I.3. PEUR DE L'ECHEC ET INTENTION ENTREPRENEURIALE
Etablir le sens de la peur de l'échec est le premier
pas vers une conceptualisation rigoureuse de ce phénomène en
entrepreneuriat. La peur de l'échec est un facteur qui relève de
la psychologie et peut influencer négativement l'atteinte des
objectifs.
De ce fait, il parait impérieux d'explorer les
évidences empiriques sur le lien qui existerait entre la peur de
l'échec et l'intention entrepreneuriale des étudiants.
La peur de l'échec est une réaction
émotionnelle associée à la décision de créer
une entreprise. Une grande partie de recherche entrepreneuriale a
examiné l'influence que peut avoir la peur de l'échec sur le
comportement entrepreneurial (Caciotti et Hayton, 2014). Dans la
littérature existante, cette variable a été décrite
comme une émotion négative (Palzelt et Shepherd, 2011), une
expérience de honte ou d'humiliation résultant de l'échec
(Wood et al. 2013). La peur de l'échec est une force négative qui
inhibe l'intention entrepreneuriale menant à un éventuel acte.
Etant donné que l'entrepreneuriat est intimement lié à
l'incertitude et à la prise de risqué, la peur de l'échec
est un facteur puissant qui empêcherait l'aboutissement de l'intention
à l'acte de création d'entreprise (Caliendo, Fossen et Kritikos,
2009). Se référant aux recherches psychologiques, la peur de
l'échec est perçue comme un cadre d'évaluation autonome
qui influe sur la façon dont elle définit, oriente et
expérimente les échecs dans des situations d'exécution
(Heckhausen, 1991). Elle a une influence déterminante sur la motivation
des individus à réussir et sur leurs aspirations professionnelles
(Burnstein, 1963), y compris la décision d'exploiter une
opportunité commerciale ou non (Welpe et al. 2012). La peur de
l'échec d'une personne sera négativement reliée à
son intention d'exploiter une opportunité d'affaire dont elle a
identifié. Selon le Global Entrepreneurship Monitor, la peur de
l'échec est la principale raison invoquée par les aspirants
entrepreneurs pour ne pas créer leurs propres entreprises (Bosma et
alii, 2007),
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c'est aussi la plus grande raison qui pousse la
majorité de gens à ne pas se lancer dans les affaires (Business
Venture Advice, 2007).
Conroy (2002) a rapporté que les conséquences de
la peur de l'échec et de l'anxiété étaient à
l'origine d'une série d'effets psychologiques qui étoufferaient
l'intention de s'engager dans n'importe quelle affaire.
Les travaux de Li (2011) menés sur les étudiants
des universités des Belgique, de Chine et des Etats Unis montrent une
différence significative entre le genre dans l'importance perçue
de la barrière de la peur de l'échec sur l'intention
entrepreneuriale. Aux Etats Unis tout comme en Belgique, les hommes
perçoivent ces barrières comme moins importantes que les femmes
mais pas en chine. De plus le genre n'a pas d'effets modérateurs sur la
relation entre peur de l'échec et intention entrepreneuriale.
Les études de Wood, McKinley et Engstrom (2013)
menées auprès de chômeurs prouvent que le licenciement et
la durée de chômage sont des incitations a une grande intention
entrepreneuriale et que la source qui poussent à ne pas exploiter les
opportunités est modérée par la peur de l'échec et
la propension au risque.
Selon les recherches de Michel et Shephered (2011), la peur de
l'échec entrave (interaction entre capital humain spécifique et
la peur de se dévaluer soi-même et l'interaction pour
l'efficacité personnelle et la peur d'avoir un avenir incertain), de
même que les motivations (interaction entre l'efficacité
personnelle et la peur de la dévalorisation).
Les études antérieures se sont beaucoup
focalisées sur les effets inhibiteurs de la peur de l'échec
ignorant la force de la motivation que le construit peut exercer sur
l'intention entrepreneuriale.
Au regard de ces développements, nous formulons notre
hypothèse de recherche de la façon suivante : la peur de
l'échec des étudiants influencerait négativement
l'intention entrepreneuriale de ceux-ci.
Les variables sont évaluées sur une
échelle de mesure à 5 points allant de 1 «pas du tout
d'accord» à 5 «totalement d'accord », tel que
recommandés dans les travaux d'Emin (2003).
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