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Le rôle de la société civile et de la barza intercommunautaire du sud-kivu dans la transformation des conflicts intercommunautaires : cas des conflicts entre les babembe et les banyamulenge à fizi


par Bonheur Kyalangalilwa
Université Catholique de Bukavu  - Licence/ bac +5 2020
  

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I.2. CONCEPTUALISATION

2.1. Le conflit

Pour Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi, Le conflit peut se définir comme la « poursuite des buts incompatibles par différents groupes »42(*) Cette définition reste très limitée en ce sens qu'il ne tient compte que d'un seul élément de la définition qu'est l'incompatibilité des buts.

DiakonieKatastrophenhille et Brot fur dlewelt trouvent aussi que le terme « conflit » au sens large, désigne une mésentente entre des individus ou des groupes au sujet d'objectifs prétendument incompatibles. Ils poursuivent en disant que le conflit ne signifie pas nécessairement la violence, car dans sa forme constructive, le conflit est un moteur de changement, inévitable et créatif. Cependant, lorsque les conflits s'intensifient et les protagonistes en viennent à faire usage de la violence, c'est le potentiel destructif des conflits qui se déploie.43(*) Leur conception de conflit ne s'écarte pas tellement de la conception de Jean-Luc Marret en ce sens qu'ils reviennent aussi sur la poursuite par les parties des objectifs incompatibles, mais ils s'écartent du premier par le fait d'opposer les conflits à la violence en soulignant leur caractère constructif.

Jean-BatptisteDurosselle44(*) dans sa conception des conflits, revient sur trois définitions complémentaires de ces derniers, mais sous un angle international, qu'il convient de contextualiser :

1°) Le conflit désigne : Le choc entre des volontés opposées quels que soient les moyens envisagés ou utilisés par les adversaires pour assurer le triomphe de leurs ambitions.

Cette première définition de Durosselle s'intéresse beaucoup plus sur les sujets du conflit.

2°) Le conflit désigne : Les situations successives dans lesquelles deux ou plusieurs partenaires considèrent un objet comme un enjeu dont la possession (à conquérir ou à garder) mérite que l'on coure des risques.

Cette deuxième définition du conflit vient intégrer la notion de l'objet du conflit qui se transforme souvent en enjeu (qui est l'objet que l'on veut acquérir, ne le possédant pas et dont celui qui le possède veut par tous les moyens conserver.) ; cette deuxième définition se trouve aussi limitée en ce sens qu'elle ne tient pas compte des motifs qui poussent les acteurs à entrer en conflit. Ce qui donne sens à une troisième définition.

3°) Le conflit désigne : un ensemble complexe des tensions où l'action de l'homme d'Etat (d'une partie) qui s'accompagne des réactions émotionnelles collectives (de l'autre partie, peuple)

Ces définitions du conflit de Duroselle, combinées avec les deux précédentes nous permettent d'envisager le conflit dans la présente recherche comme : une divergence des points de vue, d'intérêts, d'objectifs,...entre deux ou plusieurs personnes, au sein d'une (conflit intracommunautaire) ou plusieurs (conflits intercommunautaires)communautés, au tour d'un objet (enjeu) biendéterminé, dans un espace, et à un moment donné.

2.2. Le conflit intracommunautaire

Il désigne une divergence de points de vue, d'intérêts, d'objectifs,...entre deux ou plusieurs personnes ou groupes de personnes au sein d'une même communauté, au tour d'un objet bien précis, dans un espace, et à un moment donné.

2.3. Le conflit intercommunautaire

Pour Bosco Muchukiwa, la notion des conflits intercommunautaires est un fourre-tout et désigne les antagonismes entre ethnies qui se battent au sujet de leur identité culturelle, des pâturages, de la reproduction des activités économiques, du contrôle des facteurs de production et de la gestion des entités modernes créées par l'administration coloniale.45(*)

Dans ce travail, ce concept sera employé pour désigner une divergence de points de vue, d'intérêts, d'objectifs,... entre deux ou plusieurs communautés, au tour d'un objet bien précis dans un espace et à un moment donné de l'histoire et se manifestant sous diverses formes.

