D- Investissement direct étranger
Les investissements directs à l'étranger, ou
investissements directs étrangers (IDE en abrégé,
traduction de l'acronyme anglais FDI pour Foreign Direct Investment),
également appelés investissements directs internationaux (IDI)
par l'OCDE, sont les mouvements internationaux de capitaux
réalisés en vue de créer, développer ou maintenir
une filiale à l'étranger et/ou d'exercer le contrôle (ou
une influence significative) sur la gestion d'une entreprise
étrangère. Élément moteur de la
multinationalisation des entreprises, les IDE recouvrent aussi bien les
créations de filiales à l'étranger que les
fusions-acquisitions transfrontières ou les autres relations
financières (notamment les prêts et emprunts intra-groupes
Selon les statistiques d'IDI (OCDE, 2008), il existe quatre
types d'investissements directs étrangers :
1- Les opérations des Fusions-Acquisitions :
L'expression fusions & acquisitions (parfois) aussi appelée
« Fusac », ou en anglais M&A, un acronyme pour Mergers and
Acquisitions) signifie le regroupement d'entreprise et recouvre les
différents aspects du rachat du capital d'une entreprise, d'une division
d'entreprise, voire d'actifs, par une autre entreprise.
2- Les investissements de création :
« Greenfield Investment » il s'agit d'une création
d'une entreprise entièrement nouvelle par les investissements
d'extension. C'est la forme la plus répandue des IDE aussi bien pour les
pays développés que les PED.
3- Les investissements d'extension :
accroissement des capacités de production de filiale
déjà existante.
4- Restructurations financière : il
s'agit d'une injection de fonds pour sauver une activité de filiale en
difficulté.
E- Investissement de portefeuille
Un investissement de portefeuille est une activité
financière par laquelle un individu ou une personne morale s'empare
d'une fraction d'actions ou de part sociale- sans en ravir le contrôle-
d'entreprise commerciale ou immobilière. Une société de
portefeuille se crée généralement afin d'organiser une
activité financière durable. Il s'agit souvent d'investissements
à court terme, en quête des rendements mondiaux les plus
élevés.
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F- Firmes multinationales
Les firmes multinationales communément nommées
FMN sont des entreprises d'investissements directs ayant une envergure
internationale. Elles occupent une place très importante dans les
échanges internationaux, à tous les niveaux, aussi bien dans la
production et l'exportation de produits primaires que de produits finis et de
services. Elles étendent leurs ramifications dans plusieurs pays du
monde, et pour cela elles ont une politique bien précise de localisation
stratégique. Dunning (1993) distingue cinq groupes de multinationales
à savoir :
? Les "Resource Seekers"
Ce sont des entreprises qui s'implantent dans une
économie dans le but d'acquérir des ressources
particulières à bas coût ou des ressources indisponibles
dans son lieu de résidence.
? Les "Market Seekers"
Elles représentent les firmes en quête de la
rentabilité dans l'approvisionnement du marché local. Elles
implantent la totalité de leur chaîne de production sur une
même zone (IDE «horizontaux«). Certains facteurs (obstacles
tarifaires ou non aux échanges, coûts de transport,...) affectant
la compétitivité des exportations, les entreprises
préfèrent implanter à l'étranger des usines
reproduisant, comme dans leur pays d'origine, toutes les étapes du
processus de production afin de desservir le marché local (alimentation,
distribution, services financiers).
? Les "Efficiency Seekers"
Elles recherchent l'efficacité provenant de
l'économie d'échelle et de la diversification des risques pouvant
résulter d'une implantation des unités de production à
l'étranger. Ainsi, elles implantent seulement certains segments de la
chaîne de production (IDE «verticaux«) dans la perspective
d'une optimisation des coûts et des délais de production au niveau
de la firme tout entière, selon une division internationale du travail
intra-firme.
? Les «Strategy Asset» ou «Capability
Seekers»
Ce sont des firmes qui achètent des actions à
l'étranger en vue de promouvoir leurs objectifs de long terme ;
? le cinquième groupe est
constitué des firmes dont les motivations ne peuvent être
classées dans aucun des groupes précédents (Les
déterminants de la pénétration des investissements directs
au Bénin par AGBANGBATIN, 2010)
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1.2- Revue théorique
Les principales théories explicatives de
l'investissement direct étranger tirent leur origine de la
théorie Ricardienne des avantages comparatifs telle qu'elle a
été perfectionnée par l'apport Hecksher-Ohlin-Samuelson en
matière d'égalisation des prix des facteurs de production.
Un ensemble des théories d'orientation marxiste a
été largement développé dans les années 1960
et 1970 et qui appelaient à un renouvellement radical des relations
entre les pays du centre et ceux de la périphérie. Ces
théories s'inscrivaient dans l'optique de la dépendance, du
dualisme, de l'impérialisme et du néo-colonialisme.
