts et moyens plateaux d'Itombwe vers la plaine et le littoral du lac Tanganyika à la recherche du pâturage, ce mouvement cause le ravage par le troupeau des champs des cultivateurs contribuant ainsi à l'alimentation des conflits au tour de la transhumance entre les cultivateurs (Babembe et Bavira) d'une part et éleveurs (Banyamulenge et Fuliro) d'autre part. Ces auteurs montrent par la suite que la transhumance participe à la mobilisation des dynamiques locales de la violence ainsi qu'à l'émergence des conflits intercommunautaires à travers l'accentuation des tensions sur la perception de droit de pacage, les barrières de mai-mai, les vols des bétails, l'organisation des banyamulenge en milices d'autodéfense, etc., ce qui conduit à des attaques de vengeance des agriculteurs sur les bétails dévastateurs des cultures des éleveurs conduisant à la manifestation des besoins d'autoprotection de part et d'autres.

Revenant sur les conflits intercommunautaires qui ravagent la province du Sud-Kivu en général, Bosco Muchukiwa (2016)33(*), montre que dans cette province, durant des années, des violents conflits intercommunautaires opposent au tour de la terre les Babambe et les Babuyu à Fizi, au tour du contrôle administratif les non originaires (Batutsi) et les originaires à Kalehe et aussi dans le territoire d'Uvira, ces conflits opposent les non originaires (Barundi et Banyamulenge) aux originaires (Bafuliru et Bavira) au tour de la nationalité, de la création des nouvelles entités administratives et de l'identité. Il montre par la suite que cette répartition de l'espace va aboutir à la production des nouvelles entités territoriales et administratives et que l'oubli des écarts entre le territoire ethnique et Etatique d'une part et entre le peuple autochtones et allochtones d'autre part est un facteur non négligeable de conflictualité; et propose par la fin quelques pistes d'orientation des actions en vue de la paix sociale allant à l'exigence de la reconnaissance réciproque des organisations territoriales, de l'histoires des peuples, jusqu'à la prise en compte des règles de droit.

Au-delà des facteurs sus évoqués, le Pool d'Appui à la Stabilisation des experts de la société civile congolaise (2017)34(*), partant de l'analyse des conflits dans la zone de Fizi, trouve que les conflits intercommunautaires dans cette zone demeurent encrés dans les facteurs comme l'activisme des groupes armés, ainsi que dans l'instrumentalisation des acteurs étatiques pour la défense des intérêts économiques et le trafic des ressources naturelles. Dans la dynamique des conflits à Fizi, le Pool d'Appui à la Stabilisation trouve deux types d'acteurs du processus des conflits que sont les acteurs des conflits incluant les groupes armés, les manipulateurs politiques, certains leaders religieux, certains chefs coutumiers et certains jeunes leaders ; par contre, un autre type d'acteurs est constitué des acteurs de paix comprenant les initiatives locales de paix, les dialogues intercommunautaires, interreligieux, inter jeunes. Ainsi donc, ce conflit se trouve renforcé par l'appui matériel et financier que reçoivent les groupes armés de ces différentes communautés ; c'est dans ce cadre qu'il confirme dans cet article que les conflits intercommunautaires à Fizi ont une certaine connexion sous-régionale à travers l'activisme des groupes armés étrangers Rwandais et Burundais.

Pour sa part, Nicaise MUZINGA LOLA (2001)35(*) par contre oriente ses analyses sur l'origine des conflits intercommunautaires au tour des l'identité entre les Banyamulenge et les autochtones, il trouve de ce fait que les causes des conflits au Kivu trouvent leur fondement dans quatre facteurs dont les facteurs ethniques, parmi lesquels nous trouvons : l'héritage colonial et les préjugés ethniques ; en suite il trouve les facteurs politiques dont : la politique ``mobutiste'' consistant à créer des conflits ethniques dont il était le seul capable à résoudre, la guerre civile rwandaise, la loi congolaise de 1981 sur la nationalité et les conclusions de Vangu ; les facteurs économiques contenant la dépossession des terres aux autochtones au Kivu, ainsi que la ``zaïrianisation'' ; finalement il trouve les facteurs idéologiques tels que l'apport des réfugiés Rwandais et les milices hutus. Suite à l'identification de ces facteurs de conflits au Kivu, il propose quelques solutions pour sortir de cette crise dont : le dialogue inter congolais, l'élargissement de la notion de nationalité et de citoyenneté, la mise en place des lois et institutions démocratiques et la mise en place des mesures d'encadrement et d'éducation intellectuelle.

