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Problématique de l'émergence socioéconomique de la RDC.


par Grace NGWALA
Université protestante au Congo - Licence 2019
  

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2.1.2 La Pauvreté

A la mesure de la complexité de l'existence humaine dont elle rend compte, la pauvreté est un concept multidisciplinaire. Dans son acception la plus générale, elle désigne un certain niveau de manque ou d'insuffisance dans l'existence ou le bien-être de l'homme. Dans la pratique, ses définitions différent par la manière d'appréhender le bien-être et de traduire cette appréhension par quelques indicateurs pratiques et utiles dans la mise en oeuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté. L'évolution de la pauvreté en RDC est présentée dans ses trois dimensions : monétaire, alimentaire et humaine. (RNDH, 2000)

2.1.2.1 Pauvreté monétaire

La misère sociale continue à s'aggraver à l'ombre d'une augmentation accélérée des exportations. En RDC, le taux de pauvreté évalué à 71% reste parmi les plus élevés d'Afrique où, selon la Banque mondiale, plus du tiers des personnes vivant avec moins de 1,25 USD par jour vivent en Afrique subsaharienne qui comptait 414 millions de personnes en situation d'extrême pauvreté sur un total de 1,2 milliard recensées dans le monde en 2010, soit une proportion de 34 %.

La pauvreté monétaire ne permet pas de saisir toute l'ampleur de la vie humaine. En plus, ses mesures posent beaucoup de problèmes de méthodologie et d'erreurs de mesures ; surtout dans les pays comme la RDC où une bonne partie d'activités se font dans le secteur informel. Pour déterminer le niveau de vie minimum, on peut se servir, à la place du revenu, des besoins essentiels à l'existence de l'homme tels que manger, s'instruire, se loger, se déplacer, etc. (RNDH, 2000)

2.1.2.2 Pauvreté alimentaire

L'aggravation de la malnutrition entre 2015 - 2016, tel que l'indique le tableau ci-dessous, est due à la fois à la baisse des revenus réels des individus et des ménages, l'accroissement des prix des aliments importés (sous l'influence du glissement rapide du taux de change), à la baisse de l'offre agricole dans certaines régions du pays (suite à la perturbation des calendriers agricoles, à l'apparition des chenilles ravageuses, à l'étiage récurrent de certains cours d'eau), à la dégradation des

infrastructures (routières et de stockage des aliments) et aux problèmes sécuritaires qui perturbent l'activité agricole dans certaines parties du pays.

34

Tableau n°4 : Prévalence de la malnutrition

 

1990

2007

2010

2015

2016

Angola

67

48

31

18,9

14,2

Cameroun

33

30,8

21,0

11,9

9,9

Congo

42

32,0

32,8

29,9

30,5

RCA

44

42,9

40,6

33,7

47,7

RDC

26

36,5

31,4

27,7

26,7

Tchad

60

40,1

39,7

40,1

34,4

Source : Banque mondiale et FAO

De manière globale, le secteur agricole congolais est confronté à des nombreuses contraintes d'ordre technique, économique et institutionnel, qui entravent son développement et plonge les populations dans une situation d'insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë. En effet, l'incidence de la pauvreté en RDC reste très élevée en comparaison de celle des autres pays de l'Afrique centrale.

Vu l'évolution de la situation alimentaire et nutritionnelle en RDC et considérant le devoir du gouvernement de fixer les indicateurs d'appréciation de la situation relative à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. La malnutrition aiguë globale affecte 8% des enfants de 5 ans selon Unicef. Ce qui fait apparaitre des disparités importantes observées d'un territoire à un autre.

Les indicateurs observés montrent qu'environ deux ménages sur trois ont une consommation alimentaire peu diversifiée et reste réduit à trois groupes d'aliments, notamment : les tubercules (ou céréales), les légumes (feuilles de manioc, de patate douce) et d'huile de palme et que plus de 15 Millions de personnes sont en crise alimentaire selon les résultats préliminaires du 16ème cycle de l'IPC ; en comparaison à juin 2017, le nombre de personne en crise alimentaire est passé de 7,7 Millions à 15,6 Millions, soit une hausse de plus de 100%.

