6.1.2. LES LANGUES LOCALES : LANGUES DES AÏEUX,
MARQUEURS D'IDENTITÉ
Dans les rapports entre langue et identité, la langue
est un facteur qui permet l'identification de l'individu, son exclusion et
aussi son intégration. Les individus qui parlent la même langue se
reconnaissent et s'identifient comme faisant partie d'une même
communauté, d'un même peuple. Ils considèrent comme
étrangers ceux qui ne la parlent pas et intègrent en leur sein
ceux qui parlent la même langue qu'eux. La langue est marqueur
d'identité de l'individu. 34,44% des enquêtés reconnaissent
que les langues locales ont été les langues des ancêtres,
puis leurs langues et constituent leur identité, ce qu'ils sont. Ainsi,
ils ont multiplié les réponses : « ce sont les langues des
aïeux, langues transmises depuis les aïeux jusqu'aux petits-fils
», « ce sont les langues de nos parents », « ce sont les
langues du pays », « elles sont nos langues », « elles sont
notre identité », « ce sont les langues que nous aimons
», « nous sommes fiers de ces langues », « elles sont
bonnes. »
Les enquêtés reconnaissent que ces langues sont
des langues congolaises, et elles doivent être sauvegardées.
Elles sont les langues des ancêtres, devenues langues
des grands-parents, langues des parents puis langues des enfants par le biais
de la transmission. Ainsi, elles doivent exister pour honorer ou
vénérer les ancêtres, elles sont un outil servant à
s'adresser à eux car ils n'ont connu d'autres langues que les langues
vernaculaires étant donné qu'à l'époque les langues
véhiculaires n'étaient pas répandues comme aujourd'hui.
82
6.1.3. LES LANGUES LOCALES : VÉHICULES DES COUTUMES
ET CULTURES
Chaque langue véhicule la culture à laquelle
elle est associée. Si la langue française véhicule la
culture française, les langues congolaises véhiculent les
cultures congolaises et sont les seules langues qui peuvent les revaloriser.
5,96% des enquêtés ont affirmé que les langues locales sont
les gardiennes de leurs cultures. Les réponses données sont les
suivantes : « pour la conservation de nos coutumes ou traditions et
cultures », «pour que les enfants n'oublient pas les traditions
», « pour maintenir les ethnies. »
Ils sont conscients du fait que pour que les cultures se
maintiennent de génération en génération, les
langues doivent être transmises. La disparition de ces langues locales
équivaudrait à la disparition des coutumes et des traditions, car
les cultures sont principalement véhiculées par les langues.
Au Congo, généralement le nom de l'ethnie est le
nom de la langue. Si les ethnies existent, les langues doivent aussi exister.
Si la langue mbochi disparait, l'ethnie mbochi va disparaitre, si la langue
téké disparait, l'ethnie téké va disparaitre, si la
langue koongo disparait, l'ethnie koongo va disparaitre etc., car une ethnie se
définit notamment par sa culture qui est véhiculée par sa
langue.
|