3. Larésolution des conflits par les structures de la société civile

En ce qui concerne les mécanismes de résolution, de gestion ou de transformations de ces conflits, les théoriciens exploités dans ce travail insistent sur le rôle et les actions des structures de la société civile face à des conflits préoccupant leur société.

C'est en ce sens que les participants au Colloque Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale (2007)36(*)soutiennent que la société civile joue un rôle très important dans un processus de transformation des conflits mais à différents niveaux des conflits, c'est ainsi que dans laprévention des conflits, elle joue le rôle de veille et d'alerte, de bons offices et de plaidoyer ; dans la résolution des conflits par contre, elle joue le rôle de négociateur et de dénonciateur ; et finalement dans le processus de renforcement de la paix durable, elle joue le rôle d'appui au renforcement de la confiance, d'appui à la réhabilitation des communautés et de la mise en oeuvre des politiques de réconciliation. Pour être efficace, il nous revient dans ce travail de vérifier sur le terrain l'application de ces différents rôles de la société civile dans la transformation des conflits et en dégager les difficultés d'application, les limites et les défis en s'appuyant particulièrement sur le cas de la société civile du Sud-Kivu. Abordant dans un sens presque similaire du précédent, Berchmans LABANA LASAY'ABAR(2011)37(*)  dans son article sur : « Le rôle des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile congolaise », part du constat de l'apparition d'un nouveau type d'acteur en matière de construction de la paix en RDC, qu'est la société civile, qu'il qualifie à la fois de victime, actrice et partieprenante dans les conflits. C'est dans cette suite que LABANA évoque trois arguments pour justifier l'implication de la société civile dans la résolution des conflits : le premier se base sur l'hypothèse selon laquelle, accepter le rôle d'actrice joué par la société civile dans un conflit, conduit à accepter sa participation au processus de résolution des conflits ; le deuxième argument est que la durabilité des solutions dépend de leur acceptation, de leur intégration et de leurs portées par la population, et enfin le troisième est que compte tenu du fait que la majorité des conflits ont pour cause le déficit de la légitimité de l'Etat, la participation de la société civile dans un processus politique conduit à accroitre cette légitimité et pari cochet à participer au règlement du conflit. Cela étant, sous un angle purement politique, LABANA, se propose d'étudier le rôle des sociétés civiles congolaises dans la résolution des conflits et le maintien de la paix en se focalisant sur les conflits de nature politique, oubliant le rôle que peut jouer cet acteur dans la résolution des conflits intercommunautaires compte tenu de la pluralité identitaire des acteurs qui l'anime. Ce à quoi nous nous proposons de s'intéresser dans le présent travail.

Mais, loin de là,Christiane KAYSER et Flaubert DJATANG (2018)38(*) en citant Catherine BARNES en contradiction avec les deux premiers ci-haut, montrent que la société civile joue un double rôle dans les conflits et la recherche pour la paix, ils appuient que tant cette dernière peut apporter un soutien de taille aux forces qui font la guerre, tant elle constitue à la fois une énergie très puissante dans la construction de la paix et de cela elle joue un rôle très capital à tous les niveaux de l'évolution de la résolution des conflits en accord avec le colloque régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale ; Catherine poursuit en montrant que la société civile participe à l'émergence d'un conflit et permet son éclosion de manière non-violente dans un soucis de susciter un changement nécessaire, il conclut en cela que le conflit dans une société est un moyen pour aboutir aux objectifs du changement social. Ainsi donc dans la consolidation de la paix les auteurs montrent que la société civile joue la fonction de plaidoyer aux côtés d'autres actions comme l'observation des droits de l'homme et d'autres activités conjointes faisant le pont entre les sociétés divisées. Ainsi donc, (NicaisesMuzinga, 2001; la Commission Justice et Paix Belge, 2010 ; International Alert, 2010; Arche d'Alliance et All, 2011 ; Search For Comon Ground,2014 et Bosco Muchukiwa,2016)soutiennent que dans les territoires d'Uvira et de Fizi des structures comme les Barza communautaires, les CCI (Cadres de Concertation Intercommunautaires), des structures féminines, des jeunes et coutumières ont été mis en place par les communautés soutenues par des ONG et le gouvernement en vue de s'impliquer dans la gestion quotidienne des conflits dans leurs communautés et discuter de la paix.

