1.3- Revue empirique
En 1973, Dunning a essayé d'expliquer pour la
première fois, le flux d'IDE dans une économie. Tout en tenant
compte du fait que l'environnement d'investissement dépend
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essentiellement de la stabilité politique, il a mis
l'accent sur trois types de facteurs. Il s'agit : des facteurs de marché
tels que la taille et la croissance mesurée par le PNB du pays
récepteur; des facteurs de coûts tels que l'abondance de la main
d'oeuvre, la faiblesse des coûts de production et l'inflation et des
facteurs liés à l'environnement d'investissement tels que le
degré d'endettement extérieur du pays et l'état de la
balance des paiements.
Quatre ans plus tard, Dunning (1977) complète son
analyse par une approche globale : « l'approche éclectique »
axée autour du « paradigme O.L.I. ». D'après la
théorie éclectique, les investisseurs directs étrangers
recherchent trois types d'avantages à travers la décision
d'implantation d'une firme. Il s'agit des avantages liés : aux dotations
spécifiques induites (détention d'un brevet exclusif pour
bénéficier d'une situation de monopole sur le marché) par
la concurrence imparfaite (Ownership advantages), à la localisation des
entreprises (Localization advantages) et, de ceux liés à la
faiblesse des coûts de production (Internalization advantages).
Il est à noter que cette approche est beaucoup plus
microéconomique car Dunning a analysé l'importance des flux d'IDE
selon les intérêts des investisseurs.
Agénor et al. (2000) ont réalisé sur les
régions du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) une étude
portant sur les facteurs explicatifs des IDE. Leur modèle s'est
fondé sur 10 variables. En utilisant la méthode des variables
instrumentales sur données de panel à effets fixes, ils ont
retenu les variables suivantes : l'IDE avec un retard d'ordre un, le taux de
croissance réel, l'investissement en pourcentage du PIB, le degré
d'ouverture de l'économie (base 100 année 1990), le PIB
réel par habitant, le service de la dette en pourcentage du PIB, le taux
d'intérêt réel international (London Inter-Bank Offer Rate
: LIBOR), la variation du taux d'inflation, l'indice risque politique (un
indice élevé traduit un niveau de risque faible). Ils retinrent
à la fin de leurs estimations que le taux d'investissement, le taux
d'ouverture de l'économie, le service de la dette en pourcentage du PIB,
le taux d'intérêt international, l'indice risque politique et la
variation du taux d'intérêt ont une influence significative sur
les flux entrants d'IDE. Les variables ayant les impacts les plus significatifs
sont le taux d'investissement et le service de la dette en pourcentage du
PIB.
Hernandez et al. (2001) ont recherché les
déterminants des flux de capitaux privés de 1970 à 1990
pour des pays d'Asie de l'Est et d'Amérique Latine. Leur étude
s'inscrit dans la pensée de l'école « pull-push ». Les
études théoriques ont montré que ces variables pouvaient
être
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regroupées en deux classes : les facteurs externes
(push) et ceux internes. Les facteurs externes sont déterminés
par le taux d'intérêt international réel (ex-post), le
total des flux d'IDE à destination des autres pays en
développement en pourcentage (%) du total des PIB des grands pays
industriels, le niveau d'activité dans les pays industriels (PIB). Quant
aux facteurs internes (pull), ils sont propres au pays d'accueil et comprennent
le taux de croissance réel, le solde de la balance des paiements en
pourcentage du PIB, les investissements en pourcentage du PIB, les exportations
en pourcentage du PIB, le service de la dette extérieure en pourcentage
du PIB et le taux d'appréciation du taux de change. Ces travaux ont
inspiré l'étude des déterminants des flux d'IDE en
Côte d'Ivoire, où Romalahy M. I. (2003) grâce à un
Modèle à Correction d'Erreur, démontre dans son
étude que dans la relation de long terme le PNB/habitant, le taux
d'investissement privé, la variabilité du taux de change effectif
réel, le taux d'ouverture commerciale et le ratio du service de la dette
extérieure rapporté aux exportations agissent positivement sur
les flux d'IDE tandis que le taux de croissance du PIB, le crédit
à l'économie, le taux de pression fiscale et l'instabilité
politique influent de façon négative. La dynamique de court terme
montre que le taux d'intérêt français a un effet
négatif, les signes sont les mêmes que ceux obtenus dans le
modèle de long terme pour les autres variables, le taux d'ouverture
commerciale, la variabilité du taux de change effectif réel et le
service de la dette n'étant pas significatifs. Une autre étude,
celle de Noukpo D. et Fotie H. (2003) a porté sur l'évolution et
la répartition des IDE en Afrique Subsaharienne. Ces auteurs se sont
attelé à définir les variables les plus explicatives des
flux d'IDE. Les variables retenues à l'issue de leur étude par un
Modèle à Correction d'Erreur sont les suivantes : les flux d'IDE
en pourcentage du PIB avec un retard d'ordre 1, le taux d'intérêt
du marché monétaire français, le taux d'ouverture avec un
retard d'ordre 1, le taux d'investissement avec un retard d'ordre 2, le taux de
croissance démographique avec un retard d'ordre 2, et la variable
exportation de pétrole avec un retard d'ordre 2. Les variables les plus
explicatives des flux d'IDE retenues sont le taux d'ouverture de
l'économie et le taux de croissance.