En RDC, la part de la population n'atteignant pas le niveau minimal d'apport calorique est de plus de 60% ; le régime alimentaire est essentiellement végétarien, une grande part de calories provient de céréales, tubercules, huiles et légumes. La consommation des viande et poisson est un apport très faible. La plus part des ménages ont un seul repas par jour, plus de 40% des ménages ne disposent pas de réserves alimentaires.

35

Tableau n° 5 : Apport en calorie, protéine et glucide en RDC

Apport

Norme

1999 - 2001

2003 - 2005

2010

2015

2016

Calories (cal/pers/ jr)

2400

1592

1500

1629

1800

1838

Protéine (g/pers/ jr)

---

24,1

23,0

24,0

26,1

25,6

Glucide (g/pers/ jr)

---

25,0

23,2

23,6

27,2

24,7

Source : FAO

Malgré ces difficultés, il s'ajoute encore le problème de l'évolution démographique dans notre pays en particulier et en Afrique en général. Parmi le poids-lourds démographique du monde, l'Afrique devrait avoir son mot à dire au cours des prochaines décennies. Trois des dix pays les plus peuplés de la planète en 2050 seront africains, dont la RDC.

2.1.2.2 Pauvreté humaine

La pauvreté humaine est présentée comme l'absence des capacités humaines de base,

analphabétisme, malnutrition, longévité réduit, mauvaise santé maternelle, maladie pouvant être évitée.

Il est utile de rappeler que l'IDH est un indice composite, calculé à partir des paramètres constitutifs qui le composent, et qui sont l'espérance de vie à la naissance, l'éducation, et le revenu national par

habitant. De manière générale, les progrès sont notables depuis la décennie en cours, après une longue période de stagnation et même de régression.

La RDC sort d'un conflit long et destructeur, qui a suivi des années de crise économique de sorte qu'elle est devenue l'un des pays les plus pauvres du monde. Plus du tiers des enfants de moins de

cinq ans souffrent de malnutrition chronique (retard de croissance) et 16 % souffrent de malnutrition aiguë (émaciation), ce qui dénote une sensibilité généralisée à des crises ponctuelles. Les enquêtes rétrospectives sur la mortalité font apparaître des taux de mortalité extrêmement élevés parmi les populations affectées par le conflit et l'on estime que 3,8 millions de décès peuvent être attribués à la guerre depuis 1997. (Rapport BM, 2005)

En ce qui concerne le paramètre de l'espérance de vie à la naissance, ce dernier est passé par une longue période d'évolution en dents de scie jusqu'au début de la décennie 2000. Ce n'est que

depuis lors que cette composante affirme de plus en plus des progrès notables, faisant passer le pays

de 47,6 en 2005 à 59,1 années d'espérance de vie moyenne à la naissance en 2015, se situant ainsi au niveau moyen de l'Afrique subsaharienne (58,9), bien qu'encore légèrement inférieur à celui des pays à DH faible dans le monde (59,3). Il s'agit là de progrès remarquables qu'il faut saluer et surtout encourager pour la RDC, et qui témoignent d'un niveau appréciable de l'effectivité, et surtout de

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l'efficacité des stratégies et politiques dans le domaine de la santé, bien que l'accès aux soins et leur

qualité soient encore à déplorer. (Rapport RNDH, 2016)

Tableau n° 6 : Évolution de l'IDH et de ses composantes en RDC (1980-2016).

 

1980

1990

2000

2005

2010

2014

2015

2016

Espérance de vie à
la naissance

46.5

47.8

46.3

47.6

48.0

58.7

59.1

58.9

Nombre attendu

d'années de

scolarisation

7.1

4.9

6.7

7.3

7.8

9.8

9.8

10.9

Nombre moyen

d'années de

scolarisation

1.2

2.0

3.2

3.4

3.8

6.0

6.1

7.32

RNB par habitant
(PPA USD)

821

617

250

274

291

680

680

913

IDH

0.336

0.355

0.329

0.292

0.408

0.433

0.435

0,465

Source : Rapport RNDH 2016

Pour ce qui est du paramètre de l'éducation et comme on le sait, il est appréhendé à travers deux

variables : la durée moyenne de scolarisation et la durée attendue de scolarisation. Le nombre attendu

d'années de scolarisation qui avait connu une baisse importante entre 1980 et le début de la décennie

2000, allant de 7,1 en 1980 à 4,9 en 1990, et 6,7 en 2000, a confirmé une tendance haussière qui s'affirme de plus en plus, passant ainsi successivement à 7,3 en 2005, 7,8 en 2010 et 9,8 en 2015. (RNDH, 2016)

