4.7. Patriotisme économique
et protection des citoyens
La protection sociale ou la protection de certaines
catégories de la population relève essentiellement de la
solidarité nationale en Europe. Pour les pays européens, elle est
parfois renforcée au niveau de l'Union européenne pour des
catégories spécifiques de la population. La volonté de
protéger les citoyens a entraîné, dans la plupart des pays,
l'instauration d'un système de protection sociale, au niveau national,
et de façon plus limitée, il est vrai, des systèmes
protégeant des travailleurs ou des catégories sociales dont les
activités paraissent indispensables à la cohésion
nationale.
Un système national de protection sociale est, par
nature, une expression du patriotisme économique, visant à
créer une « société plus juste et mieux
organisée », telle que l'avait imaginée Durkheim. Il
permet, pour ceux qui le financent, d'assurer le contre-don, obligation morale
venant répondre aux dons initiaux dont a bénéficié
l'individu de la part de la société et aux dons futurs dont il
pourra bénéficier. Au lieu de conserver leur épargne pour
faire face aux risques de maladie ou pour financer leur retraite, les acteurs
ont décidé, par exemple, de mutualiser les risques ou la charge
des pensions de retraite, en recourant à un financement collectif qui
passe par l'instauration de systèmes de sécurité sociale.
Ces dons et ces contre-dons ont, à la fois, un caractère
intéressé et désintéressé. Le donateur sait
qu'il pourra bénéficier de prestations, en cas de maladies ou
lors de sa retraite. Toutefois certains acteurs renoncent à percevoir,
en espérance mathématique, un montant de prestations
équivalent au montant des cotisations qu'ils seront amenés
à verser. Dans la logique du don et du contre-don, il n'y a pas de
recherche d'une stricte compensation entre ce qui a été
initialement donné et ce qui a été ensuite reçu.
Ces systèmes de sécurité sociale ont
été directement menacés par la mondialisation des
économies, caractérisée par une concurrence accrue entre
les acteurs du monde entier, résultat d'une intensification des flux
d'échanges de marchandises et de services, ainsi que du
développement des investissements directs à l'étranger et
des mouvements de capitaux. Soumis aux contraintes de la mondialisation, les
autorités ont refusé d'augmenter directement le montant des
cotisations sociales à la charge des employeurs afin de ne pas affecter
la compétitivité des entreprises exportatrices ou de maintenir
l'attractivité du pays vis-à-vis des investisseurs
étrangers et nationaux.
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