Chapitre 3 : Langues premières
déclarées
par les enfants
Nous étudions dans ce chapitre, les langues
premières déclarées par les enfants, premièrement
en tenant compte de leurs lieux d'origine. Deuxièmement, nous
répartissons ces enfants selon les tranches d'âge et le sexe.
Troisièmement, nous identifions les langues maternelles des parents et
des enfants.
3.1. LES ENFANTS, LEURS LANGUES ET LEURS LIEUX
D'ORIGINE
Les langues véhiculaires ne sont pas les seules
hautement déclarées langues premières (L1), car le
gangoulou ne cesse de manifester sa haute transmission comme L1 chez les
enfants de Gamboma.
Des cent-trois enfants enquêtés, le lingala et le
gangoulou sont les deux premières langues déclarées L1 des
enfants, soit 37,86% chacun. Le français est déclaré
à 7,77% suivi du mbochi, 3,88%. Le boma et le téké
viennent juste après, soit 2,91% chacun. Le kituba est la langue
véhiculaire la plus faiblement transmise comme L1, soit 0,97%.
Dans chaque cas de bilinguisme, on note toujours la
présence d'une langue véhiculaire. Le bilinguisme
lingala+gangoulou arrive en tête avec 2,91% suivi de celui du
lingala+français, 1,95%.
Le seul cas de trilinguisme est constitué des trois
premières langues fortement transmises
(lingala+gangoulou+français), soit 0,98%.
Nous constatons qu'à Gamboma, les langues
véhiculaires sont déclarées comme langues premières
des enfants à hauteur de 46,60%. Le lingala est la L1 des enfants ayant
un pourcentage élevé par rapport aux autres langues
véhiculaires. Il est suivi par le français. On note ici la faible
transmission du kituba comme L1 des enfants à Gamboma.
Les langues vernaculaires sont déclarées L1
à hauteur de 47,56%. Le fait que ce pourcentage surpasse celui des
véhiculaires comme L1, est dû au pourcentage élevé
du gangoulou. Bien qu'il en soit ainsi, hormis le gangoulou qui est ici
déclaré L1 des enfants au même titre que le lingala ; les
autres langues vernaculaires sont individuellement très faiblement
représentées.
Nous présentons ces résultats dans le tableau
ci-dessous :
|
Langues
|
Statuts
|
Eff
|
%
|
Monolinguisme
|
Lingala
|
Véh
|
39
|
37,86
|
Gangoulou
|
Ver
|
39
|
37,86
|
Français
|
Véh
|
8
|
7,77
|
Mbochi
|
Ver
|
4
|
3,88
|
Boma
|
Ver
|
3
|
2,91
|
Téké
|
Ver
|
3
|
2,91
|
Kituba
|
Ver
|
1
|
0,97
|
Bilinguisme
|
Lin+gan
|
Véh+ver
|
3
|
2,91
|
Lin+fra
|
Véh+véh
|
2
|
1,95
|
Trilinguisme
|
Lin+gan+fra
|
Véh+ver+véh
|
1
|
0,98
|
Total
|
|
|
103
|
100
|
51
Tableau 14 : Langues premières
déclarées par les enfants
52
Nous remarquons que les lieux de naissance des enfants
enquêtés n'ont pas un impact considérable sur l'acquisition
des langues véhiculaires comme langues premières chez les enfants
à Gamboma. 79,61% de l'échantillon est constitué des
enfants qui sont nés et qui ont grandi au centre urbain de Gamboma.
Ainsi, 38,83% d'entre eux ont pour L1 les langues véhiculaires et 35,92%
des langues vernaculaires. Les cas de bilinguisme
véhiculaire+vernaculaire s'élèvent à 2,91%, tandis
que celui constitué de deux langues véhiculaires
s'élève à 0,97% au même titre que l'unique cas de
trilinguisme, véhiculaire+vernaculaire+véhiculaire.
Par contre, pour les enfants nés hors la commune,
(20,39% de l'échantillon), nous constatons que les langues
véhiculaires sont faiblement représentées en situation de
L1, soit 7,76% ; alors que les vernaculaires le sont à 11,65%. Ceci
s'explique par le fait que la plupart de ces autres lieux de naissance sont des
villages non urbanisés où les langues vernaculaires ont tendance
à se maintenir comme L1 des enfants. L'unique cas de bilinguisme est
celui qui est constitué du lingala+français, soit 0,97%.
Ce qui est remarquable, c'est le maintien du Gangoulou comme
L1 chez les enfants à Gamboma, qui est bien un centre urbain où
les langues vernaculaires sont en parfaite régression comme l'ont
confirmé les études antérieures sur les langues
premières des enfants en milieux urbains (Nkouka Martial, Brazzaville
(Bacongo et Ouenze), 2001 ; Talani Nanitelamio, Owando, 2009 ; Guina
Joséline Kounghat, Brazzaville (Talangaï), 2013).
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