2.4. La violence

DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt montrent dans leur article sur la transformation des conflits et la construction de la paix que :

« Au sens large, la violence englobe des actes, des paroles, mais aussi des structures et des systèmes qui provoquent des dommages physiques, psychiques, sociaux ou écologiques, et empêchent les hommes d'atteindre leur potentiel intégral. Ce n'est pas seulement la violence ouverte des parties en conflit, mais aussi la violence cachée des structures oppressives qui entraînent beaucoup de souffrances et des destructions. Vaincre la violence et construire la paixsignifie alors modifier ces structures négatives qui se manifestent par exemple dans la discrimination, la privation de droits et de libertés, l'empêchement des chances. »46(*)

Contrairement à cette première définition de la violence, Herbert cité parMark Goodale nous donne une autre définition de la violence, un peu plus incomplète car tenant compte seulement de sa dimension physique, il montre que la violence est « l'exercice de la force physique de manière à causer des blessures à des personnes ou endommager des biens ; une action ou une conduite caractérisées par cela ; un traitement ou un usage qui tend à causer des blessures corporelles ou à interférer avec la liberté personnelle »47(*), en optant pour cette définition, Herbert oubli que la violence peut aussi être morale ou psychologique, spirituelle, conjoncturelle, structurelle, etc.,ce qui est aussi le cas de la plupart des violences intercommunautaires, parmi lesquelles on trouve celles entre les Babembe et les Banyamulenge.

2.5. La médiation

La médiation se définit comme l'action de mettre en relation, par un tiers appelé médiateur, deux personnes physiques ou morales appelées médiées, sur base des règles et des moyens librement acceptés par elles, en vue soit de la prévention d'un différend ou de sa résolution, soit de l'établissement ou du rétablissement d'une relation sociale.48(*)

Cette définition de la médiation permet de distinguer deux types ou modèles de médiation pratiqués à travers le monde : la médiation-facilitation et la médiation-évaluation

Dans la médiation-facilitation, le médiateur s'efforce de faciliter le dialogue entre les parties et d'aider chacune d'elles à comprendre le point de vue, la position et les intérêts de l'autre par rapport au différend.

Dans la médiation-évaluation, le médiateur émet sur le différend un avis non contraignant que les parties sont libres d'accepter ou de rejeter. C'est à elles de choisir le modèle de médiation qui sera suivi.

2.6. La négociation

Josée Latendresse49(*) définit la négociation comme étant un mode de résolution des conflits qui suppose que les personnes impliquées discutent de leurs besoins et de leurs intérêts en fonction d'atteindre une solution mutuellement acceptable. Ainsi comprise, elle consiste à traiter les litiges « sur le fond » plutôt que sur l'argumentation et prend comme prémisse que la meilleure option de la gestion d'un conflit est de déterminer l'intérêt commun où chacun est gagnant.

Pour Latendresse, la négociation permet de mettre l'emphase sur les intérêts et les objectifs communs des parties en conflit plutôt que de les polariser sur leurs positions initiales, elle permet aussi de mettre au premier plan la coopération à la place du compromis et de la compétition.

Ainsi comprise, dans la présente étude, ce terme sera utilisé pour insinuer un mécanisme de transformation des conflits auquel fait recours le bureau de coordination de la société civile et le Barza intercommunautaire sous le rôle de négociateur pour amener les parties au conflit à trouver une solution négociée à leurs problèmes.

La figure qui suit met en relation les différentes techniques du processus de traitement des conflits aux résultats des différentes approches de résolution des conflits.

Source :Josée Latendresse : « Faire face aux conflits » 

Figure 1 : Gamme de traitement des mécanismes des conflits

Se basant sur cette gamme de traitement des conflits, notre analyse va s'appuyer sur le quatrième niveau de la gamme : prévention et transformation des conflits, comprenant des mécanismes proactifs dont la négociation, la médiation et la réconciliation qui sont aussi réactives face à une situation de conflit.

2.7. La société civile / Bureau de coordination de la société civile

Reiner FORSTER et Mark MATTNER soutiennent que la société civile peut se définir comme un large éventail d'organisations non gouvernementales et non lucratives qui ont une présence dans la vie publique et qui expriment les intérêts et les valeurs de leurs membres ou d'autres basés sur des considérations ethniques, culturelles, politiques, scientifiques, religieuses ou philanthropiques.50(*)

La société civile est un concept très complexe, qui revêt différentes significations selon les auteurs, le contexte, les approches, l'espace et le temps dans lequel il est utilisé.

Se basant sur les diverses conceptions de la société civile par les auteurs comme : Renaud SAINSAULIEU, qui constate que la société civile postule deux espaces : public et privé, où au quotidien, les acteurs déploient leurs actions en vue de concourir à la transformation de leur société ; Claude Abé, qui d'un survol historique, trouve que la naissance de la société civile coïnciderait avec celle de l'Etat vers le XVIIèmesiècle, sous l'impulsion des philosophes comme Thomas Hobbes, pour qui la société civile est une totalité sociale qui inclue l'Etat avec lequel il se confond pour entrer en opposition avec la société naturelle, et John Locke, pour qui la société civile regroupe les personnes vivant ensemble, formant un même corps, soumises à une loi commune et d'un organe judiciaire auquel elles font recours.51(*) Paul Kadundu trouve que, « Ces diverses conceptions de la société civile illustrent bien la raison pour laquelle le concept de société civile ne peut pas mieux se comprendre au travers d'un prisme normatif avec des critères ou des conditions normatives.»52(*), conscient de ce constat, nous avons circonscrit opérationnellement dans la présente étude ce concept de société civile au Bureau de coordination de la société civile comme acteur.

