1.3. Des enseignants de
qualité pour une bonne éducation citoyenne responsable dans le
changement des mentalités
Plus de quatre décennies et après les
indépendances de la plupart des pays d'Afrique subsaharienne et en
dépit des multiples reformes opérées dans le secteur de
l'éducation, l'école, qui fait partir de ce que SIKUNMON appelle
les « cadeaux séquelles de la colonisation », est
dans un état déplorable. De l'avis de plusieurs observateurs, si
dans certains pays l'école est quasiment morte, dans d'autres elle est
très malade, et dans d'autres encore elle est dans le coma. Tout compte
fait elle n'est point en bonne santé. Aussi elle a souvent un
caractère exotique et elle est souvent incapable de refléter et
d'interpréter la société qu'elle est pourtant
destinée à servir.
Que faire alors pour tirer l'école Africaine de son
état actuel ? Que faire pour la ressusciter ici où la
réanimer là-bas ? Questions fondamentales en ce début
du 21ieme siècle. On ne le dira jamais assez, l'Afrique ne peut
espérer son développement sans un système éducatif
efficace. Fondamentales, certes, ces questions sont en même complexe et
difficiles. En effet, que faire pour opérer le miracle de
résurrection ou de guérison rapide, voire miraculeuse, cette
école ? Comment acquérir un tel pouvoir qui ne revient
pourtant qu'en Jésus ? Pourtant on ne peut valablement
répondre à ces épineuses questions que si l'on
répond à une autre, toute aussi importante : qu'est-ce qui
influence la qualité d'une école ? A ce propos, la recherche
scientifique nous enseigne que plusieurs facteurs agissent sur la
qualité d'une école : l'environnement dans lequel elle
fonctionne, l'interaction maître-élève, les conditions
matérielles, pédagogiques, la qualité de maîtres,
etc. Même si aucune de ses facteurs n'est en théorie plus efficace
que d'autres, de l'avis de plusieurs spécialistes en éducation,
notamment Carron et NgocChâu, les différences de résultats
entre écoles sont davantage liées à la qualité du
maître qu'à la disponibilité de l'équipement. Ainsi
donc, pas d'école de qualité en Afrique, sans enseignement de
qualité.
Un enseignement de qualité est celui, entre autre,
possède un style d'enseignement plus actif, par lequel il met
l'apprenant en situation-problème et lui donne la possibilité de
construire et donc de découvrir lui-même son savoir. Grâce
à ce style d'enseignement, l'apprenant est impliqué dans des
situations qui lui permettent d'utiliser ses compétences et de les faire
évolué au cours de la formation. Par conséquent, le
rôle de l'enseignement change fondamentalement par rapport au style
transmissif : il favorise des recherches et anime la confrontation des
résultats. Il ne s'agit plus donc pour lui de faire la leçon,
mais de d'organiser des scénarios d'apprentissage qui permettent aux
élèves de travailler et de développer leurs connaissances.
« Ce rôle requiert, évidemment, des compétences
fines d'observation et d'évaluation, une capacité à
prendre de la distance tout en étant présent à chaque
instants. » Est-ce ce style qui prédomine dans les
écoles Africaines aujourd'hui ? Si non quel style didactique y
prévalent-ils le plus : le modèle transmissif ou encore les
méthodes interrogatives ?
Il suffit d'observer la salle de classe Africaine, de la
maternelle à l'université, pour constater à quel point
l'enseignant Africain se maintient au centre de l'action éducative et
combien son style est dominé par la transmission des connaissances d'une
manière magistrale. Pour paraphraser PAUL FREIRE, on peut dire que la
relation entre enseignant et l'élève Africain est essentiellement
verticale, fondée sur le fait que l'enseignant est celui qui sait et
l'élève celui qui ne sait pas. L'enseignement se réduit
dans ces salles de classes à des communiqués que le premier fait
et que le second enregistre. Il ne s'agit donc pas d'une verticale
communication entre deux personnes qui interagissent mutuellement.
Fondée sur la conception qui considère
l'apprenant comme un être à dresser et non à faire germer
et éclore, cette didactique a des conséquences néfastes
sur la formation et l'avenir de l'apprenant. Peut-on attendre d'une personne
formée dans une didactique dirigiste l'esprit d'initiative, de
recherche, voire de participation ? Peut-on s'attendre à ce qu'un
Africain formé au moyen de cette didactique, de l'école primaire
à l'université puisse être inventif et qu'il soit, plus
tard, à même de participer efficacement à la
réalisation des travaux qui nécessitent l'implication d'un
groupe ? Voilà un défi pour les écoles Africaines en
générale et de la RDC en particulier.
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