SECTION 2. Présentation de données
empiriques et approches méthodologiques
2.1 Présentation de données empiriques
2.1.1 Situation économique de la RDC
Le pays est un géant aux pieds d'argile disposant de
ressources naturelles incommensurables, mais d'une économie très
fragile. La RDC est l'un des pays les plus pauvres du monde et avec un revenu
par habitant, l'un des plus bas du continent. Cette situation est la
conséquence de la non-diversification de l'économie, trop
dépendante des aides au développement et des prêts
extérieurs, mais surtout de l'exploitation des ressources
minières. (Saumet C., 2018)
Le dynamisme des activités extractives s'explique en
grande partie par le maintien des cours mondiaux favorables pour le cuivre et
un afflux massif de l'investissement direct étranger au cours de ces
dernières années, portant ainsi la production du cuivre de 26 389
tonnes en 2005 à 1 065 744
tonnes en 2014. Le cuivre et le cobalt sont redevenus les
principaux produits d'exportation de la RDC.
Ces deux produits ont représenté 85 % du total des
exportations contre 8 % pour le pétrole en 2013.
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Tableau n° 1 : Composition des exportations de la RDC en %
du total des exportations
|
Part du cuivre et du cobalt
|
Part du pétrole
|
Autres produits
|
2004
|
24,21
|
18,77
|
57,03
|
2006
|
36,7
|
16,56
|
46,74
|
2008
|
72,77
|
11,24
|
15,99
|
2010
|
81,39
|
7,74
|
10,87
|
2012
|
82,25
|
10,88
|
6,93
|
2014
|
79,81
|
6,25
|
13,93
|
2016
|
78,75
|
2,21
|
19,05
|
Source : RNDH, 2016
L'économie congolaise a donc été
très impactée et fragilisée par la chute des cours du
cuivre et des matières premières de ces dernières
années. Le coût d'une tonne de cuivre est passé de 6.500$
en 2004 à 4.500$ ou moins en 2015 et en 2016. Cette baisse a eu des
conséquences directes en RDC avec la fermeture ou l'arrêt
provisoires de plusieurs mines, dont celle de Kamoto en 2015, exploitant le
cuivre au Katanga, perturbant fortement l'économie locale et
nationale.
Après avoir connu une forte accélération
de son PIB entre 2013 et 2014, avec un taux de croissance atteignant les 9%,
celui-ci a chuté à 2.5% en 2016. Entre 2015 et 2016, les recettes
budgétaires étatiques ont été réduites de
près d'un quart avec une baisse de 22%, passant de 8.476 milliards de
franc congolais à 6.611 milliards de francs congolais. Au-delà
des conséquences sur l'économie nationale, cette crise
économique se traduit avant tout par une situation
socio-économique désastreuse pour les populations. (Saumet C.,
2018)
L'inflation, qui s'est accélérée avec une
moyenne de croissance annuelle de 5.7%, et la dépréciation du
franc congolais ont eu les effets les plus néfastes sur le niveau de vie
des habitants. Depuis 2016, le taux officiel de change du franc congolais a
augmenté de plus de 43%. Aux difficultés quotidiennes de
faiblesse, de non-calcul des salaires sur le bon taux et des retards de
paiement des salaires, s'est ajoutée l'augmentation exponentielle du
coût de la vie. (Saumet C., 2018)
Après six années de croissance soutenue,
l'activité économique a fortement ralenti en RDC en 2016. En
effet, le taux de croissance économique a été
estimé à 2,4 % contre 6,9 % en 2015. Le rythme de progression de
l'activité économique a été affecté par la
morosité de l'environnement économique extérieur,
essentiellement sous l'effet du maintien à de niveaux bas des cours de
principaux produits exportés par le pays, conjuguée à une
psychose liée au contexte politique. (BCC, 2016)
30
L'activité économique a repris un trend haussier
en 2017, après le ralentissement noté une année
auparavant. En effet, l'économie congolaise a enregistré une
croissance du PIB réel de 3,7 % en 2017 contre 2,4 % en 2016. Cette
évolution tient d'un environnement extérieur plus favorable,
caractérisé par la consolidation de l'activité
économique dans les pays avancés. Il s'en est suivi une hausse de
la demande des principaux produits miniers exportés par la R.D.C. et
l'amélioration de l'investissement privé.
Graphique n° 1 : Croissance du PIB et du revenu réel
par habitant en pourcentage
La croissance économique en 2017 a été
tirée essentiellement par la demande extérieure nette, laquelle a
connu une amélioration de 17,4 % contre 8,6 % en 2016. Cette
évolution est consécutive particulièrement à la
consolidation des exportations des biens et services, dans un contexte de
montée des cours des matières premières sur le
marché mondial. Pour sa part, la demande intérieure s'est
légèrement améliorée de 1,0 % après 0,9 %
une année auparavant, en raison notamment du bon comportement des
investissements et consommation privés, avec une contribution positive
à la croissance globale de 1,2 point.