Bénassy-Quéré, Fontagné et
Lahrèche-Revil (2001) montrent que, l'impact du taux de change sur l'IDE
est assez ambigu dans la mesure où la volatilité des changes peut
à la fois décourager l'investissement étranger, et
produire une incitation à se couvrir contre le risque de change par la
localisation à l'étranger. Une dépréciation peut
favoriser les IDE destinés à l'exportation contrairement à
une appréciation favorable aux activités d'IDE des
sociétés orientées vers le marché (Chen, Rau et Lin
2006).
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Dupuch et Milan (2002), s'intéressent aux
déterminants des IDE dans les pays de l'Europe de l'Est. A partir d'un
modèle de gravité, ils montrent que la taille des marchés
et la proximité géographique sont les facteurs de la
mobilité des IDE vers les pays de l'Europe de l'Est. L'analyse porte sur
les flux en provenance de l'Union Européenne et sur trois
périodes : 1993-1995, 1996-1998, 1999-2001. Ils utilisent un
système d'équations estimé par la méthode SURE
(Seemingly Unrelated Regressions). En 2005, ils montrent que des firmes
multinationales de type horizontal apparaissent lorsque les avantages à
s'implanter à proximité des consommateurs sont plus
élevés que les avantages liés à la concentration
des activités. La firme préfère donc implanter plusieurs
sites de production pour servir les marchés locaux s'elle peut
réaliser des économies d'échelle entre ces
différents sites du fait de la présence d'actifs intangibles
(technologies, savoir-faire, etc.), si les coûts d'implantation sont
relativement faibles, si les coûts de transport sont plutôt
élevés et si la demande intérieure est forte.
GUIDIME (2005) a effectué une étude sur les
difficultés relatives à la faible pénétration des
investissements directs étrangers au Bénin. Il constate que la
stabilisation du cadre macroéconomique et la mise en oeuvre du programme
de réforme et de libéralisation de l'économie ont permis
au Bénin d'enregistrer au début des années 90 des
performances remarquables de flux entrants d'IDE. Cependant dès 1994 ;
ces résultats se sont vite estompés ; les réformes
engagées par les autorités béninoises d'alors ne semblent
pas avoir été suffisantes pour pérenniser l'IDE. Plusieurs
facteurs expliquent cette situation : les lacunes du système
juridictionnel' les problèmes de transparence et de gouvernance de
l'administration publique' les retards dans le développement des
infrastructures' la faiblesse du tissu industriel' coût total
élevé des facteurs de production' la méconnaissance des
atouts naturels du Bénin' le poids du secteur informel' et les crises
politiques dans la sous-région.