A cote de ces auteurs abordant la société civile comme acteur direct dans les processus de résolution de conflits et de la construction de la paix, beaucoup d'autres recherches ont été menées dans ce sens mais abordant la société civile comme une structure de plusieurs composantes d'acteurs et d'organisation oeuvrant dans un domaine particulier, mettant au premier plan les causes et les intérêts sociaux des communautés.Dans le cas d'espèce, il s'agira des structures de la société civile qui oeuvrent dans la résolution, la transformation, la gestion des conflits et la consolidation de la paix.

C'est ainsi que International Alert (2010)39(*)dans son article : « La Paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu » se focalise sur les initiatives locales de paix ayant été mises en place dans les deux provinces par les acteurs de la société civile pour gérer les conflits afin de faire face à la crise de justice et à l'augmentation des conflits. C'est dans ce sens qu'International Alert explique les initiatives locales de paix en collaboration avec certaines structures de la société civile dans la résolution des conflits sociaux et la promotion de la paix.

Dans ce même angle d'idée KAKULE PILIPILI Didier (2012)40(*)analyse les mécanismes de résolution des conflits fonciers dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu dans le cadre informel et extrajudiciaire, et démontre que le niveau de participation de la population locale à la production du droit réglementant la résolution des conflits fonciers de leur zone est consistant et assure que ``les associations de structures locales dans la résolution des conflits fonciers,...sont d'importance capitale'' ; analysant les facteurs qui expliquent la récurrence dans le recours à des mécanismes extrajudiciaires et de quelle façon la résolution extrajudiciaire peut agir sur l'issue des conflits fonciers, Kakule aboutit à des résultats tels que : le recours récurent à ces méthodes est due à la création du programme STAREC facilitant la cohabitation pacifique entre population, l'implication des ONG oeuvrant dans le domaine de la résolution des conflits, les solutions gagnant-gagnant que proposent ces mécanismes, les discrédits et l'éloignement des structures judiciaires ; il démontre en suite que la réussite des actions de ces structures dépend de deux conditions dont le crédit accordé aux médiateurs et la volonté des parties en conflit. Ces résultats de Kakule prouvent à suffisance combien le recours à des mécanismes alternatifs de gestion des conflits est important et efficaces dans la résolution des conflits entre communautés comparativement au recours à des mécanismes juridiques, ce qui nous pousse à orienter notre réflexion sur le rôle que peut jouer des tels mécanismes dans des conflits si délicats que sont les conflits intercommunautaires.

Dans leur suite, Niagalé BAGAYOKO et Fahiraman Rodrigue KONE41(*)rentrent plus loin et cherchent à comprendre l'implication des « Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne », ils trouvent en cela que ces mécanismes sont efficaces et constituent par ce fait des alternatives importants aux dispositifs nationaux et internationaux faisant face aux dynamiques conflictuelles en Afrique ; leur analyse parait très capital en ce sens qu'elle offre les clés de compréhension des principes de base et des acteurs animant le fonctionnement de ces mécanismes traditionnels en Afrique de l'Ouest, ils s'intéressent par la suite aux mécanismes participant à la gestion de cinq types de conflits, parmi lesquels : les conflits de proximité, les conflits de leadership, les conflits fonciers, les conflits intercommunautaires et les conflits intracommunautaires ; en questionnant sur la neutralité et la crédibilité des acteurs intervenant dans la régulation de ces conflits, etc.