? Théorie de l'avantage comparatif
dynamique
La théorie de l'échange international dans sa
forme néo-classique et telle qu'elle a été
présenté par Heckscher-Ohlin et formalisée ensuite par
Samuelson (prix Nobel d'économie en 1970) et Stolper, se fonde sur une
série d'hypothèses : régime de concurrence parfaite sur
les marchés des produits et facteurs, immobilité internationale
des facteurs de production, des fonctions de production, des fonctions de
production identiques dans les deux pays coéchangistes. Dans ce
modèle, l'information technologique sur les produits se présente
comme libre et immédiatement disponible. Ce qui explique
l'identité des facteurs du processus de production à travers les
pays. Dans cette théorie, aux hypothèses si restrictives, il n'y
aurait place pour l'échange international et qui serait
déterminé par les couts comparatifs. Il n'est pas encore question
d'investissement direct à l'étranger. Le stock d'information
étant supposé être libre, aucune firme dans un pays
donné ne possède un avantage supérieur de connaissance
pour lui permettre de concurrencer les firmes d'un autre pays. L'échange
se fonde sur les prix relatifs des biens, il joue le rôle d'un substitue
partiel au libre mouvement des facteurs. Cette nouvelle interprétation
du théorème néo-classique permet de montrer que
l'investissement direct à l'étranger est l'une des
manières d'exploiter un marché étranger, tout autant que
les exportations, incorporant dans un même cadre d'analyse les
phénomènes d'échange et d'investissement international.
(Humbert, 1990)
? Approche en termes d'économie
industrielle
La firme, pour investir à l'étranger, doit
bénéficier de certains avantages monopolistiques ou
oligopolistiques, qui ne se sont pas possédés par ses concurrents
locaux. Au plan des facteurs, les sources d'avantages potentiels sont
nombreuses : accès au capital, management, technologies etc.
L'accès au capital à meilleur marché que ses concurrents
du pays hôte,
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même s'il n'est qu'un des facteurs permissifs
d'expansion des investissements étrangers, il revêt une grande
importance dans la décision d'investir à l'étranger.
C'est à Hymer (1960) que l'on attribue
généralement la paternité de la formulation de l'approche
de l'investissement étranger en termes d'économie industrielle :
« dans un monde de concurrence parfaite pour les biens et les facteurs,
l'investissement direct ne peut pas exister...pour que l'investissement direct
prospère, il doit exister des imperfections sur les marchés des
biens et des facteurs, y compris celles résultant d'un progrès
techniques récents. »
L'accent est mis alors sur la structure du marché et
sur le comportement de l'entreprise comme catalyseur de l'investissement direct
et non sur l'avantage comparatif national.
Sur le plan du marché des produits, le comportement
oligopolistique se comprend mieux quand on s'attaque à repérer
les imperfections ou les barrières auxquelles se heurte l'investissement
étranger par rapport aux concurrents autochtones ou même à
des concurrents étrangers déjà installés dans le
pays d'accueil : coûts dus à l'information, inadaptation aux
conditions sociales, légales ou économiques...
? Théorie de l'information
L'information joue un rôle cardinal dans l'implantation
des unités de production à l'extérieur. Or il est
évident que cette information, sous ses diverses formes de connaissance,
et particulièrement la création de produit, exige des ressources
pour son développement. Ce qui pose au fond le problème du
financement de la recherche et du développement. Deux grands types
d'information peuvent être dégagés : les informations
technologiques et les informations de commercialisation.
Si les informations d'ordre technologique posent les questions
de l'invention, de l'innovation, de la science fondamentale et celle
appliquée de la protection des découvertes, de l'obsolescence, de
l'imitation perfectionnée ; les informations de commercialisation se
référent plutôt aux questions ayant trait à
l'adaptation du nouveau produit ou du nouveau processus de production aux
conditions du marché, et aux recherches centrés sur la
communication directe des informations aux consommateurs.
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Pour JOHNSON (2002) le transfert des connaissances est le
noeud du processus d'investissement direct à l'étranger et joue
un rôle cardinal dans l'implantation des unités de production
à l'extérieur.
? Intégration de l'échange et de
l'investissement international
Le modèle de Hirsch ( 2005 )constitue la
première tentative d'englober la plupart des théories
particulières qui ont voulu expliquer l'investissement direct à
l'étranger en mettant l'accent uniquement sur un facteur
spécifique déterminé.
L'objectif de ce modèle est de rechercher les
déterminants stratégiques du choix de décision d'une firme
entre l'échange et l'investissement en recourant à une approche
éclectique.
Partant d'un premier groupe de variables se rattachant au
principe dynamique de l'avantage comparatif, d'un second groupe de variables
liés à la théorie de l'information et d'un
troisième emprunté au cadre de la théorie de
l'organisation industrielle, Hirsch arrive à la fin de son modèle
aux conclusions suivantes :
Pour qu'une firme consente à investir dans le pays B,
elle doit bénéficier à la fois d'un avantage par rapport
aux firmes rivales et d'un avantage par rapport aux possibilités de
servir le marché de B par le biais des exportations.
A l'inverse, une firme établie dans le pays A optera
pour le mode des exportations si d'une part ses coûts d'exportations sont
inférieurs aux coûts de ses rivale dans le pays B et si d'autre
part, ils sont aussi inférieurs à ses propres coûts de
s'implanter à l'extérieur.
? La théorie de l'adaptation
institutionnelle
Cette théorie suggère que chaque pays a la
possibilité d'identifier et de développer ses facteurs de
compétitivité pour augmenter sa part dans l'investissement direct
étranger global (Wilhelms et Witter, 1998). Ainsi, la qualité de
la gouvernance explique positivement et significativement l'entrée des
IDE.
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