Graphique n°2 : Contribution des composantes de la globale
à la croissance (en point de croissance)
Principal moteur de la croissance, le secteur minier est
cependant un secteur extrêmement intensif en capital, de la phase de
prospection à la phase d'exploitation proprement dite. Il ne crée
donc
31
L'inclusivité de la croissance est étroitement
liée à la qualité de la croissance elle-même. Une
croissance est dite de qualité lorsqu'elle est forte, stable et
soutenue, de manière à accroître la productivité et
permettre l'atteinte des objectifs relatifs à l'amélioration du
bien-être social et à la réduction de la pauvreté.
Sur cette base, certains économistes ont construit une mesure
dénommée Indicateur de la Qualité de la Croissance (IQC),
dans le but d'analyser les facteurs les plus déterminants du
récent épisode de forte croissance pour un échantillon de
93 pays dont 43 sont situés en Afrique. (RNDH, 2016)
Globalement, l'IQC de la RDC qui était de 0,392 en
1990-1994, semble s'être amélioré durant la décennie
2000 marquée par un fort profil de croissance. Par contre, le
positionnement de la RDC ne s'est amélioré qu'en 2005-2011 par
rapport à l'échantillon des pays retenus ainsi que par rapport
aux autres pays africains.
Tableau n° 2 : Qualité de la croissance en RDC
selon l'IQC
|
1990-1994
|
1995-1999
|
2000-2004
|
2005-2011
|
IQC de la RDC
|
0,392
|
0,346
|
0,371
|
0,488
|
Moyenne de l'échantillon
|
0,55
|
0,58
|
0,62
|
0,65
|
Rang de la RDC sur 93 pays de
l'échantillon
|
78ème
|
87ème
|
89ème
|
83ème
|
Rang de la RDC sur 40 pays africains
|
26ème
|
33ème
|
36ème
|
32ème
|
Source : RNDH, 2016
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pas suffisamment d'emplois directs. Comparativement à
l'exploitation minière industrielle, le secteur minier artisanal est de
nature à générer plus d'emplois et de revenus. Mais ce
sont des emplois à la fois informels et précaires, exercés
dans des conditions d'insalubrité pour la vie humaine. Il est
estimé, selon les sources, que 500.000 à 2.000.000 de creuseurs
artisanaux évoluaient dans ce segment en 2012.
Tableau n° 3 : Structure des emplois par secteur
institutionnel et par secteur d'activité
|
Kinshasa
|
Milieu urbain (sans Kinshasa)
|
Milieu rural
|
Total RDC
|
Par secteur institutionnel
|
|
Administration
|
15,4
|
10,2
|
3,2
|
5,7
|
Parapublic
|
6,8
|
6
|
1,5
|
2,9
|
Privé formel
|
15,1
|
5,7
|
0,4
|
2,8
|
Informel non agricole
|
61,1
|
54,7
|
17,3
|
28,9
|
Informel agricole
|
1,6
|
23,4
|
77,5
|
57,7
|
Secteur d'activité
|
|
Primaire
|
2,3
|
25,8
|
84,2
|
71,2
|
Industrie
|
14,6
|
13,9
|
4,5
|
4,9
|
Commerce
|
32,6
|
28,7
|
3,8
|
15,2
|
Services
|
50,5
|
31,6
|
7,6
|
9,2
|
Source : RNDH, 2016
L'emploi en RDC est essentiellement agricole. En effet, 71,2 %
des actifs occupés sont employés dans l'agriculture, tandis que
près d'un quart dans le commerce ou les services (24,4 %) et 4,4 % dans
l'industrie. La structure par branche des emplois diffère cependant
nettement selon le milieu de résidence des actifs. En milieu urbain,
c'est le secteur tertiaire (commerce et services) qui prédomine,
regroupant plus des deux tiers des emplois, 83 % à Kinshasa par exemple.
Quant à la répartition par secteur institutionnel des emplois,
c'est l'ensemble du secteur informel qui occupe la première place avec
88,6 % des actifs occupés au niveau national. (RNDH, 2016)
Le secteur public (administration et parapublic) vient en
deuxième position avec 9,6 % des emplois dans l'ensemble de la RDC et
22,2 % dans la capitale. Par contre, 15,1 % des actifs travaillent dans le
secteur privé formel de la capitale tandis que ce secteur est peu
représenté dans les autres zones urbaines (6%) et quasiment
inexistant en milieu rural. (RNDH, 2016)
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