En ce qui concerne la société civile et la transformation des conflits, il convient de noter que les auteurs ci-haut émergés parlent du rôle que jouent plutôt les structures ou composantes membres de la société civile de manière générale reprenant les actions entreprises dans ce sens par différentes ONG membres, laissant un flou sur la circonscription de la société civile comme acteur pris singulièrement. C'est dans ce flou conceptuel que la présente recherche trouve son originalité, en se focalisant sur le bureau de coordination de la société civile comme acteur de transformation des conflits, ce qui n'a pas été abordé par les différents chercheurs exploités.

L'analyse de la littérature exploitée ci-dessous revient également sur l'histoire des conflits intercommunautaires à Fizi, dans la province du Sud-Kivu et plus généralement en RDC en démontrant les facteurs ayant concourus à la dynamique de ces conflits, les acteurs surtout visibles ou directs de parts et d'autres, les initiatives entreprises pour apporter une solution à ces conflits et la manière dont s'est investie la société civile prise de manière générale, Barza intercommunautaire comprise dans la recherche de solution à ce conflit. Mais, certaines zones d'ombre méritentégalement un éclaircissement notamment : sur les acteurs indirects et leurs rôles dans l'alimentation de ces conflits intercommunautaires, sur le rôle que joue le bureau de coordination de la société civile pris singulièrement et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation de ces conflits et sur les limites des initiatives précédentes de transformation des conflits ayant été entreprises par différents acteurs pour faire face à ces conflits. Voilà en quelques sortes, des préoccupations sur lesquelles se fonde notre recherche, et auxquelles nous porterons notre analyse tout au long de ce processus de recherche.

* 24 International Alert « La paix à petits pas, Inventaire et analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : Cas du Nord et du Sud-Kivu », 2010, pp68

* 25 Life and Peace Institute et al.,« Au-delà des groupes armés, conflits locaux et connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2011, pp160

* 26 International Crisis Group, « Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la Ruzizi, Brussels », Rapport Afrique de Crisis Group N°206, 23 juillet 2013, pp37

* 27Search For Common Ground, « Analyse de conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de Mwenga et plaine de la Ruziz »i, 2014, pp41

* 28 APARECO, « Memorandum : Vérité sur la guerre de Minembwe », Paris, 2019, pp32

* 29 Inter-Cluster Régional et OCHA,«Plan de réponses stratégique et opérationnel face à l'impact humanitaire de la crise conflit intercommunautaire dans les Moyens et Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga » Bukavu, 2019, pp18

* 30Interpeace, 2013, « Manipulation des identités et stéréotypes : enjeux et défis pour la paix dans la région des Grands-Lacs », Gecko Media, octobre, 70p

* 31 Bosco Muchukiwa et Marcellin Kasagwe « Conflits dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des acteurs et crise politique régionale en perspective» Bukavu, 2019, pp24

* 32 Justine Brabant et Jean Louis K. Nzweve «La houe, la vache et le fusil ; Conflits liés à la transhumance en territoires de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) : État des lieux et leçons tirées de l'expérience de LPI » ,Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2013, pp167

* 33 Bosco Muchukiwa« Identités territoriales et conflits dans la province du Sud-Kivu en RDC »,Genève, éd. Globethics.net, 2016, pp 62

* 34 Pole Institute «Analyse croisées de conflits à l'Est de la RDC », Goma, 2017, pp157

* 35Nicaise Muzinga Lola, « Les conflits ethniques et les problèmes d'identité à l'est de la république démocratique du congo : cas des Banyamulenge », Mémoire de maitrise, éd., Université de Sherbooke, 2001

* 36 Colloque Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale, « Paix et Résolution des conflits en Afrique centrale : Que peut faire la Société Civile ?»,Kinshasa, 2007

* 37BerchmansLabana LASAY'ABAR « Le rôle des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile congolaise », Kinshasa, UNIKIN, 2011, 11p

* 38C. KAYSER et Flaubert DJATANG, « Les acteurs civils et la prévention des conflits », Berlin, éd. Pain pour le monde, 1ière édition, 2018

* 39 International Alert «La paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu »

* 40KakulePilipili Didier, « La résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de Masisi : procédures et valeurs juridiques », Mémoire de licence, Université de Kisangani, 2010-2011 Disponible en ligne sur www.memoiresoneline.com

* 41Fahiraman Rodrigue KONE « Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne», 2016

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand