Changement des mentalités.par Ilunga Ntambo Biamungu Université de Lubumbashi - Licence 2015 |
v La primauté de la nationalité des entreprisesFaut-il accorder de l'importance à la nationalité des entreprises alors même qu'il est de plus en plus difficile d'accorder une nationalité aux grands groupes d'entreprises ? Ceux-ci sont le plus souvent devenus des multinationales dont les activités se déploient à l'échelle planétaire. Leurs dirigeants et les investisseurs qui détiennent le capital viennent du monde entier (Delaite, 2005). Les avis sont partagés : pour les libéraux comme Robert Reich (1993), la nationalité des firmes aurait perdu toute signification compte tenu de la volatilité du capital et de la mobilité des firmes. Pour Carole Deneuve (Deneuve et al., 2006), la nationalité de l'entreprise n'a plus grand sens, tant son capital et son activité sont dilués partout, de par le monde 4. S'opposant à cette conception, les partisans d'un patriotisme d'inspiration keynésienne, préconisent la création par les pouvoirs publics d'une capacité actionnariale nationale, en se référant à une ou plusieurs des six mesures suivantes : - Une prise de participation minoritaire et temporaire dans des jeunes entreprises innovantes intervenant dans des secteurs stratégiques pour l'avenir du pays ; - Mise en place de nouveaux investisseurs institutionnels afin de consolider et de stabiliser les structures actionnariales des firmes nationales ; - Soutien financier aux actionnaires institutionnels nationaux capables et désireux de s'engager à long terme dans des entreprises. La Caisse des Dépôts et Consignations occupe, par exemple, en France, une place à part parmi les investisseurs institutionnels français, en conservant un poids non négligeable dans le capital de nombreuses grandes entreprises nationales ; - Création de fonds souverains nationaux, investisseurs financiers à long terme, susceptibles de gérer ou d'administrer des fonds publics. À cet égard, on peut remarquer que le Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, sous la présidence de Jacques Attali, rapport qui, pourtant, n'est pas toujours favorable à des mesures inspirées par le patriotisme économique, insiste sur la nécessité de faire émerger un fonds souverain français capable d'investir à long terme dans les entreprises françaises afin de favoriser l'actionnariat national ; - Encouragement de l'actionnariat salarié et de l'actionnariat familial qui est facteur d'enracinement national. Pour les dirigeants d'entreprise, la détention d'actions par les salariés présente plusieurs avantages. Tout d'abord, elle favorise la stabilité de l'actionnariat par le biais de l'épargne salariale. En outre, les salariés actionnaires seront parfois mieux motivés que les simples salariés. En dépit de tous ses avantages, l'actionnariat salarié, toutefois, n'est pas sans poser de problèmes 5. Tout d'abord, en tant qu'actionnaire, le salarié prend un véritable risque financier sur son épargne. Il participe ainsi de plus en plus à l'insécurité du capitalisme. En outre, il est confronté à un choix : le dividende ou le salaire. Enfin, comme le rappelleMichelAglietta (1998, : 128), l'actionnariat salarié est susceptible de créer un conflit entre les salariés, lorsque les salariés-actionnaires recherchent une valorisation de leurs dividendes futurs ou des plus-values pour leurs titres en faisant pression dans les entreprises ; - Soutien au développement des fonds éthiques nationaux qui répondent aux enjeux du développement durable. |
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