Esso (2005) a effectué une étude sur les
déterminants des IDE et leur influence sur la croissance
économique en côte d'Ivoire. A partir des modèles
économétriques, il a montré que : « le niveau moyen
de connaissances, le niveau du PIB par tête, le degré d'ouverture,
la dévaluation, les mesures incitatives à l'investissement, le
taux d'épargne et le degré des libertés civiles et des
droits politiques ont des effets significatifs sur les flux d'IDE entrants de
la Côte d'Ivoire ». De même, il affirme les IDE ont eu une
influence significative positive sur la croissance économique de la
Côte d'Ivoire sur la période 1970-2001 ». Les variables
utilisées pour l'analyse sont principalement internes. Ce sont le PIB
par tête retardé, l'épargne
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en pourcentage du PIB, l'ouverture de l'économie, le
capital humain, le crédit au secteur privé, l'inflation, les
libertés civiles et les droits politiques, la dévaluation, les
mesures incitatives. Le taux d'intérêt du marché
français a été utilisé comme variable
représentant les facteurs externes.
Zalle (2011) a réalisé une étude sur les
investissements directs étrangers dans l'espace UEMOA
(déterminants et analyse d'impacts). L'étude couvre la
période 1980-2008, correspondant à la phase d'adoption des
programmes d'ajustement structurel, de libéralisation et de
raréfaction des ressources de l'aide publique au développement.
Les résultats des estimations économétriques montrent que
la croissance économique constitue un facteur majeur
d'attractivité des IDE, mais ces derniers sont un déterminant
mineur de la croissance. Ce qui conduit à des implications de politiques
économiques afin de rendre plus attractif l'environnement des affaires
de l'Union pour attirer davantage d'investissements directs
étrangers.
Diaw et Guidime (2013) ont effectué analyse des
déterminants des investissements directs étrangers (IDE) dans les
pays de la Communauté Économique Des États de l'Afrique de
l'Ouest (CEDEAO) en tenant compte des spécificités des pays, au
cours de la période 2000- 2008. Les résultats obtenus à
l'aide d'un modèle économétrique et testé dans un
panel dynamique avec l'estimateur des Moindres Carrés avec des Variables
Binaires Corrigé du biais (LSDVC) montrent que l'accessibilité et
la taille du marché, le taux de change nominal, l'adaptation
institutionnelle et l'investissement direct étranger retardé
d'une période sont les principaux facteurs explicatifs des flux d'IDE
vers les pays de la CEDEAO. Les ressources naturelles et le
développement financier influencent positivement mais relativement les
flux d'IDE en direction des pays de la CEDEAO. Ces facteurs sont donc les
points de concordance entre les avantages compétitifs des firmes et les
avantages comparatifs des pays de la CEDEAO. Enfin, l'adaptation
institutionnelle améliore les facteurs de marché dans la
mobilisation des flux d'IDE.
Carbonell et Werner (2018) ont essayé devoir si
l'investissement direct étranger génère une croissance
économique selon une nouvelle approche empirique à L'Espagne.
D'après leur recherche, il constate qu'on affirme souvent avec confiance
que l'investissement direct étranger (IDE) est bénéfique
pour la croissance économique de l'économie d'accueil. Les
preuves empiriques ont été mitigées et il reste des
lacunes dans la littérature. La majorité des IDE a
été destinée aux pays développés. Des
études pays par pays sont nécessaires, en raison
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de la relation hétérogène entre IDE et
croissance, et du fait que l'impact de l'IED sur la croissance serait le plus
important dans les pays développés, ouverts et
développés, dotés d'une force de travail
éduquée et de marchés financiers développés
(bien que la recherche se soit concentrée sur Pays en voie de
développement). Ils ont comblés ces lacunes avec une
méthodologie empirique améliorée pour vérifier si
les IDE ont renforcé la croissance en Espagne, l'un des plus grands
récepteurs d'IED, dont la croissance du produit intérieur brut a
été supérieure à la moyenne mais n'a pas fait
l'objet d'un examen approfondi. Au cours de la période d'observation
1984-2010, les IDE ont fortement augmenté et l'Espagne a offert les
conditions idéales pour que ces derniers déploient leurs effets
positifs présumés sur la croissance. Ils ont organisés
donc une course de chevaux entre diverses variables explicatives potentielles,
notamment le rôle négligé du crédit bancaire dans
l'économie réelle. Les résultats sont robustes et clairs:
les circonstances favorables en Espagne ne permettent pas de penser que l'IED
stimule la croissance économique. L'entrée de l'Espagne et de
l'euro en Espagne n'a également eu aucun effet positif sur la
croissance. Les résultats appellent à repenser fondamentalement
la méthodologie en économie.
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