3.4. Discussions et recommandations pour une meilleure
valorisation des savoirs locaux
3.4.1. Discussions
3.4.1.1. Perceptions paysannes du changement
climatique
Les agriculteurs mettent en exergue plusieurs perceptions du
changement climatique. En effet, plus de 60% des agriculteurs de chaque village
enquêté ont perçu les changements pluviométriques
à travers les indicateurs tels que « la baisse de la
pluviosité », « les poches de sécheresse», «
le raccourcissement de la durée de la saison pluvieuse », «
rupture des pluies».
Ces observations corroborent les résultats de
recherches scientifiques telles que celles de Doumbia et al (2013), Beavogui
(2012), Bambara et al. (2013), Agossou (2008), Codjia (2009), Gnanglè et
al. (2009) menées dans la zone sahélienne africaine et relative
aux perceptions paysannes des indicateurs de changements
pluviométriques.
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Les études de Pierre et al (2012) au Sud-est du Benin
ont montré également que plus de la moitié des
agriculteurs ont perçu le changement climatique à travers la
diminution du nombre de jours de pluies, l'occurrence des pluies violents et le
démarrage tardif des pluies. Ces résultats s'inscrivent dans le
même ordre d'idée que ceux des agriculteurs de la localité
étudiée.
L'analyse des résultats de l'enquête montre que
les taux de perceptions pour l'augmentation de la température et la
violence du vent font unanimités au sein des agriculteurs. En effet, les
agriculteurs se souviennent des phénomènes climatiques tels que
la hausse de température et la violence du vent qui entraînent de
nombreux dégâts matériels : décoiffement des
toitures, démolissage des murs, destruction des cultures,
déracinement des arbres, plasmolyse et flétrissement des
cultures, etc. Des taux de perception similaires pour les hausses de
température et la violence du vent ont été
rapportés par Ouédraogo et al., (2010) au Burkina Faso, par
Agossou et al., (2012) et Gnanglè et al., (2012) au Bénin.
3.4.1.2. Perceptions paysannes des causes du changement
climatique
En Côte d'Ivoire, les causes de la variabilité
climatique est la manifestation colérique des aïeux. C'est à
dire que les populations attribuent cette variation au non-respect des
pratiques ancestrales qui provoque la colère des dieux.
Brou et al., (2005), Haxaire, (2002) et Boko et al (2016) ont
révélé le non-respect des règles divines comme
perception du changement climatique à travers la pratique de relations
sexuelles discrètes en brousse, la profanation des lieux sacrés,
les fétiches, les crimes, les interdits liés à la nature,
etc. Les mêmes observations sont faites par les agriculteurs à
Nassian.
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