CHAPITRE QUATRIEME
LE PATRIOTISME ECONOMIQUE
FACTEUR DU DEVELOPPEMENT SOCIAL
4.1. NOTION
Nous
avons le réel plaisir d'écrire sur le patriotisme
économique dans la mesure où c'est l'économie qui fait la
puissance d'un Etat. Sans une forte économie, le social de la population
sera au rabais. Bien sûr, pour qu'il y ait une bonne économie il
faudrait que les peuples et les entreprises publiques et privées soient
bien éduquées sur la notion du civisme fiscale et ceci permettra
aux entreprises d'appréhender le patriotisme économique.
Le patriotisme économique apparaît comme un
élément constitutif du patriotisme, que Durkheim
(1890, : 69) définissait comme « l'ensemble
des idées et des sentiments qui attachent l'individu à un
État déterminé ». Nous
considérerons, pour notre part, que le patriotisme économique est
le sentiment partagé par tout ou partie des acteurs d'un pays, tels que
les administrations publiques centrales, les collectivités
territoriales, les consommateurs ou les entreprises, d'appartenir à un
système économique et/ou social national dont il convient
d'assurer la pérennité. Ce sentiment d'appartenance à un
espace économique et social commun peut entraîner l'apparition,
chez nombre d'acteurs, de l'obligation morale de soutenir et de favoriser
certaines activités nationales, parfois au détriment même
de leurs propres intérêts.
C'est à ce patriotisme économique que font appel
les hommes politiques, lorsque les intérêts économiques
fondamentaux de leurs pays leur paraissent menacés par les
décisions d'acteurs étrangers, qu'il s'agisse de gouvernements,
d'institutions internationales ou d'entreprises étrangères.
Bernard Carayon a contribué, par ses rapports de 2003 et de 2006 ainsi
que par son ouvrage sur le patriotisme économique (2006), à
promouvoir, en France, le concept de patriotisme économique, qu'il
considère comme « le garant de notre cohésion
nationale » (2006,p.11).
Un appel au patriotisme économique a été
lancé, en France, par Dominique de Villepin, lors d'une
conférence de presse en juillet 2005, à la suite de rumeurs sur
une éventuelle OPA hostile concernant Danone. Les responsables
politiques ont fait référence à plusieurs reprises
à ce concept de patriotisme économique, notamment en 2006, pour
défendre des fleurons de l'industrie française menacés par
des multinationales étrangères.
Historiquement, les premières manifestations du
patriotisme économique sont apparues, en Europe, sans que le terme
même de patriotisme ne soit utilisé, en même temps que les
États nationaux au XVIe siècle, avec le
développement de la doctrine mercantiliste. C'est pourquoi nous
montrerons, dans une première partie, que le patriotisme
économique est en fait une notion ancienne, qui a été en
permanence réactualisée en fonction de l'évolution des
structures économiques. Nous soulignerons, à cet égard,
les logiques institutionnelles inspirées par le patriotisme
économique, c'est-à-dire sa traduction en termes de politique
économique.
Nous nous efforcerons, de dépasser les analyses
traditionnelles du concept de patriotisme économique en en identifiant
les fondements et la légitimité dans le contexte actuel de la
mondialisation. Nous nous appuierons, à cet égard, sur les
principes de l'économie du don, dont Marcel Mauss (1923-24) a
été l'initiateur, en recherchant dans quelle mesure le
patriotisme économique apparaît souvent indissociablement
lié au maintien du développement durable dans les secteurs
régis par ces principes ; le développement durable est
défini par ses trois dimensions, la dimension économique, avec la
poursuite d'une croissance économique soutenable, la dimension sociale,
avec le respect de l'équité intergénérationnelle et
intergénérationnelle, ainsi que la dimension environnementale,
avec le respect de l'environnement et des écosystèmes qui le
constituent.
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