I.2. PEUR D'ECHEC
Deux groupes d'auteurs ont donné une définition
au concept peur de l'échec. Le premier groupe la définissent en
terme d'aversion au risque (Lay, 1994 ; Helms 2003 ; Wagner et Stenberg 2004,
Hessels et al. 2011) et le second comme une émotion négative
résultant de la perception de menaces (Patzelt et Shepherd 2011 ; Welpe
et al. 2011 ; Li, 2011).
La peur de l'échec est considérée par le
GEM (2013) comme blocage de l'identification d'une bonne opportunité
d'affaire. Elle est un facteur qui pousse la personne à nier de
s'engager dans la carrière entrepreneuriale, d'exploiter une
opportunité et d'échouer même dans une situation de
réussite (Heckhausen, 1991). De ce fait, la peur de l'échec se
désigne par une réaction émotionnelle associée
à la décision de créer ou non l'entreprise (Wennberg et
al. 2013).
Dans la tradition de recherches psychologiques, le terme peur
de l'échec a été utilisé pour désigner une
disposition stable (par exemple McClelland, 1951 ; McClelland et al. 1953) et
un état psychologique (Conroy, 2001).
L'approche dispositionnelle suppose l'étude de
caractéristiques internes de la personnalité stable pour
expliquer les attitudes et les comportements (Stew et Ross, 1985). Elle et une
tendance stable des individus à s'inquiéter de l'échec
(Atkinson et Litwin, 1973, Birney et al. 1969).
L'approche par état suppose que le comportement est
fonction d'états psychologiques stimulés par des
caractéristiques de la situation (Leary et Hoyle, 2009). Selon cette
approche, certaines variables de la situation créent des
différences dans les états psychologiques des individus.
D'où, la peur de l'échec est un état cognitif et
émotionnel temporaire vis-à-vis des stimuli environnementaux et
qui sont appréhendés comme des menaces dans de contextes de
réalisation (Conroy, 2001).
Pour mesurer la peur de l'échec, le Global
Entrepreneurship Monitor utilise les tests d'anxiété de
caractère qui permettent de mesurer le degré de croyances
cognitives et émotionnelles des individus ; d'autres chercheurs
utilisent les items et prennent pour acquis que si la peur de l'échec
est présente, cela aurait toujours un effet inhibiteur (Cacciotti et
Hayton, 2014). Ces mesures ne semblent pas pourtant présenter avec
précision le concept de peur de l'échec. Si la peur de
l'échec est la réaction cognitive et émotionnelle
temporaire vis-à-vis des stimuli environnementaux qui sont perçus
comme une menace dans le contexte entrepreneurial, une
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mesure de la peur de l'échec doit alors prendre en
compte ses composantes à la fois cognitives et émotionnelles.
Notre littérature montre que la peur de l'échec
est toujours une barrière à l'intention entrepreneuriale. La
conceptualisation de la peur de l'échec reste simpliste, l'associant
souvent à l'aversion pour le risque ou aux émotions
négatives. La mesure de celle-ci est également très
limitée et dans certains cas sa validité est discutable. Cela
étant, il serait nécessaire de parvenir à un accord
conceptuel sur la nature de la peur de l'échec ainsi qu'une mesure
valide du construit.
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