Quant au nombre moyen d'années de scolarisation, cet indice n'a connu que des progrès, bien

que lents aux premières décennies, mais qui se sont accélérés au cours de cette décennie, atteignant le niveau de 6,1. Dans les deux cas, les progrès de la RDC placent actuellement le pays légèrement au-dessus de la moyenne des pays subsahariens qui est de 9,7 et 5,4 respectivement pour le nombre attendu d'années de scolarisation, et le nombre moyen d'années de scolarisation. (RNDH, 2016)

Sans préjuger de la qualité de cette scolarisation, et si cette tendance se confirme, le Congo améliore ainsi progressivement son niveau moyen d'éducation/formation vers le minimum de 9 années de scolarisation. Néanmoins, il y a lieu de noter qu'il y a toujours un écart important, bien qu'en

régression, entre le nombre attendu par rapport au nombre moyen réel de scolarisation. Ce qui dénote,

entre autres, l'existence de déficits dans la productivité et l'efficacité du système éducatif congolais, en dépit de l'amélioration du taux de scolarisation. (RNDH, 2016)

37

Tableau n° 7 : Indice de développement humain

Année

2013

2014

2015

2016

2017

2018

Rang Mondial

186

174

176

176

214

176

Score

0,304

0,433

0,433

0,435

0,457

 

Source : BCC 2013-2017 et Wikipédia

L'incidence de la pauvreté est plus élevée en milieu rural (75,72%) qu'en milieu urbain (61,49%). La même évidence se retrouve au niveau de l'ampleur et de la sévérité de la pauvreté. Les populations qui vivent dans le milieu urbain sont donc plus favorisées que celles qui vivent dans le milieu rural. Le même fait s'observe en ce qui concerne la vulnérabilité à la pauvreté. Cette évidence tend à favoriser l'exode rural en RDC. (Banque Mondiale)

Tableau n° 8 : Indicateurs de pauvreté par milieu de résidence et Province (en %)

Zone géographique

Incidence de la pauvreté

Profondeurilde la pauvreté

Sévérité de laU pauvreté

 

2005

2012

2005

2012

2005

2012

RDC

71,34

63,40

32,20

26,50

32,23

14,50

Milieu de résidence

 

Urbain

61,49

60,4

32,23

23,9

14,10

12,3

Rural

75,72

65,2

34,9

28,2

19,76

15,8

Provinces

 

Kinshasa

41,6

36,8

13,43

10,5

58,9

4,2

Bandundu

89,08

74,6

44,8

31,3

26,62

17,10

Bas Congo

69,81

56,9

23,82

18,8

10,56

8,2

Katanga

69,12

66,6

32,54

31,0

18,42

18,8

Kasaï oriental

62,31

78,6

26,98

38,1

14,84

22,8

Kasaï occidental

55,83

74,9

21,51

34,7

10,73

19,7

Equateur

93,56

77,3

50,75

35,5

31,38

19,9

Nord Kivu

72,88

52,4

32,23

19,5

18,37

9,8

Sud Kivu

84,55

60,2

38,59

23,2

20,92

11,5

Maniema

58,52

62,9

20,38

23,4

9,8

11,2

Province orientale

75,53

56,9

33,96

22,4

18,91

11,6

Source : RDC - Rapport National OMD 2012

L'incidence de la pauvreté montre que la proportion des pauvres en RDC recule au niveau national quel que soit le milieu de résidence mais demeure très élevée, loin de la cible de 40% qui était visée en 2015. En effet, elle se situe à 63,40% en 2012 contre 71,34% en 2005 et 80% en 1990. Malgré l'existence des disparités, la tendance à la baisse est également enregistrée dans presque toutes les

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provinces du pays à l'exception des deux Kasaï et du Maniema où la pauvreté a augmenté. (Rapport National OMD 2012)

Les tendances observées au niveau de l'incidence de la pauvreté se manifestent aussi bien pour la profondeur que pour la sévérité de la pauvreté. Entre 2005 et 2012, elles sont passées de 32,2% à 26,5% pour la première et de 32,23% à 14,5% pour la seconde. Comparées aux cibles de 2015, elles ne seront vraisemblablement pas atteintes malgré les baisses sensibles enregistrées.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand