Ø La démocratie et les droits de
l'élève
Une question épineuse qui se pose à
l'école est de savoir si l'on s'en tient à enseigner la
démocratie ou si l'on la vit. L'adoption du deuxième
modèle a des répercussions pour nos écoles et, aussi, pour
l'ensemble de la société. Premièrement, la question
difficile se pose de savoir si les idées et les valeurs
démocratiques peuvent être efficacement développées
dans la structure fondamentalement non démocratique, autoritaire de
l'école secondaire typique d'aujourd'hui où de nombreux
enseignants, sans compter les élèves, estiment qu'ils n'ont
guère d'influence sur le fonctionnement de l'école.
Il faudrait donc que des forums de discussions et des
consultations soient organisés dans les écoles et que les
élèves participent à la prise de décisions.
L'article 12 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant
stipule que les jeunes doivent être consultés sur les questions
qui les concernent. Toutefois, participer aux conseils d'école n'est pas
une expérience particulièrement encourageante (Davies, 2000).
Ø Apprentissage actif et citoyenneté
L'argument en faveur de l'éducation à la
citoyenneté et à la démocratie est fondé sur un
style d'apprentissage appelé « l'apprentissage actif ». Cette
idée n'est pas nouvelle. Il y a 90 ans, John Dewey disait qu'il fallait
« donner à l'élève quelque chose à faire, pas
quelque chose à apprendre; et que l'action est de nature à
susciter la pensée; que l'apprentissage en résulte naturellement
(Dewey, 1915, p. 3). De même, dans l'étude réalisée
par Aleerby (2003) auprès d'élèves suédois
âgés de 11 ans, ceux-ci ont dit que les expériences
positives étaient divertissantes, bien qu'un élève cynique
ait répondu qu'ils s'étaient surtout divertis pendant la
pause.
La question de l'apprentissage interdisciplinaire étant
un problème dans les écoles secondaires, certaines ont
été amenées à alléger les programmes pour
développer des tâches enrichissantes (Maitles, 2010). Les faits
montrent que l'apprentissage est plus approfondi par le biais de ces
expériences (Dewey, 1915).
Même si cela surévalue notre cas, il est clair
que cette approche offre des avantages. Alors pourquoi cette norme n'est-elle
donc pas plus répandue ? Le développement d'un apprentissage
actif et une participation réel le des élèves exigent de
la part de l'enseignant du courage, des compétences et de la confiance.
Nous devons étudier la question à la fois de la formation initia
le et du développement professionnel des enseignants. Il faut, de plus,
tenir compte de l'angoisse des parents qui tendent à ne juger une
école que par ses résultats aux examens et estiment qu'un
apprentissage par coeur traditionnel, une stratégie d'enseignement
direct, donnent de bons résultats. Cette idée est
renforcée par les politiques et les inspecteurs qui font valoir que
l'apprentissage actif est chaotique et n'est pas forcément efficace. De
nombreux élèves sont aussi conditionnés à
être dirigés plutôt que d'apprendre de manière
indépendante.
L'étude menée par l'ICCS/IEA auprès de 62
000 enseignants dans 38 pays a révélé que les pourcentages
d'enseignants les plus élevés considéraient «
promouvoir les connaissances des droits et des responsabilités des
citoyens », l'éducation à la citoyenne étant
considérée comme l'objectif le plus important par la Bulgarie, le
Chili, l'Estonie, la Fédération russe, le Guatemala,
l'Indonésie, l'Irlande, l'Italie, Malte, le Mexique, le Paraguay, la
Pologne, la République de Corée, la République
tchèque , la République dominicaine, la République
slovaque et la Thaïlande. En revanche, « le développement de
l'esprit critique et indépendant des élèves » a
obtenu les pourcentages les plus élevés à Chypre, en
Espagne, en Finlande, en Lettonie, au Liechtenstein, en Lituanie, en
Slovénie et en Suède.
L'objectif le plus fréquemment choisi par la plupart
des enseignants de Taïwan et de Colombie était le «
développement des compétences des élèves dans le
règlement des conflits ». Seule une minorité d'enseignants a
considéré que « le soutien au développement de
stratégies efficaces pour lutter contre le racisme et la
xénophobie » et « la préparation des
élèves à participer à la politique future »
faisaient partie des objectifs les plus importants de l'éducation
civique et citoyenne.
La mise en vigueur et l'impact de l'éducation à
la citoyenneté pour les initiatives de citoyenneté
dépendent de la façon dont on voit le verre : est-il à
moitié plein ou à moitié vide . Un travail remarquable est
réalisé pour développer l'intérêt, les
connaissances et les dispositions des jeunes dans les domaines de la
citoyenneté et de la démocratie. Il est, toutefois, rare de
trouver des exemples d'une véritable démocratie fondée sur
les droits de l'enfant.
C'est une question qui touche le coeur et l'esprit. Les
protestations et/ou les instructions du gouvernement n'y feront rien. Comme l'a
déclaré Bernard Crick, la personne qui a le plus fait campagne
pour enseigner l'éducation à la citoyenneté à
l'école : « Les enseignants doivent se sentir investis d'une
mission... afin de comprendre l'ampleur de ses objectifs moraux et sociaux
» (Crick, 2000, p.2).
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