Dans cette étude nos analyses s'intéresseront seulement sur le Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu, sans pour autant considérer la société civile dans son angle le plus global comprenant toutes les structures qui la compose : ONGs, Confessions religieuses, Groupes de pression, etc. y compris la Barza intercommunautaire.

Ainsi compris, le bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu est abordé dans cette recherche comme étant un ensemble composé des représentants de différentes organisations membres, regroupés en des composantes et groupes thématiques, coordonné par un bureau composé d'un président, d'un vice-président, d'un rapporteur titulaire, d'un rapporteur adjoint, d'un trésorier et des membres élus par ses différentes structures pour un mandat de 3 ans.

2.8. La Barza intercommunautaire

Jean ChrisostomeKiyala (2016)53(*) trouve que le mot Barza ou Baraza signifie une véranda en langue locale kiswahili de l'Est de la République Démocratique du Congo, et représente une structure traditionnelle locale de consolidation de la paix et de résolution des conflits.

S'appuyant sur le cas des Baraza du Nord-Kivu, il montre que la Baraza se compose du Baraza local opérant au niveaudes villages, des chefferies et du Baraza intercommunautaire regroupant les anciens au niveau provincial.

Kiyala poursuit en disant que le Baraza traditionnel fonctionnait comme une jurisprudence coutumière où les personnes qui violaient les normes et les coutumes ancestrales étaient convoquées par les anciens pour faire des réparations et se réconcilier avec les ancêtres. C'est ainsi qu'il trouve qu'à l'heure actuelle, laBaraza intercommunautaire du Nord-Kivu sert d'organe de consultation entre diverses communautés de cette province, parmi lesquelles il cite : les Hutu, les Kano, les Kumu, les Nande, les Nyanga, les Tembo, les Tutsi, etc.

Dans cette étude nous allons essayer de faire une petite rupture entre la barza intercommunautaire comme structure membre de la société civile pris de manière générale, avec le bureau de la coordination de la société civile, pris avec la barza comme acteurs intervenants dans la transformation des conflits entre communautés.

Il convient aussi de souligner que le terme « Barza intercommunautaire » d'après certains ouvrages consultés revêt le genre féminin, alors que les praticiens des activités de cette structure montrent que ce terme s'emploi toujours au masculin, ce qui montre une petite confusion dans l'emploi de ce terme. Dans la présente étude nous l'utiliserons parfois au masculin, parfois au féminin selon le contexte.

* 42Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi dans : « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de conflits » p9

* 43DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt, « Transformation des conflits et construction de la paix : Cadre d'orientation de la Diaconie oecuménique », p7

* 44Duroselle Jean-Baptiste, « La nature des conflits internationaux » . In: Revue française de science politique, 14? année, n°2, 1964.pp.295-308;doi : https://doi.org/10.3406/rfsp.1964.418407, https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1964_num_14_2_418407

* 45Bosco Muchukiwa, «Transforamation des conflits : orientations théoriques, diversité et efficacité d'approches », ISDR-Bukavu, 2019 Disponible en ligne sur https://www.isdrbukavu.ac.cd/recherche/publications/   

* 46DiakonieKatastrophenhilfe et Brot fur dlewelt «Transformation des conflits et construction de la paix : Cadre d'orientation de la Diaconie oecuménique » p21

* 47Mark Goodale « Traduire la paix et la violence : l'anthropologie entre la critique et l'engagement »

* 48 Aline Zihalirwa, cours de Questions spéciales des techniques de médiation, L1 cm, Ucbukavu, 2018-2019

* 49Josée LATENDRESSE « Faire face aux conflits », éd. Centre 1,2,3 GO disponible en ligne sur www.centre123go.ca

* 50Reiner FORSTER et Mark MATTNER cités par Patrice Kreidi dans : « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de conflits », Mémoire de master, Université de Genève, Genève, 2007, p8

* 51Renaud SAINSAULIEU, Claude Abé, Thomas Hobbes et John Locke, cités par Paul Kadundu dans, Société civile et pauvreté à Bukavu, en RD. Congo : L'Afrique en quête du compromis entre le local et le global, Presses Académiques Francophones, Paris, 2015, p 105

* 52 Paul Kadundu, Société civile et pauvreté à Bukavu, en RD. Congo : L'Afrique en quête du compromis entre le local et le global, Presses Académiques Francophones, Paris, 2015, p 107

* 53Jean ChrisostomeKiyala, cours de Sociétés pacifiques et systèmes de paix, L2 CM, Ucbukavu, 2019-2020

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard